NFT, crypto-monnaies et métavers : révolution sur le marché de l’art

NFT, crypto-monnaies et métavers : révolution sur le marché de l’art

Les NFT (Non-Fungible Tokens ou jetons infongibles) représentent-ils l’avenir du marché de l’art ? Les NFT garantissent aux collectionneurs la propriété exclusive d’une œuvre virtuelle : peintures digitales, morceaux de musique, vidéos. Ils sont aussi l’expression arty de la révolution crypto marquée par la transition vers les actifs numériques. Enfin, les NFT accompagnent plus généralement l’avènement du métavers, sorte d’univers virtuel parallèle. Pour répondre à nos questions sur ces enjeux complexes, nous avons rencontré Karl Toussaint du Wast, co-fondateur de netinvestissement (conseil en gestion de patrimoine), pour qu’il nous donne sa vision des NFT…

Alors qu’il n’a que 20 ans, Karl part terminer son master aux États-Unis. Il y créé sa première société dans le secteur de l’informatique. Son siège se situe alors dans les tours du World Trade Center… si bien que son aventure se termine tragiquement le 11 septembre 2001. Fort heureusement, il est en déplacement au moment où les attentats ont lieu. Rentré en France, il monte une boîte de livraison de repas, sorte de Deliveroo avant l’heure. Faute de business plan cependant, il épuise son fonds de roulement et se retrouve rapidement à court de cash. En 2005, il revient à ses premières amours, la finance. Il crée avec Stéphane van Huffel le cabinet Wast & Van, spécialisé dans la gestion de patrimoine. En 2010, il digitalise son activité en créant le site netinvestissement.

Karl Toussaint du Wast : un serial entrepreneur

Serial entrepreneur, il crée plusieurs structures successives car il a un problème avec l’autorité. « Comme nombre d’entrepreneurs, je pense, je ne voulais pas qu’on me dise ce que je devais faire ». Karl l’avoue volontiers : son côté visionnaire l’a poussé à devenir entrepreneur. « Je voulais changer le monde. Il était plus aisé de le faire à ma façon dans ma boîte plutôt que chez les autres ». Karl avertit néanmoins les entrepreneurs en herbe de savoir se montrer modestes quand il le faut. « Face aux échecs, j’ai dû faire preuve d’humilité en apprenant de mes erreurs », se rappelle-t-il.

NFT, crypto-monnaies et métavers : révolution sur le marché de l’art
Karl Toussaint du Wast (c) netinvestissement

Les cryptos, une nouvelle classe d’actifs incontournable

Après 15 années dans la gestion de patrimoine, Karl constate l’émergence des crypto monnaies et des crypto actifs en 2018. Selon lui, « l’émergence du virtuel en matière de monnaie et d’art est liée au besoin d’indépendance vis-à-vis des banques centrales, des États et des Gafam. ».

Il y a peu, Karl fait un plateau télé avec Gabriel Mamou-Mani, à l’origine de la Panda Dynasty. « Il s’agit de 8.888 pandas en NFT, chacun unique et original (pandas militaire, surfer, gay, astronaute, etc.). Gabriel est parvenu à tous les vendre en quelques jours, assurant du même coup sa fortune. Ce type est très intelligent car il a tout de suite compris le modèle économique des NFT ».

Selon lui, « le NFT offre la preuve irréfutable de la propriété d’un objet numérique, garantie par la blockchain. Cette dernière pourrait être comparée à un livre de comptes numérique infalsifiable, prouvant ainsi qu’une chose vous appartient. Il devient alors possible de la mettre en vente ou de la louer moyennant royalties. Les NFT prennent généralement la forme d’images, vidéos, musiques ou GIF animés ».

NFT et métavers

Inséré dans le métavers, cet univers parallèle virtuel en pleine émergence, le NFT prend toute sa signification. Car il devient alors possible d’exposer son œuvre dans une maison secondaire qu’on aura acquise dans le métavers. Sans se soucier des contraintes physiques liés au monde réel (transport, assurance, délais de livraison, etc.). Si un ami est intéressé par le fait de vous emprunter votre NFT, vous pourrez le lui prêter gracieusement. Ou le lui louer par le biais d’un smart contract.

Karl développe : « Aujourd’hui, comment peut-on tirer profit de son œuvre d’art ? En la vendant ou en la louant. Dans le monde réel, la démarche pour louer une œuvre est complexe. Dans le monde virtuel, les plateformes NFT de type OpenSea proposent d’adjoindre à votre NFT un smart contract. Grâce à ce dernier, vous pourrez la mettre facilement en location pour en tirer un revenu ».

Smart contracts et versement automatique de royalties

De même, si vous êtes le propriétaire d’un morceau de musique NFT, vous aurez la possibilité d’en céder l’exploitation. Vous percevrez ainsi des royalties à chaque fois que d’autres utilisateurs l’auront diffusé. Cela se fera automatiquement : les royalties prélevées seront versées directement sur votre wallet, clairement identifié dans le smart contract.

