Pour ceux qui aiment des personnes du même sexe, dévoiler son orientation s’avère un acte fondateur dans une vie. Certains le disent ouvertement et d’autres ne passent pas le pas. Car ces derniers redoutent à juste titre la réaction de personnes qui peut être injurieuse ou remplie de haine. En sport, l’homosexualité se révèle un sujet sensible malgré quelques progrès sur la tolérance, ces dernières années. Focus sur l’un des maux profonds dans le monde sportif.
Le dire avec ses propres mots. En premier lieu, le mot anglais coming-out désigne le fait de dévoilement d’un fait personnel devant un public ou un entourage. En réalité, ce substantif vient de l’expression coming out of the closet. D’ailleurs, on peut le traduire par “sortir du placard” qui renvoie sur l’acte volontaire d’annoncer un secret lourd de sens que ce soit dans la religion ou bien encore dans la politique. Ensuite, le sens du mot s’est essentiellement défini par la révélation de son homosexualité (lesbienne ou gay). Exclusivement pour ces personnes-là. Dire que « je suis hétéro » à moins d’impact d’annoncer que « je suis homo ». En définitive, le coming-out équivaut à divulguer son orientation sexuelle déviante vis-à-vis de la norme sociale. Aujourd’hui, les personnes se sont accommodées avec cette deuxième acception en délaissant la définition initiale.
S’assumer et s’accepter face aux autres. Le coming-out est le moment où on se dévoiler au grand jour après s’être longtemps caché ou menti à soi-même et aux autres. Bien que nécessaire, le coming-out doit se décider par la personne intéressée sans être influencée par la pression d’un tiers. Cet instant se prépare plus ou moins selon sa motivation de sauter enfin le pas. Après cette annonce, un sentiment de libération ou de délivrance peut se manifester chez l’individu mais se corrèle forcement à la réaction de son entourage. D’un côté, cette initiative rencontre des effets positifs sur notamment le développement de la conscience en soi (confiance, affirmation identitaire, courage et mental). De l’autre, malheureusement, la divulgation de sa différence suscite l’homophobie des autres : injures, discriminations, agressions physiques et verbales ou encore l’exclusion sociale.
Ces sportifs qui ont dévoilé leur véritable identité
Pour annoncer son homosexualité, les moyens sont nombreux comme celui du sportif Guillaume Cizeron. Le Français de 25 ans est actuellement un grand nom du patinage artistique avec sa partenaire Gabriella Papadakis. Cette paire triomphante a été vice-championne olympique en 2018, quatre fois championne du monde et a remporté cinq titres européens. Il y a plus d’un mois, l’athlète masculin fait l’actualité suite à sa lettre ouverte pour révéler au grand jour son homosexualité. Dans ce texte bouleversant apparu sur le média sportif L’Équipe, Guillaume Cizeron raconte ses difficultés dans sa jeunesse pour assumer son orientation sexuelle. Harcelé et insulté à l’époque, le patineur de glace vit parfaitement son coming-out à l’image d’une photo postée sur son compte Instagram en compagnie de son amoureux.
Quand, on se met finalement à nu, son image peut être ternie par rapport à la discipline pratiquée. Hormis Guillaume Cizeron, d’autres sportifs de haut niveau sont passés par ce moment déterminant dans leur carrière. De plus, on peut prendre de l’exemple d’Amélie Mauresmo, ancienne tenniswoman, qui a révélé qu’elle était lesbienne à l’âge de 19 ans ou de Megan Rapinoe, star de football et militante affirmée LGBT, qui annonce son coming-out en 2012. À l’instar des femmes, beaucoup hommes ont eu le courage aussi de rendre publique leur homosexualité mais avec des conséquences dans la suite de leur carrière.
Citons, Justin Fashanu, premier football professionnel homosexuel qui met fin à ses jours dans les années 90. Gareth Thomas, rugbyman gallois le divulgue auprès du Daily Mail en 2009. Ou Darren Young, catcheur étatsunien de la WWE qui l’annonce de même, en 2013. Ces prises de parole ont parmi à quelques-uns d’assumer leur orientation sexuelle en place publique bien que l’homosexualité reste toujours encore un tabou dans le milieu sportif.
L’homosexualité dans le sport, un sujet problématique …
L’omniprésence de l’omerta
Briser le silence équivaut à se mettre en danger dans certaines disciplines. Au travers de sports médiatisés où l’affirmation masculine est très soulignée, l’hétérosexualité se doit être la norme sociale. Dans ces conditions, il est difficile de dévoiler sa différence surtout dans les pratiques collectives telles que le football, le rugby ou encore le hockey sur glace. Au sein d’un vestiaire d’hommes, la virilité et la culture du machisme perdurent dans les esprits et mentalités de tous.
Chez les femmes, il faut avoir des traits féminins et ne pas avoir l’image d’un garçon marqué renvoyé au lesbianisme. Ainsi, un sportif éloigné de l’archétype de l’hétérosexuel, se fait marginaliser du groupe et subit même des représailles. C’est donc pourquoi, certains athlètes homosexuels cachent leur véritable identité à cause d’un environnement hostile.
