C’est une nouvelle ballade tout au long de l’avenue George V, que nous propose GV Monumental jusqu’au 14 novembre. Expo d’art contemporain dans la rue. Il serait de mauvais ton de parcourir en multipliant les selfies et les panoramiques mal cadrés. Mais il faut bien lancer une promenade nonchalante pour aimer les œuvres. Et pour s’admirer en vie démarchant au cœur du monde.
D’une sensation à une promenade parisienne
Il est une sensation de bien-être et de puissance confondue. Elle se produit en automne, lorsque le ciel s’affaisse au point de disparaître dans une atmosphère diffuse, sans univers au-dessus de nous, avec uniquement l’horizon humain arrêté par les bâtiments. Paris se montre alors installé dans ses couleurs de pierres taillées et du bitume usé. La lumière est partout et ne vient de nulle part, le monde se construit objet par objet, dans chaque couleur distinguée, sans trait durci, sans découpage, sans ombre et pleine d’odeurs humaines.
Alors, dans cette espace gris et rose, humide et venteux, une nécessité nous pousse à sortir du métro et à descendre du bus pour terminer à pied. Je marche à grands pas, les mains dans les poches du manteau encore ouvert, le sac se brinqueballant sous le coude, les jambes d’abord rapides imposant deux longues traînées d’un collant sombre, je me donne la sensation de déchirer l’espace en le traversant dans un objectif ferme, mais qui va petit à petit s’évanouir. Lorsque mon regard s’arrête enfin sur une vitrine de magasin, je m’aperçois qu’en plus d’avoir ralenti ma démarche au point de la stopper, je n’éprouve plus aucune envie de la reprendre. Une jolie ballade avec ses pas courts et hasardeux se déploie alors pour me faire monter le menton et regarder l’univers parisien, Paris dans l’univers, et moi au centre du milieu de tout.
Plaisir des vitrines et de l’expo temporaire
Arrêtez-vous, vous aussi. Lorsque l’avenue sera belle, vous repenserez à ces philosophes qui interdisaient les parures sophistiquées, à ces maris qui reprochaient la frivolité de leurs femmes et l’immaturité vestimentaire de leurs filles. Vous sourirez d’un revers de main et vous visiterez la grandeur de Paris la sophistiquée que tout le monde désire, envie, veut et idolâtre. Et là, vous vous sentirez devenir La Parisienne, là, auprès des vitrines de luxe.
De cette escapade à vivre soi plutôt que rivée au smartphone, il y a, déposé sur le côté du triangle d’or, l’avenue George V. L’exposition GV Monumental y arrête le regard, laissant chaque démarche suivre les déambulations de nos impressions. Les impressions de vivre en se sentant vivre, mises en abîmes dans les œuvres de Marco Marin, Laurence Jenkell, Carpole A. Feuerman et Charlotte Mano.
Ballade au pied de chez soi.
Par Bénédicte aux jambes promeneuses