Les voyages lointains ont de moins en moins la cote, à mesure que nous sommes toujours plus nombreux à hésiter avant de prendre l’avion. Pourtant, notre besoin de découverte et d’exotisme est toujours là. Alors, que faire ? Au Portugal, les Aldeias do Xisto (villages de schiste) localisés dans la région du Pinhal Interior (forêt intérieure) nous font une proposition originale. Le responsable de la communication et du marketing des Aldeias, Bruno Ramos, a accepté de nous en parler. Au programme : communion avec la nature et échanges authentiques avec les communautés villageoises locales.
Article rédigé par : ZIEL Jérôme
Journaliste de formation, Bruno Ramos travaille dans la communication depuis de nombreuses années. Il débute sa carrière à Lisbonne en mettant sa plume au service de publications spécialisées dans la publicité, la culture ou le cinéma. Petit à petit, il en vient à s’intéresser à l’arrière-pays portugais. Car il a le sentiment, en tant que journaliste mais aussi en tant que citoyen, qu’il est nécessaire de revaloriser les communautés rurales. En effet, au début des années 2000, nombre de villages portugais tombent en ruine en raison de l’exode rural.
Revaloriser le monde rural
Il adhère alors à l’association Pinus Verde, localisée à Fundão. Cette dernière accompagne les efforts de l’Union Européenne pour redynamiser la région du Pinhal Interior (forêt de l’intérieur), dans le centre du Portugal. L’Europe définit trois points forts locaux : les villages, les plages fluviales et le réseau de sentiers de randonnée. Pinus Verde se lance alors dans la restauration de ces villages. Son but : donner aux habitants de meilleures conditions de vie, les persuadant ainsi de rester.
À partir du milieu des années 2000, Bruno devient le responsable de la communication et du marketing de Pinus Verde. En tant que tel, il participe activement à l’émergence de la marque Aldeias do Xisto (villages de schiste). Entourée d’élus locaux, de partenaires publics aussi bien que privés, la marque vise à accroître la visibilité de tous les micro-projets qu’elle défend. Ces derniers sont portés par des entreprises familiales. Elles proposent ainsi des hébergements, restaurants et autres initiatives à l’attention des touristes. Ces petites entreprises délèguent à Aldeias do Xisto le soin de les promouvoir sur le marché global du tourisme.
Respect des communautés villageoises
Bruno et son association défendent la vision selon laquelle il est important de prendre en compte le sort des villages. Pour eux, l’attention portée au monde rural et à la conservation des milieux naturels pourront seuls assurer l’avenir. Au vu de cette philosophie, le tourisme ne représente pas une fin en soi. Il est plutôt un outil visant à sensibiliser les visiteurs aux enjeux sociaux et environnementaux. De plus, il contribue aux économies locales.
Les touristes dits « actifs » sont les premiers ravis par cette initiative ! Parmi eux, on compte des VTTistes, des amateurs de cross-country ou encore de randonnées pédestres. Ils peuvent ainsi profiter d’infrastructures parmi les plus développées du Portugal ! Bruno rappelle que la région compte 2.400 km de sentiers de randonnée aménagés, y compris le long des berges fluviales.
Pour un tourisme avec du sens
Certains autres touristes, plus contemplatifs, sont davantage intéressés par les échanges culturels. Ils apprécient le contact avec les communautés villageoises, profitant de leur séjour pour partager leur mode de vie (traditions culinaires, artisanales, etc.). Ils observent les habitudes locales pour chercher à s’en inspirer. Enfin, les nomades digitaux viennent expérimenter des modes de vie et de travail alternatifs, à l’écart des centres urbains.
Le territoire d’Aldeias do Xisto est caractérisé par une identité forte. Les voyageurs de passage en prennent conscience alors qu’ils échangent avec les locaux et la nature, sur un mode authentique. Selon Bruno, « les touristes auxquels nous nous adressons tiennent à respecter les lieux qu’ils visitent. Ils veulent avoir un impact positif sur les communautés qui les accueillent. C’est un type de tourisme d’un genre nouveau, avec du sens ».
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Aldeias do Xisto : engagement et tourisme équitable
Durant notre conversation, Bruno n’a de cesse de souligner le caractère engagé de sa démarche. « Il y a une vingtaine d’années, lorsque le projet a débuté autour d’Aldeias do Xisto, nous avions déjà une vision pour ce territoire. À mesure que le temps a passé, nous avons agrégé autour de nous des partenaires institutionnels, des petites entreprises et des individus. Notre vision a anticipé ce qui se passe aujourd’hui. En effet, nous observons à l’heure actuelle un phénomène d’exode urbain. Nous assistons à un questionnement sur la qualité de vie, par suite de la crise sanitaire ». Finalement, ces villages qui avaient lutté pour la préservation de leur mode de vie qualitatif, sont aujourd’hui plus que jamais dans l’air du temps.
