On pourrait définir le workwear comme un style vestimentaire issu des vêtements de travail, notamment le travail manuel. Les ouvriers, les « cols bleus » en sont à l’origine avec des pièces solides, pratiques et surtout confortables pour assurer une journée de dur labeur. Le workwear, symbole mode du travail, parcourt jusque dans nos vestiaires.
Influences géographiques du work-wear
Le workwear des États-Unis vient des militaires, cowboys, mineurs, orpailleurs, marins bucherons du début du 20ème siècle. Ces hommes sont en contact avec des matériaux bruts dans des conditions désagréables. Leurs vêtements doivent alors lutter contre les éléments naturels et mauvaises conditions de travail, de manière durable. Ils sont adoptés plus généralement dans les années 1940 grâce au développement du cinéma et de la photographie. Ils en font ainsi un mythe, un modèle à suivre, à reproduire. On retrouve également l’influence de la guerre et du début de la mondialisation, restructurant complètement la société.
Après la Seconde Guerre mondiale, le Japon passe sous influence états-unienne qui importe son Way of life. Les GIs deviennent une base d’inspiration pour les habitants qui adoptent leur style avec perfecto, mais surtout le jean. En effet, depuis le 18ème siècle, le Japon est connu pour la teinture indigo traditionnelle. Le pays se met donc au service du jean et du selvedge, devenant un vêtement quotidien. Ils font également sortir de leur usine, les pièces traditionnellement portées par les ouvriers.
On ne saurait également exclure, l’influence de l’Europe avec les travailleurs anglais. Rappelons les militaires avec le chino des soldats en Inde ou le caban de la Navy. En France, c’est le bleu de travail qui est largement représentatif. Il est porté par les chauffeurs de locomotives ou les ouvriers du bâtiment.
Des traditions populaires oubliées ?
Le workwear, symbole mode du travail est le reflet d’une société connectée, sans cesse en évolution. On doit surtout son développement à sa reprise par l’industrie qui permet de réaliser des pièces techniques en grande quantité. Du workwear, on a oublié quelque peu les origines populaires, symboles de revendications égalitaires. Il suit les vagues de la mode, des tendances, influes par les réseaux sociaux, les podiums ou la rue. Le workwear perd donc son côté travailleur. Il change de coupe, de forme, de couleur pour mieux se conformer et se fondre dans les vestiaires de tous.
Mais quelque chose demeure, comme un rappel de ses racines. Et malgré ses lettres de noblesse acquises, il n’oublie pas d’où il vient, gardant un esprit utile et travailleur.
Le workwear : histoire d’un symbole mode du travail
L’histoire du workwear militaire
Il faut attendre 1898 et la guerre hispano-américaine pour que la marque Levi’s développe les premiers camouflages et kakis. Elles sont alors premières pièces de l’univers work-wear, symbole mode du travail. Durant la Première Guerre mondiale, le britannique Burberry donne naissance à ce qu’on appellera désormais le trench-coat (le manteau des tranchées). Il s’adapte aux combats d’un nouveau genre, imperméable et protégeant des intempéries.
La Seconde Guerre mondiale voit quant à elle, l’essor de l’aviation et des bombardiers. Apparaissent ainsi les bombers, vestes courtes chaudes et ergonomiques, idéales pour la taille réduite de cockpit. Ils seront commercialisés par Alpha Industries. La marque lancera d’ailleurs, en 1950, lors de la guerre de Corée, la parka (M-51). Elle est simple et reconnaissable, combinant chaleur, légèreté, longueur et imperméabilité. Elle deviendra populaire grâce à la couverture médiatique des guerres suivantes, comme la guerre du Viêt Nam dont la population se tient au courant des combats presque en direct.
Ces vêtements entrent dans les vestiaires par les vétérans et les anciens combattants devenus ouvriers. Ces derniers continuent de porter leurs vêtements, taillés pour être résistants, les popularisant dans les différentes couches de la société. Le workwear, symbole mode du travail, se démocratise. En les réutilisant, ils permettent leur intégration et leur normalisation dans la vie quotidienne.
