Abou Tall est un rappeur parisien. Si son nom ou sa voix ne vous est pas inconnu, c’est parce que cet artiste a déjà une belle carrière. Il s’est notamment fait connaître avec Dadju et leur groupe Shin Sékaï. En septembre dernier, il a sorti son premier album Ghetto Chic. Nous avons pu échanger avec lui autour de cet album et de sa carrière. Nous vous invitons à lire l’interview pour en apprendre plus ! Qui a dit qu’on ne pouvait pas être Ghetto et Chic ?
Ô Magazine. Bonjour Abou Tall ! Est-ce que tu peux te présenter ?
Abou Tall. Bonjour, alors moi c’est Abou Tall, je suis un rappeur de Paris. J’ai sorti un premier album qui s’appelle Ghetto Chic et voilà tout.
Ô Magazine. Tu fais de la musique depuis un moment maintenant et tu as été connu avec le groupe Shin Sékai. Est-ce que tu peux nous retracer ton parcours et tes débuts dans la musique ?
Abou Tall. Exactement ! J’ai commencé à rapper à peu près vers 12-13 ans. Je rappais dans un groupe qui s’appelait Classé X, après j’ai commencé un projet solo. Ensuite, j’ai commencé un groupe qui s’appelle Shin Sékaï, on a sorti trois projets ensemble, jusqu’à 2016. Et depuis 2016, me voilà en solo.
Ô Magazine. Comment as-tu vécu ces premiers succès ?
Abou Tall. Ben écoute, je les ai très bien vécus ! J’étais jeune, j’avais 20 ans. Ça m’a donné l’opportunité de faire de la musique déjà professionnellement, gagner ma vie, faire pas mal de concerts. Donc franchement, c’est de très beaux souvenirs. Et je pense qu’il y a plein de rappeurs qui rêvent de ça. Franchement, c’était trop beau, c’était bien.
Ô Magazine. Tu as sorti ton premier album solo en septembre dernier. Est-ce que tu peux nous le présenter ?
Abou Tall. Alors, cet album il s’appelle Ghetto Chic. C’est un album qui me ressemble parce que je suis un peu des deux, je suis ghetto et je suis chic. Dans mon style vestimentaire, dans mon propos, dans ma manière d’aborder la musique. Je trouvais que c’était une définition qui me convenait bien et qui convenait bien à cet album. Musicalement, parce que ça réunit un peu toutes mes influences, c’était vraiment quelque chose que je voulais pour mon premier album. C’était très important pour moi, pour mon premier projet solo, d’avoir quelque chose qui me ressemble dans un sens et qui me présente plus ou moins.
Ô Magazine. Quelles sont tes influences musicales ou les artistes qui t’inspire et que l’on peut retrouver dans tes morceaux ?
Abou Tall. T’as Kayne qui m’inspire beaucoup, Pharrell, Kendrick, t’as Dadju bien sûr qui m’inspire beaucoup, voilà c’est essentiellement mes influences. Après y’a la bossa nova aussi, la musique brésilienne que j’aime beaucoup. Ça, c’est principalement mes influences.
Ô Magazine. Qu’est-ce que tu dirais aux personnes qui n’osent pas trop écouter du rap, qui ne se sentent pas légitimes ou qui pensent que ce n’est pas accessible ?
Abou Tall. Ben aujourd’hui, c’est la musique la plus populaire, donc y’a vraiment tout le monde qui est légitime d’écouter du rap. C’est des questions qu’on pouvait se poser peut-être il y a dix ans. Mais aujourd’hui, il y a vraiment un rappeur pour un individu. Dans le sens où, il y a tellement de styles de rappeurs différents, que je pense que tout le monde peut se retrouver dans un rappeur.
Ô Magazine. Est-ce que ça a été compliqué de te lancer en solo, de sortir ton premier album et donc de te détacher de l’image Shin Sékaï ?
Abou Tall. Franchement, très honnêtement, l’image Shin Sékaï, ça n’a pas été difficile parce que ce n’était pas spécialement mon image et que j’ai une personnalité forte. Donc, créer mon propre truc, je ne pense pas que ce soit le plus difficile. C’est toujours et ça a toujours été quelque chose qui était en moi. Ça veut dire que je rappais avant Shin Sékaï et je rappe après Shin Sékaï tu vois, donc c’est vraiment pas un problème.
Ô Magazine. Est-ce que le fait de connaître le milieu, certains artistes, ça t’a aidé dans la construction de ton projet ?
Abou Tall. Connaître certains artistes oui, déjà ça m’a permis d’avoir des featurings ! Et dans un second temps, ça me permet aussi d’avoir une certaine expérience. Ça fait pas mal de temps que je suis dans la musique maintenant, j’ai appris pas mal de chose professionnellement et j’ai fait des erreurs par le passé qui me permettent de ne plus les reproduire et d’évoluer. L’expérience tout simplement, apprendre plein de choses. J’étais dans un label ou il y avait beaucoup d’artistes, on communiquait beaucoup entre nous. On échangeait beaucoup donc ça m’a énormément appris.
Ô Magazine. C’est de l’expérience au sens large.
Abou Tall. Bien sûr, bien sûr. C’est de l’expérience dans tous les aspects. À force de pratiquer. C’est en forgeant qu’on devient forgeron, donc en pratiquant, on apprend.
