Le salon du dessin, pour revivre d’empreinte du monde dans l’homme

Salon du dessin 2022

Du 18 au 23 mai, retrouvez le Salon du Dessin au Palais Brongniart (16 place de la Bourse à Paris). Il reste important de visiter la force sereine de cette exposition-vente. Et plutôt que d’hésiter dans l’acquisition de votre coup de cœur, que ce soit une gravure originale ou un premier fusain, pensez à ce qu’est réellement le dessin, cette quintessence de l’art de la représentation.

Composition

Le Salon du Dessin s’ouvre ce printemps pour sa 30e édition. Des Galeries dispersées partout dans le monde s’y réuniront pour présenter ce qui est pour eux, et pour chacun de nous, un dessin. Des fusains, des encres, des traits, des esquisses, du pastel.

Le dessin se décline comme œuvre depuis eux XIXe siècle, depuis la question du commencement de l’art. Non pas la question de la première fresque (ou plutôt, du premier dessin pariétal), mais de quand l’œuvre se fait œuvre… À quel instant l’artiste doit arrêter ses ajouts de touches, parce que tout est fait, parce qu’un petit ajout encore ferait perdre la vérité.

Une œuvre peut être faite sans être finie, écrivait Baudelaire au cours d’un salon. De ce mot le dessin acquit le statut d’œuvre. D’un coup de lettres posées sur un article par le plus brillant des poètes. Ironie de l’Art, qu’il fallut un détour littéraire pour que soit dévoilé la puissance esthétique des lignes de brouillons, des morceaux inachevés que l’on a tant jeté.

L’intelligence devenue art

La compréhension vient de la rencontre entre notre perception si éphémère et singulière, et nos idées si lourdes et structurantes. De l’un à l’autre des extrêmes, navigue la peinture. Au milieu, flotte sans inquiétude le dessin.

Lignes propulsant la forme. Gribouillis exposant le mouvement. Noir des ombres. Ombres des creux, et ombres des secrets cachés. Lumière visible pas le blanc laissé sans une touche de crayon. Humeurs présentent au travers une mine appuyée jusqu’à la déformation du papier. Lavis des souvenirs et aquarelles disposées selon un juste hasard. Le dessin.

Le dessin est le schématisme du monde, que seule l’intelligence humaine (très humaine) peut créer, dans les pluralités des perceptions et des esprits.

Aucun animal ne reconnaîtrait un dessin, pas tel que nous le percevons. Son sens, son sentiment, son idée. Il y a tant d’humanité dans le dessin : il ne figure pas. La richesse d’un dessin n’est pas dans la ressemblance, mais dans la perception. Rien n’apparaît d’en soi au travers un dessin, mais une perception se construit de l’esprit de son auteur, à celui du spectateur. Cette perception n’est pas une idée, mais le monde qui se fait.

Le dessin est l’instant de perception où le brouhaha des sensations devient l’idée la plus claire.

Visiter

Le bonheur du Salon du Dessin de Paris est de pouvoir vivre à pas feutrés ces moments d’esthétique. Une mise en scène des galeries qui valsent dans des rythmes changeants et saccadés. L’esprit s’enivre, découvre, perçoit et vit.

Puis un dessin restera accroché à votre cœur, plus que les autres. Je vous le souhaite. Ce sera celui dont la place ne sera plus dans une visite, mais bien auprès de vous. Et la perception se fait acte, et vivre le dessin devient acquérir ce dessin. À ce moment, votre joie se transformera en bonheur.

Par Bénédicte, philosophe esthétique

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