Working Mum, de Bérangère Touchemann, est paru aux éditions Vuibert, dans la collection ludique My Happy Job*. Cette publication s’adresse aux salariées autant qu’aux manageuses et aux indépendantes. Diplômée de l’IAE de Toulouse, Bérangère a connu une première vie en tant que cadre dans l’industrie agro-alimentaire. Puis elle s’est reconvertie dans l’accompagnement des mamans actives souhaitant changer de vie. C’est donc non seulement son histoire qu’elle nous raconte ici, mais aussi celles de nombreuses autres femmes qu’elle a conseillées : il est normal pour les nouvelles mères de se poser des questions sur leur vie professionnelle. Bérangère veut leur venir en aide en les encourageant et en les conseillant pour les rendre épanouies au travail et dans la vie, tout simplement.
* Cf. le webzine www.myhappyjob.fr centré sur la qualité de vie au travail.
La méthode de Bérangère : d’abord l’introspection…
Les dix séquences d’autocoaching que Bérangère nous propose s’organisent en deux grandes parties. Dans un premier temps, Bérangère propose à ses lectrices de pratiquer l’introspection afin de mieux se connaître, ainsi que de mieux définir leurs objectifs (séquences 1 à 3). Dans un deuxième temps, elle leur propose de passer à l’action pour enfin se réaliser (séquences 4 à 10).
Pour mieux se connaître, il convient de prendre de la distance par rapport à la loi d’airain des nécessités de la vie. Il faut aussi s’affranchir de son histoire personnelle et des idées qui nous ont été inculquées depuis l’enfance. Bérangère propose aux femmes qui le désirent de se libérer des contingences du quotidien pour y voir plus clair dans leur vie.
Pour mieux se réaliser au travail, une working mum doit prendre le taureau par les cornes, en se posant les questions qui gênent. Comment faire pour être mieux rémunérée, mieux promue, mieux évaluée et rendre évidentes ses valeurs et ses compétences ? Bérangère déplore ainsi que 66% des femmes ne négocient pas leur premier salaire, parce qu’elles doutent de leur capacité à formuler leurs demandes ou bien qu’elles manquent de confiance en elles.
Elle les pousse à organiser un « marketing de soi ». Elle compare la culture d’entreprise à la figure taoïste chinoise du yin et du yang. Si le yang représente les valeurs masculines (la hiérarchie et le pouvoir structurant les organisations), le yin représente les valeurs féminines encore insuffisamment reconnues. Parmi celles-ci, Bérangère identifie le fait de rester soi-même, de prendre en compte les besoins de chacun. Elle y inclut également le fait de respecter tout élément perturbateur susceptible de changer l’organisation pour le mieux, tout en ayant la capacité d’exprimer ses émotions de façon acceptable.
… ensuite l’action !
Dans un deuxième temps, Bérangère incite les working mums à passer à l’action, en explorant les différentes voies pour réinventer une vie professionnelle arrivée au bout d’un cycle. Parmi ces voies, elle identifie la mobilité interne, externe, la reconversion, ou encore le mampreneuriat. Certes, Bérangère insuffle de l’enthousiasme à ses lectrices, mais elle les met également en garde contre certains écueils. Parmi ces derniers : une surcharge de travail pouvant conduire au burn-out.
Les pistes à explorer sont nombreuses : de la mobilité interne…
Bérangère incite les working mums prises au piège d’un bullshit job à se libérer ! Lorsque leur job a perdu tout intérêt à leurs propres yeux, et qu’il ne représente plus qu’une succession de tâches fastidieuses tournant sur elles-mêmes, il est temps de se mettre à l’affût d’opportunités de changement à l’intérieur même de l’organisation, pour commencer.
Pour cela, les femmes doivent se libérer des contraintes qu’elles font peser sur elles-mêmes, comme le sens du devoir et la loyauté envers un chef qui les a faites et qu’elles auraient du mal à laisser au milieu du gué. Pourtant, elles ont tout à gagner en s’engageant dans la voie du changement. Elles peuvent ainsi réaliser que leur chef les comprend et qu’il est prêt à les encourager. Cela vaut la peine d’oser, pour retrouver du sens et du plaisir dans l’exercice de son travail.
… à la recherche d’un emploi dans une autre organisation…
Bien sûr, Bérangère prodigue à ses lectrices des conseils classiques : sur la rédaction de son CV, la préparation d’un entretien d’embauche, dans un marché de l’emploi désormais largement numérisé (LinkedIn, les jobboards). Mais elle met aussi le doigt là où ça fait mal. Elle constate que les femmes ont des difficultés à « se vendre » auprès des recruteurs. Conscientes de leurs contraintes familiales, elles osent moins que les hommes. Trop de working mums se sentent encore obligées de mentir pour combler le trou de leurs pauses parentales dans leur CV.
