Qui n’a jamais rêvé de pouvoir voyager partout dans le monde sans être arrêté par la barrière des langues ? Les touristes pourraient échanger avec la population locale, enrichissant ainsi leur expérience. Quant aux hommes et aux femmes d’affaires, ils pourraient nouer des liens avec leurs partenaires plus facilement.
Aujourd’hui, les technologies de traduction instantanée à l’oral aussi bien qu’à l’écrit proposent ce type de prestations. À ce propos, nous avons interrogé Karim Bensaid, directeur régional pour l’Europe de l’Ouest et la région MENA (Middle East & North Africa) de Vasco Electronics. Il s’agit d’une entreprise polonaise basée à Cracovie proposant des traducteurs automatiques. Il a bien voulu nous en expliquer le fonctionnement. Un nouvel horizon s’ouvre ainsi aux globe trotters de tout acabit…
Karim Bensaid, profil multiculturel par excellence
Entre Vasco Electronics et Karim Bensaid, la rencontre paraissait aller de soi. Il faut dire que le profil multiculturel de ce dernier, entre le Maroc, la France et la Pologne, où il est établi aujourd’hui, lui a grandement facilité la tâche. Ayant obtenu son bac au Maroc, Karim a par la suite passé un master à l’École des hautes études commerciales de Varsovie. En outre, il a également réalisé un troisième cycle auprès de HEC Paris. « Je suis plutôt orienté marketing et management d’entreprise », reconnaît-t-il.
Ce qui lui a plu chez Vasco, c’était le profil de cette start-up technologique et multiculturelle. Comme il se rappelle : « j’ai commencé chez Vasco en tant que country manager pour la France uniquement. Puis, comme je parlais quatre langues, je me suis rapidement vu confier les responsabilités de directeur régional. Aujourd’hui, je chapeaute les marchés francophones, néerlandophones et arabophones ».
Karim a donc été amené à gérer d’autres pays en dehors de la France, en utilisant sa capacité à parler plusieurs langues et à comprendre plusieurs cultures. Quand il se décrit, il met en avant sa capacité à s’adapter, tel un caméléon. « Comme je traite quotidiennement avec des personnes aux cultures et aux mentalités variées, j’étais tout désigné pour occuper ce poste ».
Histoire de Vasco Electronics
C’est en 2008 qu’un médecin urgentiste crée Vasco Electronics. Ce dernier cherchait ainsi à faciliter les échanges, dans le cadre de son travail, avec des personnes étrangères ne parlant pas le polonais. Au début, il s’agissait de commercialiser de petits crayons en provenance d’Asie. Ces derniers permettaient de souligner des mots et de les traduire instantanément, en jouant sur deux ou trois langues seulement. Par la suite, l’entreprise a voulu dépasser les frontières de la Pologne. Elle a donc créé une boutique en ligne à l’attention des marchés allemand, français, britannique, italien et espagnol.
En 2013, Vasco sort son premier appareil développé en propre : le Berio. Il s’agissait d’un smartphone fabriqué en Chine, auquel Vasco avait ajouté une interface et des fonctions spécifiques. À partir de 2019, Vasco conçoit désormais ses produits de A à Z, depuis le design jusqu’à la carte mère, en passant par le système d’exploitation. Il est vrai que les produits continuent d’être fabriqués en Asie, au sein d’usines dédiées. Cependant, l’entreprise polonaise a considérablement accru son budget de recherche et développement. Cela lui permet de constamment améliorer les performances de ses appareils. Comme Karim le souligne, « nous conservons ainsi la maîtrise de notre technologie développée en propre ».
Du marché des loisirs à celui des affaires
Avant le Covid, Vasco s’adressait en priorité à une clientèle voyageant pour ses loisirs. Après la crise sanitaire, la start-up a compris qu’il lui faudrait se diversifier auprès d’une clientèle d’affaires. En effet, les restrictions sur les déplacements ont mis en danger son modèle de développement initial. Selon Karim, « alors que nous étions focalisés sur les échanges culturels dans le cadre d’activités de loisirs, nous abordons désormais le monde des affaires. Nous ne souhaitons pas être à la merci des aléas de la crise sanitaire ».
Nombreux sont ceux qui considèrent que les traducteurs automatiques représentent une solution de facilité. Ainsi, ils empêcheraient les individus de se lancer dans l’apprentissage des langues et de progresser. Karim leur répond qu’il partageait leur avis… avant qu’il ne réalise le potentiel représenté par ces petits appareils. En réalité, il s’est rendu compte que cela pourrait même l’aider dans son propre apprentissage des autres langues.