Ô Magazine. Est-ce que de tes débuts à maintenant, il y a des choses qui ont changé ? Sur la notion de succès, de réussite et sur ta vision de la vie ?
Abou Tall. Ouais, ouais, ouais ! Ben, c’est sûr oui, parce quand j’étais plus jeune, je ne faisais pas ça pour percer, vraiment pas ça pour percer. Je faisais ça par kiff, réellement par passion et aujourd’hui peut-être de manière un peu plus intéressée on va dire. On va dire que j’ai envie que ça marche ! J’ai envie d’avoir du résultat et tout ça tu vois. Donc, le sens des débuts, on va dire qu’il n’est plus vraiment là (rires).
Ô Magazine. Tu exerces peut-être maintenant ton métier pour avoir une vie confortable plus que par passion ?
Abou Tall. Non, pas plus ça que par passion, la passion elle y est toujours. Elle y est ! Ça veut dire qu’au début, j’étais là vraiment de manière désintéressée, ça veut dire que je ne regardais même pas mes vues ! Je regardais rien, rien, rien. À l’époque où j’ai commencé, on calculait pas trop ce genre de chose. C’était le début de YouTube, c’était le début de plein de choses. Donc, j’allais à l’école, je faisais de la musique, j’en faisais vraiment beaucoup, beaucoup, mais je m’en foutais complètement. Ça veut dire que je pouvais avoir un million de vues, je n’aurais même pas été au courant sauf si on était venu me voir dans la rue. Mais aujourd’hui voilà, c’est sûr que je le fais un peu plus professionnellement. Donc, bien sûr que je le fais toujours par passion. Mais c’est surtout ça qui a changé, c’est les chiffres en vrai. Regarder les chiffres et voilà, en même temps j’ai grandi, je ne suis plus un étudiant, je n’ai plus 20 ans.
Ô Magazine. Est-ce qu’avec cette course aux chiffres, tu n’as pas peur que ça altère ta passion ? D’aimer toujours la musique mais de le faire machinalement ? De faire de la musique pour faire de la musique ?
Abou Tall. Franchement, honnêtement, moi je suis incapable de faire de la musique que je n’aime pas. Je suis incapable de faire de la musique que je n’aime pas, sinon je ne suis pas content. Et donc, non franchement, je n’ai pas peur de ça pour le coup.
Ô Magazine. Justement, que penses-tu de cette nouvelle génération dans le rap ou dans la pop urbaine ? Il y a des artistes qui font beaucoup plus de buzz qu’autre chose. Qu’est-ce que tu en penses toi ?
Abou Tall. Ben, moi, je trouve déjà qu’il y a énormément de choses lourdes. Aujourd’hui, dans la musique que ce soit dans la pop urbaine, dans le rap, dans tous les styles de rap qui puissent y avoir, je pense qu’il y a des trucs lourds partout. Et après, les gens qui font du buzz, y’en a pas beaucoup qui durent longtemps. Je ne pense pas que le mec qui a fait la danse des canards il avait une revendication particulière, à part faire marrer les gens et prendre du bon temps. Ben, c’est la même chose aujourd’hui. Y’a des artistes qui font des chansons moins profondes, mais ça ne veut pas pour autant dire qu’elles ne sont pas bien. Moi, je serais peut-être incapable de faire ce qu’ils font et réussir à toucher les gens et à faire rire, c’est un talent aussi tu vois. Tout le monde ne peut pas le faire. Sinon, tout le monde prendrait de l’argent à le faire. Mais non, non, c’est qu’il faut quand même un certain savoir-faire, donc je respecte !
Ô Magazine. Est-ce que le Covid a beaucoup impacté ta vie professionnelle ?
Abou Tall. Ben depuis le début clairement ! Surtout pendant le premier confinement. À cause du Covid, j’ai repoussé déjà un peu la sortie de mon album, de un. De deux, ça a bouleversé un aspect qui est très important pour nous, artistes, c’est les concerts. Tout ça, ça a sauté. Pendant le premier confinement, pas de studio. Bien sûr que ça a impacté. C’est sûr que ce n’est pas comme si il n’y avait pas le Covid tout simplement. C’est impossible que ce soit pareil.
Ô Magazine. Est-ce que ça t’a permis d’être plus productif ?
Abou Tall. Non, non, non. Moi ça ne m’a pas permis d’être plus productif. J’aime pas rester enfermer à la maison. Je ne fais pas de la musique en étant enfermé à la maison. Donc non, ça ne m’a pas du tout permis d’être plus productif.
Ô Magazine. Est-ce que tu as d’autres objectifs, d’autres buts à atteindre dans la musique, d’autres projets ?
Abou Tall. D’autres projets ? Bien sûr, bien sûr ! J’ai d’autres projets. Ben déjà, j’ai envie de ressortir un projet de musique très rapidement et j’aimerais bien monter, monter, monter. Monter un concert aussi, si le Covid nous le permet. Pourquoi pas la production d’artistes ?
Ô Magazine. Un petit mot pour la fin ?
Abou Tall. Oh, je n’ai pas grand chose à dire à part que Ghetto Chic est un album incroyable et qu’il faut aller l’écouter. Merci Abou Tall pour cette interview et on espère te revoir très vite ! N’hésitez pas à aller écouter son premier projet solo sorti en septembre dernier !