A Pâques, j’offre des œufs surprise à tous les hommes

Après l’attentat avorté contre tous les enfants du monde (à coups de salmonellose dans le chocolat le plus industriel que l’humanité n’a jamais connu), nous devons nous rendre à l’évidence que Pâques n’est plus une fête pour les bambins et les morveux. Alors, mettons dans une cocotte le lapin en civet, et ne parlons plus que de nos joies adultes de fin de Carême. Pour Pâques, faites donc un tour dans un love store Passage du Désir, et remplissez votre panier d’œufs pour homme.

Des œufs de Pâques pour les hommes

Alors que les femmes sont adultes depuis toutes petites, les hommes restent des enfants qui un jour découvrent le sexe. Ce n’est pas l’apprentissage de la violence ou de la méchanceté, ni de la cruauté, non plus de l’injustice qui en font des hommes, car tout cela fait déjà parti du quotidien des petits pleurnichards.

Ce qui fait que la conscience stupide et virile passe à l’âge adulte, c’est l’apport naturel du goût au plaisir sexuel. Sans raison, sans pourquoi, sans intérêt, sans utilité. Le sexe pour le sexe et le Tony-boy devient un Monsieur. Juste avoir envie, envie, faire, accélérer, suffoquer, jouir dans l’extase. Sentir la chair chaude se fatiguer, terminer de reprendre sa respiration. Être parti d’une petite éternité qui goutte encore et… Tout ça pour ça.

Mais aussi, ce que l’âge adulte apporte de civilisé, c’est le travail. C’est ici que l’on parle de productivité et d’efficacité, de culte de la performance, de l’utilité et de la rationalité de l’effectivité. Et l’on peut dire la même chose en anglais, mais c’est pas mieux. Au final, grâce à la civilisation post-moderne et consumériste, le chocolat n’est plus un cadeau de plaisir, mais une source de production industrielle ; ainsi l’on retrouve de la salmonellose même quand il n’y a jamais eu d’œuf dans la recette (à peine en poudre).

Revenons à Pâques, aux œufs, revenons au sexe

Il faut oser parler de sexe. Et dans une certaine mesure, n’hésitons pas à être vulgaire à Pâques. Alors, sans que votre main ne tremble, sans que votre voix ne vacille : offrez à votre papa, à votre frère, à votre cousin, à votre oncle, à votre voisin… à tous les hommes que vous côtoyez l’opportunité de trouver un œuf de masturbation caché quelque part dans le jardin (visez celui de sa femme, mais ne lui demandez pas l’autorisation).

Ce n’est pas grave s’il en trouve plusieurs, ils sont assez différents les uns des autres, les rainures changent… et puis ils s’en amuseront autrement et ailleurs que dans la tristesse d’un lit conjugal. C’est vrai que depuis le covid, tout est devenu sale et on a tendance à vouloir réserver les actes à des lieux hygiéniquement dédiés. Mais c’est une erreur ! L’on va faire des générations de déprimées si l’on ne se libère pas de toute emprise. Donc pleins d’œufs surprises pour tous les hommes.

Vivre dignement comme un humain, ce n’est pas servir à quelque chose, mais prendre du plaisir pour rien. Pâques c’est un prétexte pour égayer la fin de la diète de l’après gras des fêtes. C’est le détournement d’une cause juste, rationnelle et opérationnelle (cure d’amincissement), par une cause absurde, afin d’éprouver de la joie. Pâques doit être plus sensuel et même plus sexuel qu’économique. Et ainsi, nous ne devons plus gâcher Pâques à offrir des mauvais chocolats, mais bien plutôt à offrir des œufs surprise aux mecs.

Homme + œuf = splotch

Ne croyez pas qu’ils seront sincèrement vexés par ce cadeau. Tous les hommes sont des branleurs. Ils en ont honte, pour la plupart. Ils ont honte de se donner du plaisir ; sans doute à cause de leur goût pour la compétition et le culte de la performance (qui mène la salmonellose dans le chocolat pas bon). C’est pour ça que tous les hommes, même les mieux, restent longtemps des petits cons (avant de devenir vieux).

Il faut que la branlette ne soit plus une insulte. Il faut qu’ils se branlent sous la douche sans mauvaise conscience. Je veux, avec vous, changer l’image de la veuve poignet. Encore un combat féministe à mener (pas très facile celui-ci…)

Et l’intimité bordel !

Être un homme aujourd’hui c’est savoir se branler et l’assumer. Mais sans être exhibo. Donc préservons les tabous, la pudeur, l’intimité. Oui c’est vrai : je dis ça alors que je donne l’impression de ne jamais porter de culotte, même à la piscine. Mais je me clive moi-même moi !

Comment bien vendre une si belle idée de pleine liberté (le sexe pour le sexe), si je n’en parle pas avec la fraîcheur d’une poissonnière à la criée ? Mais aussi, comment maintenir la préciosité de la sexualité, cachée dans les tabous intimes et les pudeurs secrètes, sans renforcer l’omerta bourgeoise qui ne défendra jamais que le sexe en vue d’une progéniture mâle de surcroît. Puis-je en parler sans en faire une vulgarité, une obscénité ?

Ce qui fait le problème du sexe, ce n’est pas sa taille ni sa forme, mais le devoir moral de le respecter et l’obligatoire pratique d’en parler. La poésie pourrait nous aider à jouer du langage pour ne dire qu’autant que chaque lecture pourrait en comprendre… peut-être. Quand j’écrirai sur le sexe, je dévoilerai l’oubli à ceux seulement qui connaissent la réponse.

Bénédicte, la Heidegger de la sexualité

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