Actrice Nadia Tereszkiewicz blouson rayé coiffure ondulée blonde

Nadia Tereszkiewicz : portrait d’une actrice qui réinvente le cinéma d’auteur français

Un soir de mai 2024, sous les flashs du Festival de Cannes, une jeune femme rousse monte les marches du Palais des Festivals pour Rosalie. Elle incarne cette femme à barbe du XIXe siècle qui refuse de se cacher, transformant son personnage en symbole de rébellion. Ce moment cristallise ce qui fait de Nadia Tereszkiewicz l’une des figures les plus captivantes du cinéma français : l’audace artistique, la liberté revendiquée, l’authenticité comme manifeste.

À 29 ans, cette actrice franco-finlandaise s’impose depuis Les Amandiers de Valeria Bruni-Tedeschi, qui lui vaut le César du meilleur espoir féminin en 2023. Danseuse classique pendant quinze ans avant le théâtre puis le cinéma, elle construit une carrière placée sous le signe de l’exigence. Égérie Dior, présence régulière à Cannes et membre de jurys prestigieux, elle incarne une nouvelle génération d’artistes qui allient raffinement et engagement.

Actrice césarisée, égérie Dior et figure du cinéma d’auteur engagé, Nadia Tereszkiewicz incarne avec élégance les valeurs d’une génération qui refuse la superficialité et défend la singularité.

Des racines multiculturelles au César : l’ascension d’une danseuse devenue actrice

La rousse des Amandiers qui a conquis le cinéma français

Nadia Tereszkiewicz naît le 24 mai 1996 d’un père polonais et d’une mère finlandaise. Cette double appartenance forge son identité artistique et nourrit sa sensibilité aux personnages en marge. Passionnée par la danse depuis l’enfance, elle se consacre quinze ans à la danse classique, discipline qui façonne son rapport au corps et à l’expression.

Le tournant se produit en hypokhâgne : grâce à son option théâtre, elle réalise vouloir se lancer dans la comédie. Elle s’inscrit au Cours Florent, débute au cinéma en 2016 dans La Danseuse de Stéphanie Di Giusto, puis multiplie les rôles remarqués. Elle reçoit le prix de la meilleure actrice au Festival de Tokyo 2019 pour Seules les bêtes.

En 2022, tout bascule avec Les Amandiers de Valeria Bruni-Tedeschi, présenté à Cannes. Elle y incarne Stella, jeune comédienne lumineuse et fragile. En février 2023, consécration : elle reçoit le César du meilleur espoir féminin. À 26 ans, « la rousse des Amandiers » devient officiellement l’une des valeurs montantes du cinéma français.

Quand la danse façonne l’actrice

La danse constitue le fondement de son approche du jeu. Elle explique : « Cela apporte un rapport aux autres, à l’espace et à soi très différent et donne un rapport assez instinctif au jeu. J’aime bien analyser les rôles avec le corps. » À propos de Possessions : « Natalie parle peu, elle agit. Son corps parle pour elle. »

Pour chaque personnage, elle élabore une gestuelle spécifique. Dans L’Île rouge, elle modifie son corps « en imaginant comment une femme qui a eu trois enfants et qui doit intérioriser beaucoup de choses, se positionne. » La danse lui a transmis discipline, humilité et exigence envers soi-même.

Tableau : Milestones (2016-2025)

AnnéeÉvénement cléSignification
2016La DanseuseDébuts symboliques
2019Prix Tokyo pour Seules les bêtesReconnaissance internationale
2022Les Amandiers à CannesRévélation grand public
2023César meilleur espoir fémininConsécration institutionnelle
2024Rosalie à Cannes / Ambassadrice DiorIcône de style
2025Jury Festival Rome / Deux pianosArtiste accomplie

Filmographie engagée : de Cannes aux salles obscures

Rosalie (2024) : incarner la singularité au Festival de Cannes

En 2024, elle fait son retour à Cannes dans Rosalie de Stéphanie Di Giusto. Inspiré de l’histoire vraie de Clémentine Delait, elle y interprète une « femme à barbe » dans la France du XXe siècle. Rosalie, qui souffre d’hirsutisme, choisit de s’exhiber plutôt que de se cacher, transformant son corps hors-norme en spectacle avec son mari (Benoît Magimel).