C’est le cas, par exemple, des photographes mobilisés ou couvrant les conflits. Ces hommes reprendront leur tenue militaire pour travailler ensuite en ville. Ils la sortent alors de son univers d’origine et l’exposent à un milieu différent où elle se fond dans la masse. Les innovations techniques et technologiques dans l’habillement du travailleur s’appliquent alors sur le vêtement quotidien.
Le workwear dans le travail en plein air
À la fin du XIXème siècle, Carhartt développe l’ancêtre des parkas. Elle est prisée des ouvriers des chemins de fer et du bâtiment. Elle est en grosse toile épaisse, doublée en laine et oversize pour faciliter le mouvement sans l’entraver. Le workwear, symbole mode du travail, trouve sa place. Comme dit précédemment, l’image du cowboy et de son vestiaire se fait avec l’explosion du genre cinématographique du western dans les années 1940-50. Mais le vêtement du cowboys est avant tout fonctionnel et protecteur.
C’est en 1880 que Levi’s propose sa première veste en jean (ancêtre de la trucker jacket). Sa coupe large s’adapte aux travaux des ouvriers et des agriculteurs. Ils l’adoptent rapidement pour sa résistance et l’ampleur des mouvements permis. Les cowboy vont l’ajuster et la rétrécir pour l’adapter à leur métier. Elle devient plus pratique et confortable pour monter à cheval longtemps sans être gêné dans leurs exercices. En 1925, Lee commercialise la veste en jean utilisée par les pionniers du chemin de fer. Elle propose de nombreuses poches et une coupe agréable pour de longues journées de travail dans des conditions parfois périlleuses.
Notons qu’un des grands tournants du workwear, symbole mode du travail, nous vient des mineurs et orpailleurs. En effet, c’est l’invention du rivet qui sécurise les poches. Le vêtement de travail se spécialise. L’essor du denim amène à la revue de sa conception et du marketing qui l’accompagne. Au XIXème siècle, les vagues d’immigration vers l’Amérique amenèrent principalement des Européens. Pour la plupart pauvres, et n’ayant d’autres tenues que celles avec lesquelles ils travaillent, ils sont les premiers à introduire le workwear dans les habitudes vestimentaires quotidiennes.
La Grande Dépression, au début des années 1930, renforcera le phénomène. Effectivement, de nombreuses personnes vont tout perdre et se retrouver démunies, sans ressources. Elles seront obligées de porter la même chose aussi bien au travail que le reste du temps.
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Une histoire de mélange d’inspirations
Dans les années 1960-1970, le vêtement de travail devient une manière d’affirmer son opinion politique ou sa façon de vivre. On brise les codes des anciennes générations. Les jeunes se rebellent contre une autorité trop paternaliste ou une guerre non désirée qui les mettent à mal. La gentrification du début du siècle renforce l’adoption des codes du workwear. L’appel à des petites marques permet de fabriquer des produits classiques et qualitatifs. Le tout dans une prise de conscience et le refus d’une consommation excessive.
Dans certains corps de métiers non organisés à leurs débuts, la tenue de travail n’est qu’une légère amélioration de la tenue quotidienne. Avec le développement marketing, les marques émergentes se saisissent de l’occasion. Elles utilisent les vêtements présents et intéressants sur les chantiers, proposant ainsi un uniforme complet et assorti. Le workwear, symbole mode du travail, devient alors une simple évolution, répondant à une demande et des besoins particuliers. Les tenues se spécialisent alors au fur et à mesure des années. Pour les ouvriers, un vêtement reste un vêtement et peut donc être utilisé tous les jours.
C’est avant tout à l’aide du développement médiatique et de ses progrès qu’il fut facile d’intégrer les codes du workwear et de le faire passer dans le casual wear. Il est désormais possible de voir le vêtement en action. C’est une véritable rupture qui s’observe. La barrière entre le monde professionnel et la vie quotidienne se brouille pour presque disparaître. Cette utilisation nouvelle des médias va permettre la démocratisation du workwear.
Et vous, quelle est votre pièce fétiche du workwear ? Faites-le nous savoir en commentaire.