Le lâcher prise consiste à accepter ce qui se présente, non pas au sens d’un cautionnement de l’évènement mais au sens de l’accueil d’une réalité. Son intérêt est de nous décrocher de la souffrance, toujours liée au refus des faits et de l’environnement, humain ou non. Ce refus de la réalité entraîne une résistance et un conflit en soi.
Il est toujours possible de changer en soi une habitude qui revient à notre insu ou un défaut dont on ne veut plus. C’est un travail qui donne ses fruits à moyen terme car, comme Mark Twain l’a écrit : « On ne se débarrasse pas d’une habitude en la flaquant par la fenêtre, il faut lui faire descendre l’escalier marche par marche ».
Or on ne peut changer que ce qu’on voit. Tentez de ramasser par terre un crayon que vous ignorez ou que vus ne voyez pas. Vous aurez beaucoup de mal. Rejeter la réalité ne permet pas le changement ni la résolution de problème. La première étape du changement commence donc par l’Acceptation de ce qui arrive ou de ce que nous ressentons.
Synonyme d’objectivité et d’adaptation, l’acceptation n’est pas à confondre avec soumission, résignation ou fatalisme, notions qui sous-entendent une impuissance ou une incapacité à changer le cours des choses.
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Au contraire, l’acceptation s’applique sur un évènement ponctuel et n’empêche pas que l’on puisse avoir une action sur le cours des choses pour que cela aille mieux. C’est ainsi qu’il est préférable d’accepter la chaleur, la différence d’autrui, la douleur, voire la mort. Et ce n’est pas pour autant qu’il faille renoncer aux mesures de prévention ou de résolution de problème. Une personne acceptant sa longue maladie ne doit pas arrêter son traitement pour autant.
L’acceptation dont je parle n’est pas exclusivement intellectuelle mais bien plus profonde et complexe. Résultante du lâcher-prise, elle constitue souvent l’étape finale d’un processus, comme celui du deuil. Après un décès familial, la perte d’un emploi ou d’un objet cher, j’ai beau comprendre intellectuellement que je ne reverrai plus l’objet de ma tristesse, le processus demande néanmoins davantage de temps pour que je cesse de souffrir ; l’acceptation accélère considérablement ce processus.
De la même manière, prendre conscience que je ne suis pas exactement la même personne que celle que je rêverais d’être peut être difficile, pour certaines personnes idéalistes ou perfectionnistes qui ont du mal à s’accepter tels qu’elles sont à un moment donné.
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Dans ce cas, l’acceptation ne doit pas être une résignation définitive, mais simplement une acceptation de la réalité telle que je la vis ou telle qu’elle se présente ici et maintenant. Je peux être déçu en découvrant de moi-même un aspect que je considère négatif, mais c’est en l’identifiant et en l’acceptant pleinement que je pourrai mettre en œuvre des actions destinées à changer cet aspect. Cette acceptation de la réalité n’est souvent pas immédiate.
Les ennemis de l’acceptation sont la prévalence des émotions (déni ou fuite, aversion, colère, doute ou peur) ou l’attachement aux préjugés, illusions, généralisations, jugements de valeur, maîtrise et contrôle de tout, et tout ce qui est engendré par ce que divers auteurs appellent l’orgueil, l’Ego ou le Mental.
Ils ont pour effet de plaquer une réalité déformée sur l’environnement et de nous faire vivre dans une dualité, un conflit intra personnel plus ou moins conscient entraînant tension et souffrance puis symptômes, expressions du « mal-à-dit ».
Libérée du Mental, l’acceptation est l’étape qui va considérablement réduire la difficulté ou la souffrance car elle entraîne immédiatement une modification de nos façons de voir, une appréhension de la réalité, un reconditionnement de notre production hormonale et une facilitation de notre adaptation à l’environnement.
Elle nous permet ainsi de mieux vivre notre vie.
Par Eric Brabant