Autre exemple : ce type de smart contracts peut très bien concerner une paire de baskets NFT. Bien entendu, vous l’aurez achetée dans les magasins que Nike ou Adidas ont déjà créés dans le métavers. Karl poursuit : « Je souhaite par exemple que mon avatar porte les dernières Nike Air Max. Je vais dans la boutique Nike dans le métavers et j’achète cette paire de chaussures NFT. Il s’agira d’un modèle unique, que je pourrai exploiter en le cédant à des copains qui en sont fans eux-aussi. Je pourrai le leur louer en permettant à leur propre avatar dans le métavers de les porter ».

NFT, crypto-monnaies et métavers : révolution sur le marché de l’art
(c) Heorhii Aryshtevych – iStock

Les artistes NFT

Dans le monde des arts visuels, Karl cite les noms de Damien Hirst, Jeff Koons ou encore Takashi Murakami, habitués à créer des NFT, tout en figurant parmi les artistes les plus cotés. Ils répondent ainsi à une demande. Cette forme d’art leur permet de toucher une nouvelle cible d’acheteurs. Ils n’auraient sans doute pas pu l’atteindre à travers les formes d’art traditionnelles.

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Il existe même des artistes purement NFT, comme Beeple, qui a vendu son œuvre The First 5000 Days, un collage de ses œuvres précédentes, pour un montant de 69 millions de dollars à la galerie Christie’s de New York le 11 mars 2021. Karl cite encore l’artiste NFT Trevor Jones, qui a commencé par incorporer des codes QR façon Mondrian dans ses toiles. Lorsque les amateurs scannaient ces QR, ils se retrouvaient au sein d’une galerie en ligne, où ils pouvaient télécharger les œuvres. En 2019, Trevor Jones a commencé à transformer ses peintures en courtes vidéos qu’il a vendues comme NFT. Parmi ses œuvres les plus réussies figure Bitcoin Angel, qu’il a vendue en 2020 pour 3 millions de dollars en crypto-monnaie.

La révolution artistique induite par les NFT

Par son côté disruptif, Karl n’hésite pas à comparer l’irruption du NFT dans le monde de l’art à la révolution art déco des années 1920. Selon lui, « tous ces artistes ont commencé à casser les règles des impressionnistes et de l’art pictural en général… D’abord Van Gogh, puis Picasso jusqu’à Dali et les peintres abstraits ». Il évoque également la Fontaine de Marcel Duchamp, consistant en un urinoir en porcelaine renversé signé « R. Mutt » et daté de 1917. Ou encore Merde d’Artiste, une œuvre que l’artiste italien Piero Manzoni réalise en 1961. Cette dernière est composée de 90 boîtes de conserve cylindriques en métal, hermétiquement fermées, contenant les excréments de l’artiste. Selon Karl, « le NFT n’est que le dernier avatar de ce type de productions artistiques remettant en cause les règles établies ».

Les précautions élémentaires à prendre avant de se lancer

Après avoir suscité notre enthousiasme, Karl s’applique cependant à le tempérer. Sur le marché de l’art, il n’y a pas de garantie absolue contre le fait de se porter acquéreur d’un faux. Même les galeristes les plus sérieux ont pu vendre, de bonne foi, des contrefaçons. Cependant, le fait d’en passer par Christie’s ou Sotheby’s, ou bien même tout autre intermédiaire de confiance, limite ce risque.

Selon Karl, « il en est de même dans le domaine de l’art crypto. Lorsqu’on veut investir dans le NFT, la règle d’or consiste à ne jamais traiter en direct avec un particulier. Il conviendra de passer uniquement par des plateformes reconnues, type OpenSea. Ces dernières vous fourniront le certificat d’authenticité de votre NFT. Vous pourrez y adjoindre un smart contract si vous le voulez ». En outre, depuis peu, les grandes plateformes crypto.com ou encore Binance, qui vendent des cryptos, proposent également des NFT. Selon Karl, « ce sont des plateformes sérieuses qui, manifestement, n’ont pas l’intention d’arnaquer leurs clients. Au contraire, elles garantissent le certificat d’authenticité qu’elles vous délivrent. Elles vous assurent du même coup que votre œuvre n’a pas été vendue à plusieurs acheteurs ».

Les conseils « en off » de netinvestissement

Pour l’instant, Karl et netinvestissement se contentent d’analyser ce nouveau marché. Car ils souhaitent être en mesure d’en restituer les tenants et les aboutissants de manière pédagogique à leurs clients curieux. Comme l’explique Karl, « c’est la raison pour laquelle nous travaillons avec les équipes de Primonial, groupe dont nous faisons désormais partie. Nous étudions la possibilité éventuelle de devenir un PSAN (prestataire de services sur actifs numériques) en obtenant l’agrément délivré par l’Autorité des Marchés Financiers. En attendant, nous éduquons nos clients en les mettant en garde contre certains pièges. En effet, en matière de NFT et d’actifs crypto, la prudence est de mise. Car ces sujets ne sont pas encore réglementés ».

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