Et si le septième art se mettait en scène ? Comme une parenthèse, nous plongeons dans les coulisses des plateaux, l’effervescence des tournages en devenant des acteurs pour quelques instants. Quand le cinéma s’invite au cinéma.
Chantons sous la pluie, G.Kelly et S.Doren, 1952
Le passage du cinéma muet au cinéma parlant est une révolution à Hollywood ! Le triomphe de ce genre nouveau inquiète les studios Monumental Pictures, au bord de la faillite. Don Lockwood, star du muet, est alors engagé avec sa partenaire Lina Lamont. Problème ? L’actrice a une voix épouvantable. C’est alors qu’entre en scène Kathy Selden, jeune danseuse à la voix mélodieuse. Et si elle sauvait le film en doublant Lina ? Cette production nous offre une plongée réaliste dans le cinéma d’Hollywood de 1927 avec chorégraphies toutes en couleurs et chansons inoubliables. La mise en scène remarquable de cette comédie musicale en a fait un film intemporel. Une perle à voir ou revoir.
Le mépris, J.L Godard, 1963
Le couple de Paul Javal, scénariste, et de sa femme Camille semble uni. Mais Paul est engagé pour finir le scénario de la nouvelle production de Fritz Lang. Voilà les époux s’envolant pour les studios à Capri, en Italie. Le scénariste délaisse Camille, se retrouvant seule avec le producteur du film, Jeremy Prokosch. Naissent alors malentendus et mépris dans un couple qui se déchire. Jean Luc Godard offre un duo de choix avec Bardot et Piccoli. Il met ainsi en scène les passions amoureuses et celles qui lient les artistes au cinéma. Avec des plans à l’esthétique picturale, une atmosphère alliant drame humain et contemplation, « quand le cinéma s’invite au cinéma » va à merveille à cette réalisation.
Qui veut la peau de Roger Rabbit ? R. Zemeckis, 1988
Dans ce Hollywood de 1947, toons et humains vivent côte à côte. Les premiers sont même les grandes stars du cinéma. Une de ces vedettes animées est Roger Rabbit qui, depuis quelques temps, entretient des soupçons. En effet, sa femme, la pulpeuse Jessica Rabbit, serait la maîtresse de Marvin Acme, inventeur et patron de la compagnie ACME. Les studios Maroon Cartoons engagent alors le détective privé Eddie Valiant pour enquêter sur l’affaire. Mais rien ne va se passer comme prévu. Ce film est une dose de bonne humeur et d’humour. Il nous amène dans un univers onirique et fantastique, avec une histoire pleine de rebondissements et aux personnages hauts en couleur !
The Artist, M. Hazanavicius, 2011
George Valentin, grand acteur de films muets, se confronte à l’arrivée du cinéma parlant. Sa carrière est menacée. Orgueilleux et prétentieux, il se lance dans la réalisation de son propre film. De son côté, Peppy Miller tente de percer au cinéma, après une photo avec l’acteur. Petit à petit, elle grimpe les marches vers la gloire. Ce film où, quand le cinéma s’invite au cinéma, est un chef d’œuvre et rend hommage à une période essentielle pour le septième art. Fin et émouvant, on sent la passion pour le cinéma à chaque seconde. Le film est ainsi poétique et romanesque. Une interprétation juste pour un pari risqué et relevé avec brio (muet et en noir et blanc).
Dalton Trumbo, J. Roach, 2015
Qui se cache derrière Vacances romaines ou Spartacus ? Le scénariste Dalton Trumbo. En pleine guerre froide, au sommet de son art , il est accusé de communisme. Il n’a plus le droit d’exercer son métier, placé sur liste noire. Mais l’artiste n’a pas dit son dernier mot. Grâce au soutien de sa famille, il se bat dans l’ombre pour poursuivre son œuvre. Trumbo écrit alors sa légende à l’encre noire de sa machine. Le personnage nous est rendu attachant de par la brillante interprétation de Bryan Cranston. La reconstitution de cette mutation d’Hollywood, de ses acteurs et ses détracteurs, est soignée et passionnante. On est projeté au cœur de l’action, dans les coulisses de la naissance d’un film, sous l’ère du cinéma soumis au maccarthysme.
