Des femmes de sciences et de lettres

« On ne naît pas femme : on le devient » proclame Simone de Beauvoir en 1949 dans l’un de ses essais philosophiques. Comme elle, de nombreuses femmes ont fait avancer le monde. Pourtant, leurs noms ne figurent pas forcément dans l’Histoire. Aujourd’hui, Ô Magazine a décidé de faire un petit focus sur quelques grandes figures féminines de l’histoire.

Des femmes savantes dès l’Antiquité

Qui n’a jamais entendu parler de Cléopâtre ? Très connue pour avoir été reine d’Égypte, les historiens évoquent très peu son intelligence et ses capacités intellectuelles remarquables. En effet, dès son plus jeune âge, Cléopâtre apprend le latin et le grec. Plus grande, elle parle couramment sept langues et connaît les principales sciences de son époque.

Son précepteur, Plutarque, vantera ses capacités intellectuelles à plusieurs reprises. Ayant reçu la même éducation que son frère, Cléopâtre est un véritable danger pour les Romains. De plus, il est peu commun pour l’époque qu’une femme soit à la tête d’un si grand empire. Elle est la première femme de l’histoire à occuper un statut politique aussi important.

Mais elle n’est pas la seule femme savante de l’Antiquité.

Portrait de Cléopâtre.
Femme rebelle et insoumise

En effet, une jeune fille répondant au nom d’Hypathie d’Alexandrie contribue à l’avancée de sa société. Dès son enfance, Hypathie est initiée à l’astronomie grâce à son père Théon d’Alexandrie. Enfant de savants, elle s’épanouit dans les études, et échappe donc au destin réservé aux femmes. Très vite, elle démontre des capacités remarquables dans le domaine scientifique, à tel point que son père la prend comme collaboratrice. Hypathie se rend également régulièrement en Grèce pour s’instruire dans les écoles créées par Aristote et Platon. Elle devient par la suite la première philosophe et professeure de mathématiques et d’astronomie. Féministe en avance sur son temps, elle est la seule femme dans un monde savant uniquement composé d’hommes.

Jeanne d’Arc, une femme parmi tant d’hommes

Jeanne d’Arc naît à Domrémy en 1412. A l’âge de 17 ans, elle entend des voix lui disant d’aller se battre et de libérer la France de ses envahisseurs anglais. Bien que ses paroles soient étranges et prises à la légère, la jeune guerrière réussit à obtenir une armée grâce à Charles VII et à mener ses troupes jusqu’à Orléans. Elle remporte cette victoire et parvient à repousser les Anglais hors de la capitale.

Quelque temps plus tard, elle fait sacrer le Dauphin à la capitale de Reims, rétablissant ainsi le pouvoir royal en France. Cependant, le sort de Jeanne d’Arc s’assombrit. Arrêtée à Compiègne en 1430, elle est livrée aux Anglais pour une somme colossale de dix mille livres. L’héroïne française est condamnée à brûler vive pour hérésie.

Elle meurt à Rouen en 1431. Jeanne d’Arc représente la force féminine et le pouvoir de persuasion que peut avoir une femme sur les hommes. Elle aura détourné les préjugés, combattu comme nulle autre et aura prouvé la valeur de la femme aux yeux de toutes les sociétés.

Une femme de lettres : Émilie du Châtelet

Les femmes de lettres et de sciences ont illustré leur époque par leurs travaux et ont révolutionné les idéologies de leur temps. On retrouve Émilie du Châtelet, Marie Curie et Katherine Johnson; trois grandes personnalités qui ont fait progresser la science par leurs découvertes.

Émilie du Châtelet, femme de lettres et de sciences tente de se faire une place au sein de sa société. Au XVIIème siècle, il n’est pas évident pour une femme de se faire un nom dans ces domaines. Cependant, la jeune femme ne se décourage pas. Assoiffée de connaissances, elle n’hésite pas à fournir un travail acharné dans son laboratoire au sein de son château. Son travail porte ses fruits en 1737 quand elle concourt au prix de l’Académie des sciences de Paris. Son article est publié par l’Académie un peu plus tard.

