Les gens qui s’aiment sont cinq chapitres de cinq histoires différentes. Ces récits témoignent de l’amour entre les Hommes. Voici son quatrième chapitre.
L’été dernier, j’étais amoureuse. Il s’appelait Paul, et nous étions compagnons avec humour et amour. Puis, l’été dernier, sous le même soleil, je t’ai rencontré. Tu n’étais pas libre, et je ne l’étais pas non plus. Je t’ai vu et je t’ai voulu, comme un accessoire, une énième robe pour sortir. J’ai joué au jeu dangereux de la séduction, j’ai joué à celle qui attire et se retire à temps, qui pend sa bouche à la tienne et t’effleure. J’ai joué et je t’ai allumé. J’ai allumé ton désir, ton pénis, ton corps, ta voix et ton rire.
J’ai joué et j’étais nue, enserrée sur ton torse nu et inconnu, je ne l’aimais pas mais j’adorais lui plaire. Et j’ai beaucoup pleuré. Le lendemain, tu n’étais qu’une nuit, et je te haïssais. Tu n’avais rien de bon, tu étais beau, mais tu n’avais rien de bon. Mais nous étions au deuxième tour, alors c’était à moi de jouer, et j’ai continué. Des mois sont passé tu sais, ce n’était pas agréable. Te retrouver dans le noir, t’attirer, disparaître sous la séduction et se déguiser, te faire plonger dans mes seins pour que tu craques et te voir repartir. Ce n’était pas agréable et j’adorais ça. À cette heure là, tu étais mon jouet préféré, un homme entier que je voulais entièrement. Je pense que tu pensais que tu menais la partie, mais en réalité c’était toi mon trophée. J’étais ton danger, le fruit défendu que tu mordais à pleine dents. Les fesses et les seins. La bouche et la nuque.
J’avais pleinement conscience d’être ridicule et affamée. Puis, les mois ont passés, et j’ai perdu. Tu n’étais plus mon jouet, je ne voulais plus jouer, je voulais jouir. Et tu m’avais gagné et tu allais me tuer. M’abandonner dans un lac avant de démembrer mon coeur. Je voulais que tu m’aimes maintenant. Je voulais être la seule et cela à n’importe quel prix. Je t’ai couru après, pendant un an, sans entraînement, avec une cigarette dans la bouche. J’ai sué, perdu ma dignité et ma fierté entre août et juillet. J’ai sué, des yeux, des bras, des sous de bras, du dos, et encore des yeux. Je t’ai envoyé tout ce que je pouvais.
Puis, tu continuais à me voir, à épouser mes formes, à me faire la bise après m’avoir baisé. Puis, un jour tu t’es réveillé et tu m’embrassais vraiment. Puis, on s’est endormi l’un dans l’autre, et parfois l’un sans l’autre, et nous sommes restés ensemble. J’aimais bien me réveiller, baiser, baiser encore, baiser et parfois avoir mal. Je voulais te dire que c’était assez, que c’était trop pour mon corps, que je t’aime et que je veux te donner du plaisir mais que j’ai mal. Souvent, je faisais semblant, je fermais les yeux et espérais que tu finisses, vite. J’avais tellement peur de te perde, tellement peur de ne pas être assez douée, que tu te lasses et que tu me laisses. Que tu veuilles essayer les autres filles.
J’aimais le sexe, parce que nous étions unis. Parce que tu me touchais sans limite. Parce que je n’étais plus humaine. Parce que j’étais un animale. Parfois, il me faisait mal mais il me faisait du bien. Et lorsque son regard se détachait de mon corps, lorsqu’il ne me tenait plus, lorsqu’il faisait autre chose que bander, ça m’agaçait. Je me souviens que nous étions deux aimants, qu’une fois à deux, le désir voulait parler, écrire des chansons, et les chanter. Je me souviens que je voulais que tu m’attaches et que tu t’attaches à moi. Le sexe était la seule façon de t’avoir et que tu me veuilles. Je lui ai tout légué, mes sentiments, ma nudité, ma pudeur et mon plaisir.
