Fiction présidentielle : fin de la longue traîne politique

Fiction présidentielle : fin de la longue traîne politique

J’ai eu un rêve, celui de devenir Présidente de la République. Nous y avons tellement cru (moi en tout cas) que dans ma schizophrénie il s’est réalisé. Et même deux fois : j’ai fait un second quinquennat. Vous avez revoté pour moi et quinze ans après j’en fais mon bilan mémoriel. J’ai le droit de rêver, vous aussi d’ailleurs. C’est la fin. Je n’attendais plus que ça.

Puis le second quinquennat

En 2027, de nouvelles élections présidentielles ont eu lieu. Je me retirais officiellement de la vie politique, considérant que j’étais parvenue à donner la bonne impulsion et que je pouvais enfin retourner cultiver mon jardin. Or, tous les Français me contraignirent à me représenter, et je fus alors réélue pour un second mandat, encore dès le premier tour et avec un pourcentage de voies digne des républiques bananières ou des démocraties dictatoriales postcoloniales.

Les années suivantes continuaient l’aventure que j’avais déjà initialisée. Chaque jour était différent, mais les grands axes étaient tracés. Il n’y avait plus qu’à les suivre. C’est donc inutile que je revienne sur les détails.

Un effet collatéral de ma popularité

Chose incroyable et inattendue en 2026, lorsque j’annonçais que je ne me présentais pas pour un second mandat (seule promesse non tenue), quatorze pays européens et cinquante-huit autres, dont trois États américains, m’appelèrent à devenir leur représentant.

Cela a commencé par un sondage d’un magazine allemand ou anglais (je ne sais plus), qui a révélé que de nombreux Belges, Roumains et d’autres nationalités m’auraient « bien voulu comme Présidente ». Cet article a été comme une traînée de poudre : d’autres sondages partout dans le monde sont venus relayer cette idée, et dans certains pays des manifestations se sont montées à la limite du coup d’État, pour m’appeler à être leur Première Ministre, Présidente, Sénatrice ou Générale en chef. Pour éviter tout incident diplomatique, j’ai alors répondu lors d’un discours officiel à l’ONU :

« J’ai pu rendre à la France sa grandeur, car je suis Française. Il existe dans chaque pays une femme ou un homme pour vous élever à votre plus haute beauté. Ne le choisissez pas par ses beaux discours, ses inutiles études, ou sa belle famille, mais écoutez votre instinct. »

Après le retour au calme, nous pouvons reconnaître que cette petite crise a contribué activement à la propagation de notre programme. La planète nous en remercie encore quotidiennement. Ce n’est pas complètement la fin.

La diplomatie papale

En 2029, le pape B* vint à Paris. Nul n’oublie que lors d’une messe officielle à Notre-Dame, il me sacra Impératrice, de sa propre initiative. L’honneur est encore pour moi immense. Je suis devenue Bénédicte II, Impératrice des Français et de la France.

Cette médaille n’a rien changé au quotidien de tous, mais les Français manifestaient tous leur fierté à avoir une Présidente au titre honorifique d’Impératrice : plus de fierté encore que je ne pouvais en avoir moi-même. Même si cet honneur symbolique ne dura que le temps de ma présidence. C’est déjà la fin.

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La fin de l’histoire

Ainsi le monde repartait enfin dans la bonne direction, et je dus à mon tour laisser la place. Plus tard, avec trois de mes très proches, j’organisais ma disparition en mer, lors d’une tempête dans l’Océan Indien. À la date du 4 janvier 2033 j’étais officiellement disparue et considérée juridiquement morte.

Depuis, je me fais appeler Marie-Louise A*, herboriste et poétesse, peintre du dimanche dans la ville de B*. Je m’occupe de ma tendre famille, et je philosophe sur le temps qui passe.

Enfin nous voilà réunis. Le bilan de cette aventure est aujourd’hui définitivement clos… Je l’espère sincèrement, je suis fatiguée. En 20 ans, nous avons réussi à changer définitivement la face du monde et je vous en remercie.

Alors fin ?…

Par Bénédicte, future herboriste et poétesse

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