Concrètement, comment ça marche ?
Le marché des traducteurs offre de nombreuses options actuellement. La concurrence est rude, avec des marques telles que Pocket Talk, Langogo, Travis ou Muama. Parmi les solutions offertes par ces marques, les traducteurs hors ligne se contentent de traduire le vocabulaire qu’ils ont en mémoire. Comme l’explique Karim, « si le traducteur a dans son vocabulaire pré-enregistré les mots de votre phrase, il peut la traduire. Sinon, il n’y parvient pas ».
Par contraste, les appareils bénéficiant d’une connexion à internet ont des performances bien plus élevées. Avec sa carte SIM intégrée qui permet une utilisation dans la plupart des pays, le traducteur connecté ne réalise pas directement la traduction. Il envoie votre phrase à un moteur de traduction qui effectue le travail avant de vous le renvoyer. Les traducteurs Vasco travaillent ainsi avec dix moteurs de traduction en simultané, constamment mis à jour et améliorés. Selon Karim, « nous avons une équipe de linguistes au sein de Vasco qui vérifie en permanence la qualité des traductions. L’appareil va donc sélectionner le moteur susceptible de donner la meilleure traduction en fonction de la langue d’origine et de la langue cible ».
Ces appareils ont l’aspect de dictaphones numériques. Ils comportent deux boutons : celui du dessus concerne la langue d’origine ; celui du dessous, la langue cible. Il vous suffit alors de prononcer plusieurs phrases dans votre langue en appuyant sur le bouton dédié. Une fois que vous avez terminé, vous relâchez le bouton. La phrase apparaît alors sur l’écran, ce qui vous permet de vérifier que l’appareil a bien reconnu ce que vous avez dit (‘speech to text’). Une fois validée, la phrase est envoyée à un moteur de traduction. Ce dernier travaille et vous renvoie aussitôt la traduction écrite dans la langue cible (‘text translate to text’). L’appareil de traduction prononce la phrase ainsi reçue (‘text to speech’). Le tout en une fraction de seconde !
Des traducteurs automatiques toujours plus performants
Sur le marché des traducteurs automatiques, le Translator M3 de Vasco se distingue de la concurrence. Doté d’un vaste choix de 70 langues, il peut fonctionner dans 200 pays. Le M3 ne traduit pas seulement les paroles, mais aussi des photos de texte. Selon Karim, « cela peut se révéler utile si vous vous trouvez dans un pays avec un alphabet différent, vous empêchant de déchiffrer les panneaux de signalisation. De même avec les menus au restaurant, ou encore certains documents officiels (contrat de location de voiture ou encore PV établi par un policier, etc.) ». Le Vasco Translator M3 est aussi en mesure de traduire une conversation téléphonique… ou bien même une réunion d’affaires menée en plusieurs langues grâce à son application Multitalk. Des groupes jusqu’à cent personnes vont donc pouvoir échanger en simultané, même s’ils ne parlent pas la même langue.
Le Vasco Translator M3 a déjà remporté l’adhésion de militaires, juristes, avocats, médecins urgentistes, etc. Même parmi les interprètes, certains ont adopté l’usage de traducteurs automatiques. Par exemple, si l’un d’entre eux est amené à s’exprimer dans une langue autre que sa langue maternelle, le traducteur automatique lui permet d’améliorer sa prononciation.
Confidentialité des données
Les moteurs de traduction de Vasco sont localisés en Allemagne. Cependant, les données ne font que transiter par eux. Car une fois que le besoin de traduction a été satisfait, les propos des clients sont automatiquement effacés du serveur. Il n’y a que l’appareil individuel du client qui conserve un historique, si ce dernier le souhaite.
Bien qu’il soit convaincu de la qualité et du potentiel des produits proposés par Vasco Electronics, Karim nous fait un aveu. « Au début, je me demandais comment la société pourrait se développer, dans la mesure où nous proposons un produit de niche, si on y réfléchit bien. Pourtant, le perfectionnement de nos produits est tel que nous sommes devenus leader sur le marché de la traduction automatique. La société comptait dix personnes à ses débuts. Le fondateur et son équipe ont commencé dans un garage. Aujourd’hui, nous sommes 150 ».
Dernier point sur lequel Karim insiste : « Vasco est une entreprise technologique européenne. Nous avons des filiales un peu partout dans le monde, y compris aux États-Unis. Mais notre siège se situe à Cracovie. Et nous sommes incroyablement fiers d’être européens et polonais ! »
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