J’ai donné au sexe mon appétit, mes caresses, et ma voix. Je voulais devenir la copine la plus coquine, parce que c’est comme ça que tu fonctionnes. Et que nous sommes 80% fait de ça n’est -ce pas. Je ne sais pas si c’était pour toi ou si c’était moi. J’avoue, c’était moi qui te draguer, tout le temps et tous les jours, même lorsque je n’en avais pas envie, j’en avais envie. J’avais mal mais je voulais être la plus belle, la plus sexy, la plus drôle. Ta femme, plus que tout. Te rendre heureux, que tu sois épanoui, fière de moi. Que tu aies confiance. J’ai pris soin de toi, comme rarement j’ai pris soin de quelqu’un. Tous les jours, je voulais savoir comment tu allais. Tous les jours, des bisous, et des massages. Tous les jours, des photos dénudées, tous les jours, des mots et des excuses. Tous les jours, je t’ai attendu.
Puis un jour, un je t’aime. Puis un jour, je suis amoureuse. Puis un jour, sans réponse, et puis les autres jours, 100 réponses sans réponse. Tu as des sentiments, tu es attaché, peut-être, peut-être pas. Tu ne me diras jamais rien sur eux. Ils n’existeront pas sur ta bouche. Puis voilà, que tu te renfermes. Tu vas mal, ce qui compte le plus pour toi te déchire et tu vas bientôt devenir un abruti. Me faire mal. Disparaître. Appauvrir l’amour. M’appauvrir. D’abord, on ne se sépare pas, on se tient encore par la main. Et je te sens partir. Et je te sens t’éloigner. Tu m’aimes bien, mais tu es triste et tu n’as pas besoin de moi. Tu as besoin de toi, et c’est tout. Alors les soirs sans boire, sont longs. Et je n’en peux plus.
Je suis habituée, je m’y fais une raison. Mon amoureux ne donne pas de nouvelles, il est comme ça. Il y a des gens comme ça. Ça ne signifie pas qu’il s’en fout, il est juste fatigué. J’attends encore. Et tout mon amour reste bouche bée, tout mon amour te bave dessus, et stop tu n’es plus là. « J’ai un coeur de pierre ». « Je me sens vide ». Et moi je ne me sens plus. Je sens mon amour qui me gerbe dessus. Le matin, je me réveille avec ton prénom, le midi ton prénom, l’après midi ton prénom, le soir encore ton prénom. Le lendemain, je n’avais plus de prénom. Quel est mon nom ? Je m’éloigne et je panique. Je suis enfin sans toi. Je danse et pleure. Je bois et pleure. Puis je découvre que la vie n’est pas morte. Je ne suis pas morte.
Mais quelques semaines plus tard, je me persuade que quelque chose entre nous n’est pas fini. L’amour me ment et je replonge. Je me bats pour t’avoir de nouveau dans mon lit. Je me mets à poil, littéralement. J’étais épilée. J’avais tout prévu. Ton refus, ton refus qui me sourit, ton refus qui fait patienter ton oui puis ton corps dans le mien. Je supplie et deviens soumise. Je te sucerai s’il faut, je te sucerai tous les soirs. Je t’en prie, reprend moi, reprend nous. Tous les autres sont nuls, laisse moi t’aimer encore. Je suis revenue, comme une chienne sans maître, je suis revenue. Même si le maître est allé promener une autre chienne, je suis revenue.
Les jours s’assemblent et se ressemblent, je n’arrive plus à les quitter. Tu me regardes et me demande si je suis sûre de rester dans tes yeux. Ces temps-ci, ils sont si ternes, ces temps ci, si je pleure c’est qu’aucune couleur du ciel te fait signe. Oui, promis, je suis sûre. Je suis sûre de suée et de t’aimer, d’être tristement trinquée par la désillusion, d’être folle et foulée par l’espoir chaque nuit noire.