Violences conjugales en période de confinement : réagissons !

violences conjugales et confinement : réagissons !

Le bilan est tombé jeudi : plus de 30% d’augmentation des violences conjugales depuis le début du confinement. Alors que le gouvernement prolonge le confinement jusqu’au 15 avril, on estime que 200 000 femmes sont confinées avec un conjoint violent en France. Les associations spécialisées lancent un signal d’alerte pour prendre des mesures afin de les protéger. 

En France, on a atteint le pic de contamination malgré le confinement imposé. Le gouvernement prolonge donc le confinement jusqu’au 15 avril, avec des règles de sécurité durcies. La semaine dernière, cette vidéo d’un homme frappant violemment sa femme à Genève secouait les réseaux sociaux. Cette dernière reflète les inquiétudes des structures spécialisées : le confinement est un terreau propice aux violences conjugales.

Lundi 23 mars, une femme est morte sous les coups de son mari.  C’est le premier féminicide du confinement. « La crise sanitaire augmente le danger pour les femmes et les enfants victimes de violences », a réagi Caroline De Haas du collectif #NousToutes, sur Twitter. Le collectif a même lancé une pétition pour mettre en place un plan d’urgence afin de protéger les victimes.

Les risques d’augmentation des violences conjugales en période de confinement

Depuis le confinement, les gendarmeries et postes de police ont fait le constat d’une hausse de consommation d’alcool à domicile. En effet, on ne consomme plus d’alcool dans les bars, du fait de leur fermeture, mais à domicile. Cet abus de beuverie, additionné au contexte de peur causé par le confinement, inquiète fortement les associations défendant les victimes de violences conjugales. 

En effet, le confinement imposé à cause du Coronavirus, pose le risque de montée d’un cran des violences conjugales. Chez un couple confiné où il n’y pas d’antécédent violent, la fatigue et le stress peuvent être facteurs de premières violences. Dans un couple confiné où il existe déjà de la violence psychologique, elle peut s’accentuer en violence physique. De même, chez un couple confiné où le stade des violences physiques est déjà atteint, le risque de féminicide devient plus élevé. 

« Devoir cohabiter ainsi, 24 heures sur 24, c’est une souffrance constante », explique la directrice d’un foyer d’hébergement des Hauts-de-Seine. En effet, pour ces victimes de violences conjugales, leur seul moment de répit est lorsque le conjoint quitte le domicile. Mais alors que le confinement impose de rester chez soi, il est certain qu’un tel huis clos met en péril la sécurité des victimes.

Les professionnels sont inquiets. Caroline De Haas, membre du collectif #NousToutes lance un signal d’alerte. En effet, elle s’inquiète aussi d’une éventuelle augmentation « des cas de viols conjugaux ». Elle estime qu’il y aura des services hospitaliers perturbés et donc de nombreuses femmes hors délai pour accéder à un avortement. Néanmoins, les ministres Olivier Véran, et Muriel Pénicaud ont récemment refusé d’aménager l’accès à l’IVG en période de crise sanitaire.

Les conséquences du confinement pour les victimes de violences conjugales

Les victimes exposées au danger

Plusieurs associations anticipent une baisse drastique du volume d’appels quotidiens des victimes. La raison en est évidente : confinées avec un conjoint violent, il devient impossible pour les victimes de s’isoler afin d’appeler à l’aide. Avec le confinement qui se durcit, les moments où elles se retrouvent seules se font de plus en plus rares. De plus, les associations font face à une situation complexe : elles n’osent pas appeler les victimes suivies, de peur de les exposer davantage au danger. Marlène Schiappa sonne le signal d’alerte.

Les traumatismes des victimes de violences conjugales amplifiées

Selon les spécialistes, le confinement met en arrêt toute dynamique dans laquelle les victimes sont lancées une fois qu’elles ont pris la décision de quitter le domicile. « Ça retarde tout. Quand vous décidez de partir, vous êtes dans une dynamique. Là, tout est arrêté ». Ce contexte anxiogène a des répercussions non seulement sur les femmes, encore coincées avec leur bourreau, mais aussi sur les femmes qui s’en sont sorties. En effet, seule dans des hébergements spéciaux, les victimes peuvent ressentir un regain de traumatisme lié à leur enfermement. « C’est un climat très anxiogène, certaines décident donc de retourner au domicile conjugal », décrète Delphine Beauvais, directrice du pôle violences faites aux femmes de l’association Solfa.