Or, il convient de transformer ces croyances limitantes en croyances fortifiantes. Le cumul des casquettes de maman et de professionnelle vient ajouter des soft skills à leur profil. En devenant mère, une femme acquiert un sens de l’organisation qu’elle n’avait pas auparavant, elle apprend à négocier, à faire des compromis, elle se montre plus patiente, certes, mais néanmoins pugnace. Autant de « compétences » acquises qui devraient rendre la maman candidate plus fière, non pas honteuse !
… au grand saut de la reconversion
Bérangère appuie ses conseils sur la réforme de la formation professionnelle de 2014, visant à encourager les actifs à se former, pour actualiser leurs compétences, et garantir leur employabilité sur le long terme dans un environnement en mutation rapide. Cette réforme apporte certaines garanties financières qu’il ne faut pas négliger.
La reconversion peut mener à exercer une activité salariée dans un domaine différent. Elle peut également mener à créer sa propre activité en devenant « mampreneuse », mot-valise du journaliste américain James Kim associant maternité et entrepreneuriat . Qui n’a jamais rêvé de travailler à domicile, d’être libre de ses horaires, d’économiser du temps de transport pour en passer davantage avec sa famille ? De mener sa barque à sa guise, en somme.
Devenir indépendante représente des risques, certes, mais c’est oublier que le contexte français permet de bénéficier de filets de sécurité : rupture conventionnelle, intégration d’un incubateur, etc. Cependant, il ne faut pas se le cacher : quitter le salariat, c’est faire le deuil d’un statut social valorisant lié à une grande entreprise ou à un poste assorti d’un salaire mensuel fixe. Il faut aussi dire adieu aux avantages CE, à la mutuelle, la crèche d’entreprise, etc.
Par ailleurs, combien de mampreneuses se sont retrouvées dans la catégorie des slasheuses cumulant plusieurs activités professionnelles, décuplant ainsi la charge et les horaires de travail. Le burn-out guette donc les mampreneuses vivant au-delà de leurs limites physiques et psychiques. Une grande maîtrise de sa démarche de changement est donc nécessaire pour éviter cet écueil majeur.
Working Mum : travailler sur soi tout en s’amusant
Pour faire passer son message, Bérangère a recours à des jeux, sous la forme de tests, qui pourront sembler familiers aux lectrices de la presse féminine. Elle saupoudre également son ouvrage de témoignages vivants et empathiques (« Ça nous arrive à toutes »). Par ailleurs, de nombreux petits exercices à base de questions ouvertes cherchent à nous faire réaliser ce que nous avons en nous ou encore la direction vers laquelle nous souhaitons aller.
La maquette de l’ouvrage est ludique : ses couleurs douces et féminines, à dominante mauve, nous mettent dans de bonnes dispositions. La présentation est aérée et soigneusement étudiée. Elle rappelle par certains aspects celle d’un cahier de vacances.
L’auteure a souvent recours à un langage imagé afin de rendre ses passages théoriques plus parlants. Par exemple, elle établit un parallèle avec l’anatomie pour décrire notre « colonne vertébrale du sens ».
Enfin, la lectrice se retrouve souvent interpellée et doit s’engager pleinement dans sa séance d’auto-coaching, par des formules du type : « À vous de jouer ! » ou « Passez à l’action ! » Elle est ainsi encouragée à se montrer plus assertive, mettant directement en pratique les préceptes de Bérangère ! D’autant que cette dernière propose des méthodes simples et faciles à mettre en application pour accroître son estime de soi, par exemple, au travers des « six clés de la confiance en soi ».
À toutes les femmes désireuses d’un profond changement professionnel
Au-delà des femmes que l’expérience de la maternité a transformées, Working Mum s’adresse à toutes celles qui se trouvent à la croisée des chemins : elles pensent à changer de travail, de métier, de rythme ou de style de vie. Ces femmes ont besoin d’être guidées sur le chemin de l’introspection avant de réinventer leur vie professionnelle pour la faire correspondre avec leurs aspirations profondes. Finalement, Working Mum est une lecture stimulante, pédagogique, ludique et transformative…
Chère lectrice, la maternité vous a-t-elle poussée à changer de vie professionnelle ? Vous connaissez et appréciez le travail de Bérangère Touchemann ? Racontez-nous votre expérience dans la section des commentaires ci-dessous.