Le mercredi 6 mai dernier, 200 scientifiques et artistes signent une tribune dans Le Monde pour un « Non retour à la normale ». À l’initiative de l’actrice Juliette Binoche et de l’astrophysicien Aurélien Barrau, le message est adressé aux citoyens et aux dirigeants. Les 200 personnalités tirent la sonnette d’alarme sur l’urgence climatique à laquelle nous devons répondre.
Vous avez sans doute une impression de déjà vu. Eh oui, ce n’est pas la première fois qu’un tel événement se produit. En 2018, quelques jours après la démission de Nicolas Hulot du gouvernement Le Monde publie « Le plus grand défi de l’histoire de l’humanité ». Encore une fois à l’initiative de Juliette Binoche et de Julien Barrau, l’appel de 200 personnalités demande une action ferme et immédiate face au changement climatique pour sauver la planète.
Les personnalités appellent les citoyens et les dirigeants à une réaction immédiate
L’événement s’est donc reproduit le 6 mai 2020, en pleine période de crise sanitaire. En effet, la pandémie se veut sans doute tragique et déstabilisante mais il n’y a pas meilleur moment pour changer nos habitudes. L’acteur Robert De Niro, la chanteuse Madonna, le prix Nobel de la paix Muhammad Yunus, la philosophe Florence Burgat (et j’en passe) son tous d’accord. Dans leur tribune, ces personnalités du monde entier plaident pour une transformation radicale de la société après la pandémie et disent « Non à un retour à la normale ». Le texte est court mais la signature à rallonge nous prouve l’importance du message, que vous pourrez découvrir ci-dessous.
La tribune publiée par La Monde
« Cette crise a la vertu de nous inviter à faire face aux questions essentielles »
« La pandémie de Covid-19 est une tragédie. Cette crise, pourtant, a la vertu de nous inviter à faire face aux questions essentielles.
Le bilan est simple : les « ajustements » ne suffisent plus, le problème est systémique.
La catastrophe écologique en cours relève d’une « méta-crise » : l’extinction massive de la vie sur Terre ne fait plus de doute et tous les indicateurs annoncent une menace existentielle directe. A la différence d’une pandémie, aussi grave soit-elle, il s’agit d’un effondrement global dont les conséquences seront sans commune mesure.
Nous appelons donc solennellement les dirigeants et les citoyens à s’extraire de la logique intenable qui prévaut encore, pour travailler enfin à une refonte profonde des objectifs, des valeurs et des économies.
« La transformation radicale qui s’impose n’aura pas lieu sans un engagement massif et déterminé. »
Le consumérisme nous a conduits à nier la vie en elle-même : celle des végétaux, celle des animaux et celle d’un grand nombre d’humains. La pollution, le réchauffement et la destruction des espaces naturels mènent le monde à un point de rupture.
Pour ces raisons, jointes aux inégalités sociales toujours croissantes, il nous semble inenvisageable de « revenir à la normale ».
La transformation radicale qui s’impose – à tous les niveaux – exige audace et courage. Elle n’aura pas lieu sans un engagement massif et déterminé. A quand les actes ? C’est une question de survie, autant que de dignité et de cohérence. »
Une tribune qui ne fait pas l’unanimité
La tribune ne fait cependant pas l’unanimité. Après cet appel au changement des personnalités pour l’environnement, certains pointent du doigt leurs modes de vie. Pour l’écrivain, chroniqueur et avocat Charles Consigny, les signataires sont très mal placés pour revendiquer un tel message. « Des millionnaires qui passent leur vie dans des avions et consomment chacun comme une dizaine de personnes vous expliquent qu’il faut “changer nos modes de vie et de consommation”. Honte de rien ! ». Il en est de même pour la journaliste Eugénie Bastié. Elle ajoute « 15 lignes de lieux communs et de postures, par un collectif de privilégiés. Le monde d’en bas n’aspire qu’à un retour à la normale et aux permanences ».
Si la tribune suscite des débats, c’est que la question d’un changement radical n’est sans doute pas complètement folle. Elle est peut-être même indispensable à la survie de notre société… N’hésitez pas à donner votre avis sur le compte Twitter d’Ô Magazine.