Nadia Tereszkiewicz Rosalie film femme à barbe gros plan
Nadia Tereszkiewicz dans le rôle de Rosalie, le personnage principal du film de Stéphanie Di Giusto, une femme née avec une barbe.

Le rôle exige un courage rare. Nadia avoue sa honte initiale, n’osant « même pas entrer sur le plateau à cause de son visage orné d’une barbe. » Pourtant, elle transcende cette émotion pour livrer une performance bouleversante. Le magazine Première décrit son jeu comme « exceptionnel ». Rosalie devient une ode à la singularité, un manifeste contre les normes de beauté oppressantes.

Les projets 2025 qui affirment sa signature artistique

L’année 2025 confirme sa trajectoire avec Deux pianos d’Arnaud Desplechin, sorti le 15 octobre. Aux côtés de François Civil et Charlotte Rampling, elle explore une histoire d’amour et de transmission artistique centrée sur la musique. Cette collaboration avec un réalisateur exigeant représente une nouvelle étape.

Plus tôt, Belladone d’Alantė Kavaïté explore un univers dystopique. Ce film d’anticipation sur une île isolée aborde corps, survie et liberté féminine. En octobre 2025, elle devient membre du jury longs-métrages au 20e Festival de Rome, témoignant de sa reconnaissance internationale.

3 films à découvrir absolument

  1. Rosalie (2024) – Le droit à la singularité et la liberté corporelle
  2. Belladone (2025) – Dystopie sur l’émancipation féminine
  3. Deux pianos (2025) – L’art comme langage de l’identité

Une démarche artistique engagée et réfléchie

L’héritage franco-finlandais comme moteur créatif

Franco-finlandaise parlant couramment le finnois, cette double appartenance constitue le cœur de sa démarche artistique. Elle valorise la transmission culturelle, participant à des événements mettant en lumière la diversité artistique européenne. Son travail sur La Jeune Fille et les Paysans, adaptation d’un roman polonais, témoigne de son désir de faire dialoguer les cultures.

En 2025, elle soutient les jeunes talents au festival Premiers Plans d’Angers, affirmant son engagement pour le renouvellement créatif. Cette dimension pédagogique prolonge sa quête d’authenticité : elle souhaite inspirer une nouvelle génération à choisir l’exigence plutôt que la facilité.

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Collaborations avec un cinéma d’auteur exigeant

Son parcours se caractérise par une sélection rigoureuse : Valeria Bruni-Tedeschi, François Ozon, Stéphanie Di Giusto, Dominik Moll, Arnaud Desplechin. Ces cinéastes exigent une immersion totale. Avec Bruni-Tedeschi, elle a vécu une période prolongée de répétitions pour Les Amandiers.

Dans L’Île rouge de Robin Campillo, diffusé sur France 3 en août 2025, elle incarne Colette, une femme de militaire des années 60-70 sur une base française à Madagascar, dans un film qui explore l’émancipation féminine et la fin du colonialisme. Ce rôle illustre sa volonté de s’inscrire dans un cinéma politique, qui questionne les structures de pouvoir et les rapports de domination.

Sa collaboration avec François Ozon dans Mon Crime témoigne également de sa polyvalence. Capable de passer de la comédie policière au drame intimiste, du film en costumes à l’anticipation dystopique, elle refuse d’être enfermée dans un registre unique. Cette diversité ne relève pas de l’opportunisme mais d’une curiosité artistique authentique et d’un désir constant de renouveler son approche.

Ses réalisateurs complices

  • Valeria Bruni-Tedeschi : transmission et vulnérabilité
  • Stéphanie Di Giusto : corps et différence
  • François Ozon : comédie et subversion
  • Arnaud Desplechin : amour et identité

L’élégance discrète : Nadia Tereszkiewicz et le chic parisien

Égérie Dior : quand le luxe rencontre l’authenticité

Ambassadrice Dior, elle incarne les valeurs de la marque : élégance intemporelle et modernité audacieuse. On la voit régulièrement aux défilés Dior lors de la Fashion Week de Paris (Haute Couture Fall-Winter 2024-2025, Womenswear Spring/Summer 2026). En mars 2024, elle fait la couverture d’Elle France dans une séance photo entièrement Dior.

