The Island List : la passion pour les îles européennes de Mélanie Habib (2/2)

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Suite de l’interview de Mélanie Habib, à l’origine du site magnifique et onirique theisland-list.com qu’elle consacre aux îles européennes. Dans un premier article, nous avons présenté son profil de passionnée de voyages. Nous avons aussi évoqué sa méthodologie pour nous parler de ces îles, à partir de sensations traduites en photos et en récits d’observations et de rencontres. Nous abordons à présent sa philosophie altruiste, à mille lieux de toute préoccupation mercantile. Elle met son site au service d’un tourisme 2.0, écologique et durable. Et elle évoque avec nous quelques souvenirs glanés au cours de ses voyages…

Article rédigé par : ZIEL Jérôme

Mélanie Habib veut-elle devenir influenceuse avec son site theisland-list.com ?« Jamais ! Je n’ai pas envie d’influencer le public. Au début, je ne voulais même pas mentionner d’adresses (hôtels, restaurants) car je craignais que cela ne décrédibilise mon projet. Alors, même si le site demande beaucoup de temps, d’efforts et un peu d’investissement financier, je ne recherche aucune monétisation ».

Une présentation thématique des îles sur le compte Instagram de Mélanie Habib

Loin de toute préoccupation mercantile, elle a recours à Instagram pour son côté visuel. Elle promeut ainsi une île différente toutes les trois semaines, en réemployant certaines des photos déjà postées sur le site. Parfois, elle fait des séries thématiques, évoquant plusieurs îles dans le même post. Cela concerne par exemple « le vélo dans les îles ».

Dans un autre post Instagram intitulé « island life is better », elle montre des scènes d’enfants vivant sur les îles. Le public réalise alors qu’ils ont une vie bien différente de celle des enfants des villes. Elle montre la liberté totale dont ils jouissent. « Ce sont de petites îles où tout le monde se connaît. Les parents sont peu présents. Alors, en sortant de l’école, les enfants vont se baigner, tout simplement ».

Si un office du tourisme venait à apprendre l’existence de son site et lui demandait de mettre en avant une île, cela serait formidable. « J’accepterais qu’ils participent au financement de mon reportage en prenant en charge mes frais de voyages, par exemple. Au-delà de cela, je refuse de faire de la pub. Je ne veux pas non plus nouer de partenariats avec des marques ».

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Île de Vis, Croatie (c) theisland-list.com

Pour un tourisme 2.0 : soucieux de l’environnement, durable et équitable

Mélanie préfère promouvoir un tourisme positif et durable, avec un impact environnemental minimal. Cela favoriserait le partage avec les populations locales, dans un échange équitable. Quand on le peut, pourquoi ne pas soutenir les fermiers locaux en leur achetant directement leur production ? « C’est ce que je fais quand je vais à Ibiza, par exemple », explique Mélanie. À cet égard, elle pense que le confinement a accéléré une certaine prise de conscience par rapport à la frénésie des voyages et la surconsommation touristique. « Ces excès, je les ai aussi vécus moi-même », avoue Mélanie sans fard.

Après un temps d’arrêt, elle poursuit : « The Island List représente peut-être un mea culpa freudien de ma part. Il répond à une envie de ralentir en tout cas, de contempler, savourer, d’être moins superficielle. Je souhaite être en mesure de prendre du plaisir à faire des choses simples. Un peu à l’image du livre ‘La Première Gorgée de bière et autres plaisirs minuscules’, de Philippe Delerm ».

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Île de Levanzo, Italie (c) theisland-list.com

Les îles du sud, une passion pour Mélanie Habib

Les plaisirs minuscules, Mélanie a pu en savourer lors de ses pérégrinations. Par exemple, sur la petite île de Levanzo à Favignana (5 km² seulement), il n’y a que deux bars et une supérette. Certains ne voudront pas y rester plus de deux heures. D’autres pourront y passer quinze jours avec trois livres.

Généralement, dans les îles du sud, la vie se passe très tôt le matin (entre six heures et neuf heures) et tard le soir. Dans l’intervalle, les villages sont déserts, car il y fait tellement chaud ! Les gens vont à la plage, puis ils font la sieste. À Marettimo, près de la Sicile, Mélanie a eu le privilège d’assister au ballet des pêcheurs. Elle a même pu monter dans leurs embarcations. Si elle était arrivée à 14 heures, elle aurait loupé cette scène d’anthologie !

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Au sein d’un même archipel : des îles si proches et pourtant si différentes

Pour classer les îles en grands ensembles, on peut les rattacher à leur archipel d’appartenance. Si on prend la Grèce, par exemple, nous avons l’archipel des Cyclades, du Dodécanèse, les îles saroniques ou ioniennes. Les Cyclades partagent une architecture commune, caractérisée par les fameuses maisons blanches aux volets bleus. Par opposition, les îles du Dodécanèse ne se rattachent en rien à cet ensemble architectural. Par exemple, l’île de Symi fait plutôt penser à l’Italie.