Bruno et ses équipes ont ainsi mis en place une plateforme directe de réservations, labellisée commerce équitable. C’est-à-dire qu’ils ne prélèvent aucune commission, si bien que les sommes acquittées par les visiteurs sont entièrement reversées au partenaire. Et restent au sein du territoire. Bruno rappelle que les partenaires du site sont généralement des entreprises de petite taille. « Nous avons centralisé l’ensemble de notre offre sur ce site. Lorsque vous venez dans la région, vous n’êtes pas obligé de rester dans un seul village uniquement. Vous pouvez planifier votre itinéraire afin d’expérimenter tout ce que le territoire propose. Il était très important, pour nous, d’avoir une offre structurée et compétitive ».
Tourisme actif / tourisme contemplatif
L’offre touristique des Aldeias do Xisto s’appuie sur deux piliers : la nature, d’une part, et les communautés villageoises, d’autre part. La nature permet aux touristes actifs d’organiser leur séjour autour d’activités telles que le VTT, le cross-country ou encore la randonnée pédestre. Les touristes recherchant des activités plus calmes y trouvent aussi leur compte. Cela va de la reforestation à la pratique de l’agriculture selon des méthodes traditionnelles. Aldeias do Xisto valorise aussi le patrimoine fluvial de la région, avec de nombreuses rivières poissonneuses pour les pêcheurs. Ceux qui souhaitent se livrer aux joies de la baignade peuvent profiter de plages fluviales peu fréquentées, propres et dénuées de toute pollution.
L’observation des cieux nocturnes est également susceptible d’attirer les astronomes en herbe. Comme le rappelle Bruno, « nous avons reçu le label de destination favorable à l’observation des étoiles. La région est très peu peuplée. Or, nous avons fait de la faible densité du peuplement un atout. D’autant que le relief oppose une barrière naturelle à la pollution lumineuse en provenance des villes (Coimbra, Castelo Branco). Cela garantit une observation des étoiles dans des conditions optimales ».
S’enrichir au contact des communautés villageoises
Les visiteurs peuvent également s’inspirer des spécificités du mode de vie local. Ils apprennent ainsi à faire du pain, du fromage, de la céramique ou encore à pratiquer le dessin en pleine nature. Comme Bruno l’explique, « nous développons un concept autour ‘d’écoles de villages’ afin de montrer aux visiteurs la qualité de vie des habitants sur place. Il est ainsi possible de prendre des cours de restauration de maisons traditionnelles. Ou alors d’apprendre à faire pousser ses propres légumes dans son potager ».
Les touristes profitent ainsi de la volonté de transmission de savoirs ancestraux par les villageois. Cela se matérialise par des ateliers de boulangerie ou de céramique. En participant à un atelier, le visiteur apprend à connaître son ‘instructeur’. Par conséquent, cela donne lieu à des rencontres enrichissantes, au-delà de la simple transmission de techniques. Des liens particuliers se nouent, d’autant que les locaux ne sont pas avares en petites attentions à l’égard de leurs visiteurs. En retour, ces derniers ressentent des émotions qu’ils ne s’attendaient pas à trouver sur place.
Et les enfants ?
Avant de conclure notre entretien, Bruno cite l’exemple d’une femme reporter du Guardian venue avec son fils de 11 ans dans un village des Aldeias. Peu habitué à se retrouver dans un environnement sans télévision, ni internet, l’enfant a tout d’abord montré des signes de contrariété. Puis il a commencé à jouer dehors, se mettant à grimper aux arbres, à jouer avec des galets ou des brindilles. En somme, il se livrait aux activités de plein air que tous les enfants du monde apprécient.
Bruno a aussi évoqué les promenades en pleine nature à l’attention particulière des jeunes visiteurs. Ces derniers sont alors amenés à interpréter le comportement de petits animaux. Selon Bruno, « nous leur apprenons à identifier certaines espèces animales, ou encore à étudier leur habitat, près des rivières, par exemple ». Autre exemple d’activités à destination des enfants : le village de Cerdeira propose un atelier de fabrication de jouets en bois. Les enfants adorent également les plages fluviales et leurs nombreuses activités aquatiques. Ils peuvent y pratiquer le paddle, le kayak, etc. La plupart de ces plages possèdent en outre des infrastructures attractives. Ainsi, toboggans et bouées géantes remportent toujours un franc succès auprès des plus jeunes.
Chaque membre de la famille est donc susceptible de se reconnecter avec la nature et avec lui-même !