Le groupuscule d’extrême droite Génération identitaire a été dissout le mercredi 3 mars par le Conseil des ministres. Cette décision met fin à huit années d’actions racistes incitant à la violence commises en bande.
Mieux vaut tard que jamais. Le conseil des ministres a prononcé la dissolution de Génération identitaire. Ce groupuscule d’extrême droite incitait « à la discrimination, à la haine et à la violence envers des individus en raison de leur origine, de leur race et de leur religion », a précisé Gérard Darmanin dans le décret relayé sur Twitter.
Fin janvier, le ministre de l’Intérieur avait d’abord avoué se pencher sur la question. Une prise de conscience faisant suite à l’opération anti-migrants menée par Génération identitaire dans les Pyrénées. Puis, l’occupant de la place Beauvau avait ouvert une enquête préliminaire pour « provocation publique à la haine raciale ». Enfin, le 13 février dernier, les choses se sont accélérées lorsque Gérard Darmanin a engagé la procédure de dissolution conclue ce mercredi 3 mars.
Génération identitaire dans la tourmente médiatique depuis le début de l’année
Parallèlement, la porte-parole du mouvement, Thais Escufon, a multiplié ses apparitions sur les plateaux de télévision, révélant au grand public l’existence du groupuscule et le fond de la pensée de ses membres. La jeune femme de 21 ans avait offert des sorties aussi mémorables que vectrices de haine.
Une exposition qui a desservi le mouvement puisque sa dissolution a été proclamée. Tout compte fait, un mal pour un bien et surtout un soulagement pour de nombreuses associations, dont SOS Racisme, alertant depuis des années sur la dangerosité de Génération identitaire.
Effectivement, le groupuscule a traîné huit années d’expérience derrière lui. Fondée en 2012, l’association d’extrême droite a cumulé actions anti-migrants, propos racistes et liens avec des terroristes.
Oui, un terroriste a financé l’association. À vrai dire, il s’agit de Brenton Tarrant. L’homme, qui a tué 51 musulmans dans des mosquées à Christchurch en Nouvelle-Zélande en 2019, était «membre bienfaiteur» du groupuscule. Une information rapportée par Tracfin et relayée par Libération. C’est dire le type de mentalité qu’attire le mouvement.
« On veut un référendum sur l’immigration »
Deux mots hantent les pensées des membres de Génération identitaire depuis sa création en 2012 : « immigration » et « islam ». Ainsi, leur première action en bande a consisté à envahir le toit d’une mosquée de Poitiers. « On veut un referendum sur l’immigration et la construction des mosquées en France », insistait l’un des membres en ligne avec les forces de l’ordre qui tentaient de les faire descendre.
De surcroît, les membres de Génération identitaire ne se sont pas arrêtés là. Manifestation au siège du PS, campagne « »anti-racailles », rassemblement devant le Bataclan, invasion de la CAF de Bobigny, etc. Les actions se sont multipliées au fil des années de sorte que les membres prolifèrent leur haine.
Lors d’une des manifestations organisées par la famille Traoré en soutien à Adama, victime présumée de violences policières, le groupe a par ailleurs encore frappé. « Justice pour les victimes de racisme anti-blanc », pouvait-on lire sur une banderole déployée du haut d’un immeuble parisien. Le racisme anti-blanc… Un concept controversé. Peut-on ériger à l’échelle du racisme des discriminations envers une personne blanche ?
Il s’agissait de l’avant-dernière action de Génération identitaire. Celle-ci a ouvert le débat en juin 2020, celle menée au col du portillon l’a fermé. Malgré cela, les pensées haineuses des membres persisteront.
Un premier pas a été fait en dissolvant cette association mais ce n’est pas dit que les membres ne se réunissent pas à nouveau sous un autre nom. Finalement, Unité radicale était l’ancêtre de Génération identitaire, Génération identitaire sera peut-être l’ancêtre d’un nouveau mouvement.
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