Cette année, c’est le 135ème anniversaire des funérailles nationales de Victor Hugo. L’occasion de revenir sur les engagements qui ont marqué la vie de cet écrivain connu et reconnu à travers le monde. En effet, ses œuvres ont construit et exporté sa réputation avec, en substance, la notion d’engagement.
De son œuvre Les Misérables en passant par Le Dernier jour d’un condamné, Victor Hugo fait part de ses engagements dans ses écrits. Néanmoins, le génie littéraire qui nourrit ses livres en vient presque à estomper cette facette de l’auteur. En effet, s’il est connu pour avoir rédigé de grandes œuvres, Victor Hugo était aussi un homme engagé. Il fut d’ailleurs élu député à l’Assemblée législative en 1849.
Victor Hugo, un homme proche de la misère
Toute sa vie, ce sujet ne cessera de l’occuper. Il la dénonce dans son œuvre la plus remarquable : Les Misérables. De plus, il aborde aussi ce thème dans ses écrits politiques. Outre son talent pour rédiger des romans, en retranscrivant des sujets de société, Victor Hugo diversifie les formes de ses engagements. D’ailleurs, il existe des anthologies regroupant l’ensemble de ses idées politiques. À ses discours, il est possible d’ajouter ses poèmes et pièces de théâtre, tous aussi brillants et engagés que ses romans.
Néanmoins, le discours qui marque vraiment son engagement face à la misère, il le prononce le 9 juillet 1849, devant l’Assemblée Nationale.
« Je ne suis pas, Messieurs, de ceux qui croient qu’on peut supprimer la souffrance en ce monde ; la souffrance est une loi divine ; mais je suis de ceux qui pensent et qui affirment qu’on peut détruire la misère. »
Victor Hugo.
Son objectif était de faire disparaître la misère qu’il considérait comme une maladie du corps social. Pour lui, il est nécessaire de la détruire. Il la percevait comme un fléau et souhaitait abolir cette dernière pour éliminer aussi les injustices sociales trop présentes. D’ailleurs, ce désir d’égalité établit un lien direct avec son second souhait : la laïcité.
La laïcité au cœur des projets de Victor Hugo
Bien qu’il soit l’auteur de Notre-Dame de Paris, une œuvre mettant en valeur l’architecture de la cathédrale la plus emblématique de France, Victor Hugo désirait un pays laïc. Cette idée lui était particulièrement chère. En 1848, il s’oppose à la Loi Falloux qui autorise l’intervention des institutions catholiques dans les établissements d’enseignement primaire et secondaire. Cette loi supprimait donc le monopole de l’État dans l’éducation, ce que Victor Hugo ne pouvait supporter. Il confirme son combat pour la laïcité en juin 1872 dans une lettre adressait au journaliste Léon Richer :
« Dans la question de l’éducation, comme dans la question de la répression, dans la question de l’irrévocable qu’il faut ôter au mariage et de l’irréparable qu’il faut ôter à la pénalité, dans la question de l’enseignement obligatoire, gratuit et laïque, dans la question de la femme, dans la question de l’enfant, il est temps que les gouvernants avisent. »
Victor Hugo.
Dix ans plus tard, son souhait se concrétise avec la loi Ferry, sous la troisième République. Toutefois, ce n’est pas le seul engagement qui marque le côté avant-gardiste des pensées de cet écrivain.
L’enseignement un moyen pour sortir de la misère
L’opposition qu’il manifeste contre la loi Falloux marque aussi son engagement pour l’enseignement. Il percevait ce dernier comme un moyen de sortir de la misère. D’ailleurs, son poème Melancholia dénonce le travail forcé des enfants dont il serait préférable qu’ils se trouent à l’école. Il écrit d’ailleurs dans une lettre adressée à Léon Richer:
« On en viendra, espérons-le, à comprendre qu’une société est mal faite quand l’enfant est laissé sans lumière …»
Victor Hugo.
Pour cet écrivain, l’acquisition du savoir et des connaissances est nécessaire à l’élévation morale de l’homme. Il souligne l’importance de s’instruire pour se construire sa propre pensée. Dans son discours aux enfants en 1869 il déclare :
« Le droit de l’enfant, c’est d’être un homme : ce qui fait l’homme, c’est la lumière ; ce qui fait la lumière, c’est l’instruction. »
Victor Hugo.
Ce discours, il le rédige lors de son exil. En effet, à partir de 1851, le pouvoir mis en place par Napoléon III le considère comme un opposant politique. Il ne cessera de le dénigrer tout au long de sa vie, le présentant comme un tyran et le tenant responsable de la misère de la France.
Censure et peine de mort les combats d’une vie
La censure une entrave à la liberté
Exilé à cause de ses idées contraires au pouvoir en place, Victor Hugo continue de lutter pour la liberté de l’art et de la pensée. Artiste dans l’âme, penseur romantique aux idées socialistes, la notion de liberté nourrit l’ensemble de ses œuvres. En effet, bien qu’elles traitent d’engagement en particulier, l’idée de la liberté est toujours présente en sous-texte. Cette notion qu’il chérit, il ne la défend pas uniquement pour l’art et la pensée. La liberté de la presse est aussi une ligne qui l’intéresse. En effet, elle représente un élément essentiel pour répandre les idées et contribuer à l’éducation de la population.
L’abolition de la peine de mort une position humaine et visionnaire
Dans son roman Le Dernier jour d’un condamné, Victor Hugo affiche clairement sa position sur la peine de mort. Il trouve cette condamnation inhumaine et immorale. Pour lui, un crime ne peut être puni par la peine capitale : c’est aussi un crime car c’est bien de la vie d’un individu dont il est question. Il se confie sur ce point à son ami Léon Richer :
« Sur beaucoup de questions à cette heure, les gouvernants sont en retard. Voyez les hésitations de l’Assemblée à propos de la peine de mort. En attendant, l’échafaud sévit. »
Victor Hugo.
Encore une fois, ce libre penseur était en avance sur son temps. En 1981, François Mitterrand, le troisième président de la Cinquième République, abolit la peine de mort.
Victor Hugo, un écrivain engagé pour les droits de la femme
Si ses travaux pour lutter contre la misère et pour l’éducation des enfants sont souvent mis en avant, son engagement pour faire reconnaître le droit des femmes reste minimisé. Pourtant, en 1872, il rédige une lettre complète en faveur de l’émancipation civile des femmes. Il adresse cette dernière dans le journal Le Droit des femmes, premier hebdomadaire féministe dirigé par Léon Richer. Encore en avance sur son époque, Victor Hugo évoque l’égalité entre les sexes et l’importance de l’intégration des femmes dans la vie politique.
« Dans notre législation telle qu’elle est, la femme ne possède pas, elle n’est pas en justice, elle ne vote pas, elle ne compte pas, elle n’est pas. Il y a des citoyens, il n’y a pas de citoyennes. »
Victor Hugo.
Cette prise de partie en faveur des femmes, encore peu connue du grand public, nécessite néanmoins d’être explorée. C’est pourquoi, à l’occasion des 135 ans des funérailles de ce grand homme, le Panthéon propose une exposition autour de celui pour qui :
« …il est difficile de composer le bonheur de l’homme avec la souffrance de la femme. »
Victor Hugo.