Vivre cacher est le mieux pour certains. Au football, l’homosexualité masculine est un sujet mis en silence bien qu’il existe. Pour cause, le nombre de footballeurs qui ont révélait leur homosexualité est proche de zéro. À juste titre, le coming out se veut très discret à l’image d’un événement venant d’Angleterre. Dernièrement, un joueur de football professionnel à révéler son homosexualité dans une lettre anonyme auprès Sun.
Évoluant en Premier League, il explique qu’il ne veut pas livrer pas son nom. Conscient de sa sexualité depuis longtemps, il souhaite préserver sa vie privée pour ne pas être une victime de l’homophobie telle que Justin Fashanu. Certains ont parlé après leur carrière professionnelle à l’image d’Olivier Rouyer en 2009 et de Thomas Hitzlsperger en 2014.
L’homophobie (ou lesbophobie) bat son plein
De façon instinctive ou volontaire, la peur de l’homosexuel et de la lesbienne est très marquée à cause notamment de nombreux préjugés. Sur le terrain sportif, le constat se révèle de grande ampleur. Les sportifs sont très hostiles envers de ceux qui sont homosexuels. Selon les chiffres du Ministère des Sports datant de 2011, 50 % des 922 sportifs interrogés, ont eu un mauvais comportement envers les gays. Cela s’explique par le malaise d’avoir une approche physique surtout dans les sports de combat comme le judo ou la lutte.
France 3 Bourgogne, qui a réalisé un reportage sur l’homophobie dans le sport au sein du Creps de Dijon, met en lumière l’intolérance et les stéréotypes envers les sportifs homosexuels. D’ailleurs, certains judokas et lutteurs interrogés ne sont pas très favorable à leur présence. Certains pensent que les sports de contact ne sont pas adaptés pour eux, « ce serait mal vu et la personne serait mise à l’écart ». D’autres redoutent le comportement de la personne qui pourrait faire « des trucs bizarres en plein match ». Ces remarques témoignent encore de la difficulté d’intégrer et de cohabiter avec l’homosexualité.
Les actes homophobes s’expriment par la violence verbale et physique. Ces types d’agissements sont nombreux et fréquents. Pour cause, le journal l’Équipe recense 11 cas d’homophobie entre juillet 2018 et avril 2019 : l’agression de Gareth Thomas ou encore l’affaire Israel Folau. Chez les amateurs, c’est encore pire. Une équipe de football de l’association Les Dégommeuses a vécu la douloureuse expérience en 2015. Mécontent que des joueuses lesbiennes prennent un terrain, un éducateur a tenu des propos homophobes et sexistes. Que ce soit supporters-trices, joueurs-euses, entraîneurs-euses ou éducateurs-trices, on peut être acteur et victime d’homophobie.
… mais certains mouvements sportifs luttent dans ce long combat
Une lutte encore d’actualité avec des campagnes
On a pris les choses au sérieux pour lutter contre l’homophobie dans le sport. Afin de respecter les droits de l’homme et la dignité humaine, des lois punissent sévèrement les actes discriminatoires et de violences envers les personnes LGBT au sein des infrastructures sportives. À l’instar des progrès législatifs, le gouvernement a mis en place des actions civiques pour promouvoir la diversité dans le sport avec l’aide des fédérations. En 2019, la campagne « Coup de sifflet contre l’homophobie » tend à cette mission contre l’intolérance et l’indifférence. De plus, des opérations de sensibilisation et prévention s’organisent lors de la journée contre l’homophobie et la transphobie. Évidemment, Les nombreux athlètes de renom contribuent à ces exemples d’initiatives succédant à d’autres afin d’éradiquer ce phénomène nauséabond dans la société.
Associations pour les sportifs LGBT
En 1986, la fédération sportive gaie et lesbienne (FSGL) se fonde en regroupant une cinquantaine d’associations afin d’accueillir tous athlètes de tout genre en luttant contre la discrimination et pour la différence. Aujourd’hui, il y a plus de 8 000 athlètes adhérant aux divers groupes sportifs dans la fédération. D’ailleurs, on peut mentionner notamment Les Coqs Festifss (Rugby), Entre 2 Basket, Golf Friendly ou encore les OUTsiders (Handball). D’ailleurs, la chaîne BeIN Sports a réalisé un petit reportage sur l’ambiance bienveillante dans cette association issue de Paris. À l’instar de ses associations sportives, il y a des compétitions internationales telles les Gays Games comparables aux Jeux Olympiques.
Rien est simple dans ce combat qui perdure depuis de nombreuses années. Surtout dans le sport. Parmi le racisme, le sexisme ou la discrimination sociale, l’homophobie fait partie des vastes maux présents dans le sport. En outre, les efforts sont quand même visibles pour accepter l’homosexualité sur le terrain et en dehors. Avec l’implication des sportifs, le mouvement s’efforce de continuer cette lutte à long terme. Bien que le problème ne soit pas résolue, on se doit de respecter les différences de chacun pour essayer de vivre en harmonie.
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