Rihanna ou des années d’injonctions à la maternité 

Queen Riri a officialisé la nouvelle le lundi 31 janvier. Elle attend un enfant avec son compagnon le rappeur A$ap Rocky. Cette nouvelle vient alors clôturer des années de harcèlement sur une potentielle grossesse de la chanteuse mais également de questions sur son désir d’avoir des enfants. La pression médiatique qu’a subi Rihanna est un exemple pertinent pour parler de l’injonction à la maternité et de grossophobie. 

Le magazine américain People a publié lundi 31 janvier plusieurs clichés montrant A$ap Rocky, Rihanna et son joli baby bump. Cette nouvelle met un terme (pour l’instant) à des années de suspicions et de rumeurs intempestives sur une potentielle grossesse de la chanteuse. 

Rihanna est une super-star et une artiste pluri-disciplinaire. La jeune femme de 33 ans possède une discographie diverse et collectionne des centaines de récompenses musicales. Mais pas que ! Elle a obtenu le prix de la philanthrope de l’année par l’université Harvard en 2017. La même année, elle est reçue à l’Elysée par le couple Macron pour défendre l’éducation des enfants. C’est également une femme d’affaires redoutable. Ces marques Fenty Savage et Fenty Beauty font un carton. Très récemment la Barbade, son pays natal devenu indépendant, l’a distinguée du titre d’héroïne nationale. Bref, on pourrait continuer pendant longtemps à parler de cette artiste innovante et qui touche à tous les domaines. 

Pourtant, elle subit depuis presque une décennie des rumeurs comme quoi elle serait enceinte. A cause de quoi ? D’un système patriarcal et grossophobe qui ici se traduisent par le fat-shaming et une vie amoureuse scrutée dans le moindre détail. 

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Presque une décennie d’une rumeur-boulet

Les premiers articles relayant cette rumeur datent probablement de 2013. Selon Terra Femina, la chanteuse avait annulé une série de concerts pour des raisons médicales et tout de suite une rumeur de grossesse se répand. Elle finit par la démentir en postant une photo d’elle en maillot de bain avec un ventre plat. Puis, l’année suivante, revient la même rengaine. En 2014, on retrouve des articles qui s’interrogent sur une potentielle parentalité avec le rappeur Drake. Et le schéma se répète à chaque relation que la Barbadienne entretient avec un homme. 

Ce phénomène s’intensifie quand l’artiste prend du poids. Comme la plupart des femmes du monde, Rihanna connaît l’effet yoyo, donc un processus qui entraîne une perte puis une prise de poids rapide. Elle est non seulement moquée sur les réseaux sociaux par ses prises de poids mais son changement rend les rumeurs encore insistantes puisqu’elles vont s’appuyer sur un soi-disant ventre arrondi. 

Ses déclarations sont aussi scrutées au mot près. En 2019, Riri organise un gala de charité. Lors d’une interview elle déclare : “Je suis une femme noire, née d’une femme noire, elle-même née d’une femme noire, née d’une femme noire, et je vais donner naissance à une femme noire”. Cette simple phrase a par la suite attisé la curiosité folle des internautes comme des médias. Tout le monde s’est mis à scruter le moindre bout de peau qui dépasse pour déterminer à combien de mois la star serait enceinte. Pareil en 2020, quand elle révèle à Vogue lors d’une interview qu’elle voudrait “trois ou quatre enfants”. 

La maternité, un critère encore collée à la “féminité respectable”

Cela en dit long sur la société d’aujourd’hui et sur les modèles de féminités dits respectables. Ces rumeurs récurrentes traduisent plusieurs éléments. Premièrement, l’injonction à la maternité c’est-à-dire que les femmes subissent une forte pression à devenir mère. On véhicule également l’idée selon laquelle, il manquerait quelque chose aux femmes qui ne connaîtraient pas la maternité. Que celles-ci passeraient à côté de quelque chose sans même qu’on prenne en compte leur avis sur leur désir d’avoir des enfants. D’où la récurrence des questions qu’on pose à la chanteuse.

Cela pose également le problème de “l’horloge biologique”. La pression qu’on met en effet aux femmes ayant atteint la trentaine pour savoir quand est-ce qu’elles auront des enfants avant d’arriver à la ménopause. Vous savez le fameux “ C’est pour quand les enfants ? Faut se dépêcher hein sinon ce sera trop tard !”. La maternité n’est pas réservée qu’aux femmes en âge de procréer. En 2022, faut-il encore expliquer que le choix revienne aux femmes et qu’il y a plusieurs moyens de devenir mère.

Aussi, ces rumeurs montrent qu’il est encore difficile de sortir du cadre normé par la société. Si avoir une carrière professionnelle est devenue un critère de l’idéal féminin, être mère est une constante dans notre société. On promeut et accepte encore difficilement des modèles de femmes qui ne veulent ou qui n ‘ont pas d’enfants. Il suffit de voir le traitement médiatique subi par Jennifer Aniston. 

La maternité reste encore un critère pour une féminité “acceptable et respectable”. Pourtant, en aucun cas on n’a besoin d’être mère pour être acceptable et respectable. Par ailleurs pour le cas de Rihanna, avec l’annonce de sa grossesse elle aurait atteint “le summum de l’idéal féminin”. Elle serait perçue comme plus acceptable en alliant maintenant maternité et succès professionnel.

Source : Les Innrocks

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