Les solutions mises en place pour accompagner les victimes pendant le confinement

Contacter les numéros d’urgence en période de confinement

Même si les occasions de s’isoler s’amenuisent à mesure que le confinement se durcit, le 3919, numéro national d’accueil des victimes de violences, reste ouvert du lundi au samedi, de 9h à 19h. « En fonction de l’évolution de la situation on va essayer d’augmenter les plages horaires », précise Françoise Brié, présidente de la Fédération Nationale Solidarité Femmes.

Désormais, les structures privilégient les contacts en ligne ou par sms, dont elles relaient les informations sur les réseaux sociaux. La plateforme Arrêtons les violences regroupe les numéros d’urgence à appeler et permet le signalement en ligne. 

Par exemple, SOS Femmes 49, à Angers, a créé une adresse mail à cet effet : urgence.covid19@sosfemmes49.fr. 

Les associations de Nancy, Metz, Nice, Alès, Lille ou de Paris, peuvent être jointes grâce un numéro de téléphone portable. Pas besoin de se mettre en danger, l’envoi d’un SMS suffit.

Faire appel aux forces de l’ordre en toute discrétion pendant le confinement

Les professionnels sont d’accord pour dire que la sécurité des femmes victimes de violences conjugales est primordiale. Si des femmes veulent quitter leur domicile en raison de sévices, elles peuvent se rendre au commissariat, sans craindre d’enfreindre les consignes sanitaires, afin de le signaler à la police. 

 Jeudi dernier, le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner a affirmé que ces violences avaient augmenté de 33%. De ce fait, le gouvernement a mis en place un dispositif de signalement en pharmacie afin d’alerter les forces de l’ordre. Sur place, vous pourrez signaler votre insécurité en prononçant les mots « Masque 19 ». De plus, vous pourrez retrouver d’autres points éphémères dans les centres commerciaux à cet effet.

Pour éviter de vous exposer davantage, les spécialistes préconisent l’envoi d’un sms au 114 afin de contacter les forces de l’ordre et de supprimer le message. Autre alternative : la plateforme Arrêtons les violences, qui fonctionne 24 heures sur 24. Elle permet aussi de signaler des violences en échangeant en direct avec les forces de l’ordre. 

Déroulez le tweet afin de retrouver toutes les références pour joindre un centre téléphonique d’aide en Île-de-France

De plus, vous pouvez télécharger l’application App-Elles. Cette application déclenche un appel discret vers trois proches de confiance, des numéros d’urgence et sur la plateforme de signalement du ministère de l’Intérieur. Grâce à cette appli, vous pouvez vous faire géolocaliser immédiatement. 

« Sortir est interdit, fuir ne l’est pas »

Malgré les structures déjà saturées, les foyers d’hébergement restent ouverts pour les femmes ayant besoin d’une solution d’urgence. Françoise Brié se mobilise afin de « demander des financements de nuitées hôtelières pour les associations de [leur] réseau », qui regroupe 67 associations de lutte contre les violences faites aux femmes. 

La Secrétaire d’État chargée de l’Égalité Homme-Femme, Marlène Schiappa, a affirmé avoir pris plusieurs dispositions afin de protéger les victimes. 

Il est primordial de faire cesser la cohabitation, lorsque celle-ci est dangereuse

Nicole Belloubet, ministre de la Justice

En effet, le traitement des affaires de violences conjugales est maintenu, malgré les juridictions tournant déjà au ralenti. Ordonnances de protection, audiences correctionnelles pour les mesures de détention provisoire et de contrôle judiciaire, et procédures d’urgence devant le juge civil notamment pour l’éviction du conjoint violent seront assurées, maintient la ministre de la Justice, Nicole Belloubet, dans un communiqué. 

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