C’est une grande première pour une femme ! Mais Émilie est surtout connue pour avoir été la compagne de Voltaire. Elle écrira sur son ami « J’ai perdu un ami de vingt-cinq années, un grand homme qui n’avait de défaut que d’être femme ».

Émilie du Châtelet — Wikipédia

Comme elle, Marie Curie et Katherine Johnson vont bouleverser le milieu scientifique par leurs découvertes.

Des femmes de sciences : Marie Curie et Katherine Johnson

En effet, Marie Curie, jeune fille passionnée par les sciences dès son plus jeune âge et brillante élève à la Sorbonne, découvre quelques années plus tard, deux nouveaux éléments chimiques : le radium et le polonium (ainsi que la radioactivité). Ses découvertes lui permettent d’obtenir un premier prix Nobel en 1903 puis un second en 1911.

Elle met également au point une toute nouvelle méthode de radiologie aux rayons X. Grâce à ces rayons X, il est possible de voir l’impact des balles sur les blessés lors de la Première Guerre Mondiale. Grâce à elle, de nombreuses vies sont sauvées et de grands progrès sont réalisés dans le domaine de la physique-chimie.

Sur les traces de Marie Curie.
Une passionnée de physique et de chimie

Comme toutes les femmes de sciences avant elle, Katherine Johnson est une petite fille curieuse qui démontre un intérêt précoce pour les mathématiques et les sciences qui l’entourent. Élève remarquable, elle entre au lycée à l’âge de dix ans et obtient ses diplômes universitaires à dix-huit ans.

Nombre de ses professeurs diront que c’était une enfant brillante, dotée de capacités hors du commun. Après l’obtention de ses diplômes, elle devient professeure de mathématiques dans une école publique. Mais, c’est un autre destin que lui réserve l’avenir.

Katherine Johnson, mathématicienne afro-américaine pionnière de la NASA.
Femme de savoir et de sciences

Quelques années plus tard, Katherine se lance dans une carrière de chercheuse et de mathématicienne, voie difficile d’accès pour les Afro-Américaines. Cependant, elle réussit à décrocher un emploi en 1953 auprès de la NASA. En 1961, elle effectue des analyses de trajectoire de lancement pour la mission Mercury-Redstone 3: c’est le premier lancement d’un Américain — Alan Shepard — dans l’espace.

En 1962, elle vérifie à la main les calculs de trajectoire informatisés de la première mission américaine envoyant un homme en orbite autour de la Terre : Mercury-Atlas 6. Enfin, en 1969, durant la mission Apollo 11, Katherine Johnson aide à préciser les trajectoires de rendez-vous spatial entre le module de commande et le module lunaire Apollo.

Femme de droit : Simone Veil

Enfin, Simone Veil, femme de droit et de justice est la première femme politique à être nommée au poste de ministre de la Santé. En 1974, sa loi sur l’IVG révolutionne le quotidien des femmes. Cette loi sera renforcée par la loi Veil en 1975. Elle poursuit sa carrière politique en devenant présidente du Parlement européen. Elle y restera de 1979 à 1982. Enfin, de 1993 à 1995, elle est nommée ministre des Affaires sociales, de la Santé et de la Ville.

Simone Veil au Panthéon : un hommage tronqué ? - Revue Des Deux Mondes

A travers son parcours politique, nous pouvons y voir une icône politique, féministe et courageuse; elle qui est revenue des camps de la mort. Toutes ces femmes ont, à leur échelle, apporté une pointe de progrès. Encore aujourd’hui, une multitude de femmes œuvrent dans l’ombre des hommes, mais leurs travaux n’en sont pas moins bons. Peut-être seront-elles les figures de demain que le monde ne sera pas près d’oublier.

Et vous, quelle figure féministe vous inspire le plus ?

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