Nous nous faisons tous une représentation de ce qu’est un viol. Malheureusement, la réalité diffère souvent de ce que nous imaginons. Ainsi, cet acte n’est pas toujours criminalisé comme il le faut. Nous devons en parler et briser ces idées erronées pour lutter contre cette culture du viol qui perdure.
« Le viol est défini par le Code pénal (article 222-23) comme tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit, commis sur la personne d’autrui par violence, contrainte, menace ou surprise.
On distingue le viol des autres agressions sexuelles à travers l’existence d’un acte de pénétration qui peut être vaginale, anale ou buccale. Cet acte peut être réalisé aussi bien avec une partie du corps (sexe, doigt…) qu’avec un objet. »
Dans cet article nous aborderons le viol et les violences sexuelles lorsqu’il s’agit d’un homme qui agresse une femme. Bien évidemment, il en existe sous d’autres formes et elles ne doivent en aucun cas être minimisées ou oubliées.
Le mythe du viol
Dans l’imaginaire collectif, en France, un viol est perçu au travers d’une mise en scène extrême. Selon beaucoup d’entre nous, il est caractérisé par des actes violents, des menaces physiques et une victime contrainte par la force. On pense à tort que l’on ne connaît pas de violeur puisque ce sont toujours les autres. Pour nous celui qui passe à l’acte, c’est un gars des classes minoritaires et défavorisés, un mec dont l’éducation a été bafouée. On est persuadé que celui qui a commis l’impensable ne peut qu’être fou ou en marge de la société. On prétend que la cause de son crime est la frustration sexuelle. Ce serait un homme seul qui n’a pas le choix. Un gars dont les pulsions incontrôlables l’ont mené vers un destin irréparable.
Les violences sexuelles dans la réalité
Malgré des mouvements comme #metoo ou plus récemment #Iwas sur Twitter, ce mythe du viol perdure. Pourtant dans les faits, le viol n’est pas tel que nous l’envisageons ou du moins, pas dans la majorité des cas. En vérité, on ne retrouve que dans 10% des agressions des lésions corporelles chez la victime. En effet, les principaux modes d’actions sont les pressions psychologiques exercées par le violeur ou le rapport de force par le pouvoir. Les victimes n’ont pas besoin d’être menacées par une arme pour être tétanisées, dépassées par la situation.
Ces hommes qui commettent des actes détestables sont en réalité monsieur tout le monde. Le violeur peut être n’importe qui : un voisin, un ami, un membre de notre famille. Nous devons ouvrir les yeux sur leur identité puisqu’à l’évidence dans plus de 80% des cas, la victime connait son agresseur. Très souvent ces attaques ont lieux au sein même d’un couple. On se rend bien compte que cela peut se produire malgré une confiance indéniable. On constate que le viol n’est pas qu’un phénomène de ruelles sombres.
Ce sont des actes réfléchis où la pulsion sexuelle n’a pas sa place. Il n’y a pas un profil type d’agresseur car au final la culpabilité n’est pas plus commune dans une catégorie professionnelle ou sociale. Ce sont des personnes parfaitement intégrées dans notre société. L’âge n’est pas un indicateur révélateur, ni même la fréquence sexuelle. Effectivement, la plupart de ces hommes ont une vie au lit active et régulière ne faisant en aucun cas l’objet d’un manque. De plus, selon une étude américaine 25 à 43% des hommes ont déjà commis soit un viol, soit une agression sexuelle ou une coercition sexuelle au cours de leur vie.
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La domination dans le viol
Contrairement à ce que l’on peut entendre, l’agression sexuelle n’est pas une perte de contrôle. C’est une prise de ce dernier sur autrui. Il s’agit, certes de violence mais surtout de domination. Le viol est une manifestation d’une prise de pouvoir où le sexe n’est qu’un moyen de l’atteindre. L’agresseur, perçoit sa victime comme un objet qui lui est dû. La société où l’idéologie inscrite, souligne la domination masculine, l’y encourage et renforce les mentalités sexistes déjà bien installées. Ce qui entraîne une culture du viol qui nous absorbe dans un cercle vicieux.
Qu’est-ce que la culture du viol ?
Ce concept de culture du viol est né dans les années 70 et continu à ce jour d’exister. Il décrit un environnement social et médiatique qui minimise, normalise, voir encourage les violences sexuelles. Ce sont l’ensemble des valeurs, des croyances et des préjugés qui vont en continuité avec notre société.
Le consentement des victimes est souvent remis en cause. Que ce soit de la part de professionnels tel que des médecins, des policiers, etc…On observe que la culpabilité de la victime est abusivement évoquée afin d’expliquer les agissements de son agresseur. Evidemment, ces accusations répugnantes sont issues de stéréotype qui occupe une place dominante. On peut citer notamment « le non » implicite, un « non » qui n’en est surement pas un ou encore une tenue estimée provocatrice. De plus, malgré la définition donnée par le code pénal, les viols digitaux ne sont presque jamais considéré comme en étant un. Ainsi, de par ce fonctionnement défaillant, la parole des victimes est minimisée, voir dévalorisée.
En France, on parle de plus de 580 000 victimes d’agressions sexuelles, de viol ou de tentative de viol chaque année. C’est environ 1 femme sur 6 qui en connait une au cours de sa vie. Pourtant, seulement 2% de ces crimes sont condamnés, encourageant donc les violences à continuer sans impunité. Une enquête française a révélé que 21% des hommes pensent qu’une femme prend du plaisir lors de cet acte. Aussi aberrant que cela puisse paraître, plus de 60% des français pensent que c’est plus difficile pour un homme que pour une femme de contrôler ses pulsions sexuelles. Des données qui en disent long sur l’ignorance de la population sur les violences sexuelles.
Comment lutter contre ce cercle vicieux ?
Si la loi française punit le viol ou les agressions sexuelles, elle ne donne pas lieu à la notion de consentement et privilégie celle de la violence. Or, puisque dans la majorité des cas la victime ne se débat pas, figée par la peur, les actes subis ne sont pas reconnus comme étant un viol.
Dans la société, les mentalités doivent évoluer et la réflexion sur le consentement de la part de la population doit être exercée. Nous avons tous un rôle à jouer pour enfin rendre justice aux victimes bien trop nombreuses. Chaque individu devrait faire une introspection et se rendre compte de ses agissements. Il n’est pas tolérable de vivre dans un monde où les agressions sexuelles sont plus que quotidiennes et banalisées. L’éducation est un point capital à l’apparition d’un changement. Au lieu d’enseigner aux jeunes filles la méfiance, la peur et comment elles doivent se comporter pour ne pas être des victimes, nous devrions apprendre aux jeunes garçons le consentement et le respect de la femme.
Il existe de nombreuses associations pour vous aider vous ou un proche, victime de violences sexuelles. Si vous êtes dans le besoin il faut en parler. On vous donne quelques ressources : Victime de viol, Fondation des femmes, SOS Inceste et Violences Sexuelles.