Actrice Nadia Tereszkiewicz manteau pied-de-poule gris Dior Saddle Bag
Nadia Tereszkiewicz arrive au défilé Dior, vêtue d’un élégant manteau à motif pied-de-poule et portant un sac Dior Saddle gris. (Crédit : Instagram)

Son style personnel allie sobriété et originalité. Elle privilégie des pièces épurées, souvent monochromes, rehaussées de détails subtils. Au défilé Dior du 27 février 2024, elle illustre cette capacité à incarner le chic parisien avec naturel. Sa beauté, comparée à Botticelli ou Brigitte Bardot, possède quelque chose d’intemporel.

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Une présence choisie, loin de la surexposition

Peu active sur les réseaux sociaux, elle privilégie les interviews en profondeur, les podcasts culturels, les rencontres lors de festivals. Cette discrétion n’est pas par timidité mais choix conscient : son travail doit parler pour elle. Elle préserve son intimité, convaincue que cette distance nourrit sa créativité.

Son style en 5 mots-clés

  1. Intemporel : lignes épurées traversant les modes
  2. Sobre : élégance par la retenue
  3. Audacieux : couleurs et coupes affirmées
  4. Authentique : reflet de sa personnalité
  5. Parisien : incarnation du chic français moderne

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Inspirer une consommation culturelle consciente

Valeurs et engagements : au-delà du tapis rouge

Ses engagements dépassent le cadre professionnel. Sa défense de la singularité et de la liberté corporelle traverse sa filmographie. Dans une interview Numéro (août 2025), elle déclare sur L’Île rouge : « C’est un film qui parle d’émancipation et d’indépendance et de ce que c’est que d’être une femme dans les années 60, qui suit son mari et qui n’a pas le droit de s’émanciper. »

Son engagement pour la transmission se manifeste concrètement : jurys dans plusieurs festivals, soutien aux jeunes cinéastes. Plutôt que multiplier les collaborations commerciales, elle choisit Dior pour un partenariat long cours, privilégiant qualité et cohérence. Sa pratique de la marche à Paris, ses voyages en Laponie révèlent un rapport au bien-être fondé sur la simplicité.

Nadia Tereszkiewicz et Marion Cotillard événement mode noir et blanc
Nadia Tereszkiewicz et Marion Cotillard posant ensemble lors d’un événement. (crédit Instagram)

Tendance 2025-2026 : le « cinéma d’impact »

Au Festival de Cannes 2025, près de 45% des films en compétition sont réalisés par des femmes ou des personnes issues de minorités. La présidente du jury, Elena Márquez, déclare : « Le cinéma est un langage universel. Notre mission est de donner la parole à celles et ceux qu’on n’a pas toujours entendus. »

Ce « cinéma d’impact » – des œuvres qui divertissent tout en questionnant les structures sociales – connaît un essor considérable. Nadia incarne cette nouvelle génération d’acteurs engagés. À propos de La Jeune Fille et les Paysans : « Se battre contre le patriarcat est un combat très important aujourd’hui. »

Nadia Tereszkiewicz incarne une nouvelle conception de la réussite dans le cinéma français.

De la danseuse classique à l’actrice césarisée, de Versailles aux tapis rouges de Cannes, son parcours témoigne d’une détermination rare. Égérie Dior sans être prisonnière des codes du luxe, présente sur les réseaux sans s’y dissoudre, engagée sans être dogmatique, elle navigue avec grâce entre les facettes de la vie d’artiste contemporaine.

Ses projets futurs prolongent cette trajectoire exemplaire. Avec Deux pianos, son rôle au jury de Rome, et d’autres collaborations à venir, elle s’affirme comme figure incontournable du cinéma d’auteur. Elle représente bien plus qu’une actrice talentueuse : une manière d’être au monde, où l’élégance n’exclut pas l’engagement.

En 2025, alors que le cinéma français connaît des mutations profondes, elle se positionne comme référence pour une nouvelle génération qui refuse la superficialité et recherche une excellence alliant beauté, profondeur et engagement.

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Et vous, quel film de Nadia Tereszkiewicz vous a le plus marqué ?

Maureen Delor Rédactrice people depuis 2016, traqueuse des célébrités en Côte d’Azur et ailleurs. Auteure de plus de 190 portraits sur les icônes féminines, les événements mondains et les influences méditerranéennes. Basée à Juan-les-Pins, observatrice des tapis rouges et des vies inspirantes.

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