Ave, César! des frères Coen, 2016
Eddie Mannix dirige Capitole, un des plus grands studios hollywoodien des années 1950. Il est aussi fixeur, chargé de régler tous les problèmes de toutes les productions, mais aussi de ses vedettes afin d’en conserver l’image. Mais cette journée est riche en émotion, avec des soucis à la chaîne et l’enlèvement de la plus grosse star du Studio, Baird Whitlok. Quand le cinéma s’invite au cinéma, les frères Coen invite, eux, les spectateurs dans cette parodie au casting cinq étoiles. Dans cette réécriture décalée des légendes sur les grands studios des années 1950, les cinéastes orchestrent un monde étonnant et tordu. Une production à la hauteur de celles qu’elle imite.
La La Land, D. Chazelle, 2017
It’s another of sun ! Mia Dolan se rêve actrice au cinéma. Pour le moment, elle est barista au café de la Warner à Hollywood. Sebastian Wilder voudrait racheter un restaurant pour en faire un club de jazz. Pour le moment, il joue du piano dans des clubs miteux pour assurer sa subsistance. Alors que leurs chemins se croisent, le destin s’amuse à bousculer leurs avenirs. Cette comédie musicale offre une ode aux rêveurs qui poursuivent toujours leurs espoirs, qu’importe les obstacles. Le scénario n’utilise pas que les mots pour nous conter cette histoire mais aussi la danse, la musique… La réalisation est dynamique, solaire avec des décors, des costumes, des plans, des comédiens qui transmettent l’amour du cinéaste pour le septième art.
Rock’N Roll, G. CANET, 2017
Guillaume Canet, 43 ans, est comédien. Tout va bien dans sa vie rangée, entre sa femme, Marion Cotillard, son fils Lucien, sa passion pour les chevaux, et sa carrière plutôt bien menée. Mais, lors d’un tournage, une jeune comédienne de 20 ans remet tout en cause : Guillaume n’est pas assez « Rock ». Il est même ringard. Le comédien décide alors de tout changer et sans limite… Cette comédie utilise avec justesse l’autodérision. Idée originale, le film est une critique du show-biz et du milieu du cinéma avec des répliques bien placées. Canet retrouve ses compagnons de toujours pour un parcours amusant dans les studios français.
Sibyl, J.Triet, 2019
Sibyl est psychanalyste. Elle se passionne à nouveau pour l’écriture, romancière de formation. La jeune femme quitte la plupart de ses clients pour se consacrer à l’écriture de son roman. L’inspiration vient alors toquer à sa porte. Margot Vasilis, jeune actrice, est en plein désarroi. Elle attend l’enfant de l’acteur principal du film, compagnon de la réalisatrice. Sybil se passionne et s’incise de plus en plus dans la vie de l’actrice, elle-même confrontée aux souvenirs de son passé. Le film est un drame qui s’interroge en parallèle. L’ambiance lourde et pesante du tournage met en exergue des personnalités complexes, les failles de ces femmes qui ont choisi l’art comme métier, la pression subie par les actrices. Un rapport réalité/ fiction se met en place intelligemment et nous embarque dans la folie de l’héroïne.
Once upon a time … in Hollywood, Q. Tarantino, 2019
Rick Dalton, star du petit écran déclinante, et son cascadeur Cliff Booth, mènent leurs carrières dans le Hollywood de 1969. L’industrie qu’ils avaient connue jadis est en pleine mutation et les deux compères ne la reconnaissent plus. Le nouvel Hollywood et le mouvement hippie célèbrent de nouvelles icônes dont Rick ne fait pas partie… D’ailleurs l’une d’entre elles, Sharon Tate, emménage dans la villa voisine. Tarantino nous offre du grand spectacle, dont lui seul est capable. Drôle et acerbe, le film cultive une tension qui tient en haleine malgré la longueur du film (trois heures). On retrouve là le Tarantino piquant : scénario aux dialogues brillants, personnages imparfaits mais profondément attachants, musique entêtante,… Mais, loin de critiquer cette période, le réalisateur entretient son fantasme et nous rappelle que tout est possible puisque nous sommes au cinéma.
Éteignez les lumières et installez-vous confortablement : quand le cinéma s’invite au cinéma commence !
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