Certains archipels diffèrent d’une île à l’autre. Si on prend les Canaries, nous avons de grandes variations entre Lanzarote, Fuerteventura ou Gran Canaria. Certes, toutes ces îles sont volcaniques. Fuerteventura et Lanzarote, par leur proximité avec le Maroc, ont un climat désertique, chaud. Si on s’éloigne vers l’ouest, nous trouvons El Hierro, plus vert, montagneux et agrémenté de cascades. Pourtant, nous sommes toujours au sein des Canaries !

Ibiza : au-delà de la ‘party island’

Si on se déplace sur l’archipel des Baléares, Ibiza constitue un énorme hub touristique dédié à la fête. Selon Mélanie, « l’été, c’est invivable, effectivement. Cependant j’y ai emmené des amis, dont certains étaient déjà allés sur place. Je leur ai montré mes endroits, hors saison. Ils m’ont dit qu’ils avaient l’impression d’être sur une île complètement différente. Car s’il est vrai qu’Ibiza concentre des lieux dédiés à la fête en certains endroits, d’autres lieux sont absolument délicieux ». Notre interlocutrice utilise donc son site pour combattre certains aprioris.

À Ibiza, on a la liberté d’être soi et d’assister comme nulle part ailleurs à la coexistence pacifique et joviale de mondes incroyablement différents sur un territoire restreint. L’île est réservée aux ouverts d’esprit et aux humanistes.

Mélanie Habib (c) theisland-list.com

En Croatie, Mélanie évoque les îles de Vis et Lastovo. Ces dernières présentent la particularité d’avoir été fermées au public jusqu’en 1982, car elles abritaient d’importantes bases militaires. Elles se sont donc développées en autarcie, à l’image de leur agriculture, ce qui perdure encore aujourd’hui. « Je n’ai jamais aussi bien mangé ! Tout est fait sur place à partir de produits locaux. C’est fantastique ! Ces îles demeurent de véritables microcosmes ».

Les îles du nord, l’autre passion de Mélanie Habib

Les îles septentrionales plairont aux amateurs de calme, car elles sont moins fréquentées, même si elles suscitent un intérêt croissant. Mélanie a pu le constater dans les messages que les internautes lui envoyaient. Depuis plusieurs années, certaines destinations nordiques ont le vent en poupe. C’est le cas de l’Islande, par exemple.

Ceux qui recherchent des séjours nature seront comblés par ces destinations ! L’île de Texel, par exemple, située dans la mer des Wadden, se trouve à une heure et demie d’Amsterdam. Elle est accessible par le Thalys jusqu’à Amsterdam. Il faut ensuite prendre un train régional, puis un bus. Sur place, tout se fait à vélo. De même, les îles danoises, ou encore les Shetlands, en Grande-Bretagne, s’offrent à tous ceux qui recherchent verdure, grands espaces et fraîcheur.

À l’avenir : davantage d’interviews immersives

Mélanie regrette de ne pas avoir pu conduire d’interviews approfondies, en raison de la barrière de la langue. « J’aimerais conduire des interviews plus poussées, afin de présenter quelques personnalités locales. Par exemple, à Favignana, je dormais chez l’habitant. C’est une île dont on extrayait le tuf pour construire les palais de Palerme. L’île est donc parsemée de cratères d’excavation. Le logeur chez qui j’étais habitait une maison en bordure de l’une de ces cavités. Un homme qui réparait un volet m’a expliqué que son oncle avait travaillé pendant soixante ans dans ces carrières. J’aurais adoré en savoir plus ». De même, Mélanie souhaiterait interviewer les pêcheurs pratiquant le rituel de la Mattanza, en Sicile. Ils pourraient lui expliquer leur pratique de la pêche au thon traditionnelle.

Au terme de l’interview, lorsque nous demandons si Mélanie a une île préférée parmi toutes celles qu’elle connaît déjà, elle se récrie. « Cela revient à me demander de choisir entre un de mes fils», plaisante-t-elle. Cependant, elle garde un souvenir particulier de l’île de Koufonissi. « Là, je vais m’acheter une bouteille d’eau à la petite superette du coin tenue par une dame très âgée. Je ne parle pas le grec. Pourtant, j’arrive à lui faire comprendre que je pars bientôt sur l’île voisine de Donoussa. Apparemment, sa fille, qu’elle n’a pas vue depuis longtemps, habite là-bas. Elle écrit alors une lettre qu’elle me confie pour elle. J’ai trouvé que nous avions vécu un joli moment : sans se comprendre, ni parler la même langue ! » C’est le type même de souvenirs que nous ramenons avec nous, et qui font tout l’intérêt des voyages…

(Retrouvez la première partie de l’interview de Mélanie Habib en cliquant ici)

Plus d’informations sur : www.theisland-list.com

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