Terra Incognita à Bourges : 3 lieux, une expo de céramiques

Terra Incognita

Plusieurs artistes céramistes se retrouvent autour de Bourges pour proposer trois expositions, trois façons de regarder leurs œuvres. Jusqu’au 25 septembre, nous les retrouvons à la Galerie Capazza à Nancay, jusqu’au 30 août au Centre céramique contemporaine de La Borne, et jusqu’au 18 septembre au Palais JAcques Cœur à Bourges. Œuvres céramiques aux lignes modernes et au caractère parfois dur, qui révèlent le travail exigeant de la terre qui résiste pour mieux paraître dans sa force.

Galerie moderne à Bourges

L’art peut se vouloir moderne. La céramique est un art très alourdi de son image artisanale, pour laquelle chaque production deviendrait un objet, une chose utile jetée là devant la main de l’homme pour contenir des fleurs, des fruits, de la monnaie.

De tous les arts, la céramique est peut-être celui qui se doit le plus d’effort pour sortir de l’artisanat, pour se rendre indépendant de la fonctionnalité, pour inventer son esthétique. Peut-être parce que c’est le plus vieil art du monde. Nos ancêtres cueilleurs faisaient sécher des plats au soleil bien avant de peindre les murs.

Pour devenir art, la céramique cherche la forme pure ou hasardeuse, le dessin libre ou l’aléatoire des émaux. Créant des dunes dorées et brûlées comme une lave éteinte, des rouges sang de langue, des brillances arc-en-ciel ou les plus profondes obscurités. Recréant des formes lourdes et douces, moles et rigides, droites et rugueuses.

La céramique moderne que je vous invite à découvrir est d’abord le cri d’une terre chauffée jusqu’à l’immobilité.

Les artistes

Éric Astoul, Laurence Blasco-Mauriaucourt, Alain Boullet, Françoise Carrasco, Claude Champy, Nani Champy-Schott, Fabienne Clazsen, Dominique Coenen, Isabelle Cœur, Daphne Corregan, Jacky Coville, Nicole Crestou, Suzanne Daigler, Robert Débander, Bernard Dejonghe, Edmée Delsol, Tjok Dessauvage, Etiyé Dimma Poulsen, Christine Fabre, Jean-François Fouilhoux, Corinne Guého, Machiko Hagiwara, Haguiko, Georges Jeanclos et Élisabeth Julia.

Commençons par le château de Bourges

Ces artistes exposent donc en trois lieux. Trois endroits si différents qu’il est curieux de découvrir ce qu’ils apportent en changeant d’environnement. Terminez par le château de Jacques Cœur à Bourges, ou ne faites que lui (si vous ne devez en faire qu’un).

Château médiéval aux couleurs vivent et joyeuses, vidé de ses meubles aux sculptures si fouillées aux linteaux des portes ou de cheminées.

Vous y retrouvez les œuvres céramiques disséminés dans les salles, ouvrant un nouveau regard sur le lieu et sur l’espace. Plus conceptuelle, la réalité s’en retrouve décrite autrement. De la divergence d’expression entre les pièces exposées et les chambres contenant, un dialogue silencieux fait bruit, mettant en animation les divergences de vie d’hier à aujourd’hui. La convergence des extrêmes révèle les goûts personnels du spectateur, l’arrêtant sur ce qu’il voit, et l’invitant à voir plus autour, plus attentivement. La forme si difficile à comprendre fait, elle, interpréter l’univers que l’on croyait connu.

Sentiment que tout reste à refaire.

Continuons le week-end en promenade routière à Bourges

Allez jusqu’à La Borne. Si vous visitez toute la ville, vous rencontrerez d’autres œuvres. Au Centre céramique contemporaine, elles sont cette fois-ci posées et exposées par artiste, dans une scénographie claire et lumineuse, mettant en valeur les possibilités de la terre mise au feu.

Four à gaz, à bois, électrique, jeu de fumées, détails, rondeurs, formes inconnues. Chaque céramique se révèle dans le dialogue muséal assez connu, où les murs disparaissent au profit d’une lumière diffuse qui éclaire les œuvres ensemble. Le tout dans une déambulation de spéculateurs regardant les formes, comparant leurs préférences, hésitant dans leurs achats.

Au fond les fours différents rappellent le travail, ou plutôt l’alchimie du feu, de la terre, de l’eau et de l’air, avec lesquels le céramiste se bat pour faire parler sa terre. La terre gagne toujours.

Originalité et beauté d’une galerie en pleine nature

Vous arriverez à Nancay dans la Galerie Capazza, ou peut-être vous commencerez par là. Superbe lieu perdu loin des ondes de téléphone, au plus près de l’air et du soleil. En pleine nature, à l’ombre des arbres, sur les pelouses.

Une galerie se répand dans le corps de ferme devenu écrin, affichant les artistes que nous avons déjà rencontrés, dans un nouveau dialogue, avec d’autres œuvres que nous méritons de voir ou de revoir.

Moment bucolique et artistique.

Par Bénédicte, en promenade, en céramique

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