Maternité : pourquoi faire appel à une doula ?

Maternité : pourquoi faire appel à une doula ?

Sophie est enceinte de 12 semaines. Elle se sent très seule face à ce chamboulement et ses douleurs. La jeune femme a consulté de nombreux médecins mais recherche un accompagnement plus humain. Après une journée rythmée par les nausées et les maux de têtes incessants, elle entend pour la première fois, le terme de « doula ».

Justement, Anne Belargent, quant à elle, est doula en Île-de-France depuis huit ans. Elle connaît bien la solitude et les inquiétudes des jeunes mamans. La maternité, c’est son métier. Selon elle, une doula, c’est tout simplement une femme accompagnant une autre femme dans la maternité. Dans l’Antiquité, le terme désignait les esclaves des futures mères. Il est réapparu en 1973 aux États-Unis pour désigner les accompagnantes dans les centres de naissance. De nos jours, les doulas sont parvenues à transformer leur pratique et à la faire reconnaître aux yeux du monde comme un métier.

Leur statut en France

Contrairement à ses voisins européens, la France peine à laisser une place à ses accompagnantes de la naissance. Chez nous, aucun statut juridique ni professionnel ne leur est accordé. De ce fait, elles ne sont acceptées en salle de naissance que si le co-parent cède sa place, autrement dit, très rarement.

« La doula n’a aucune compétence médicale. Son accompagnement est émotionnel, physique et pratique. Son but n’est pas de les « guider », mais de les aider à trouver les clés pour élaborer leurs propres choix, de manière éclairée et en confiance »

anne belargent

Aujourd’hui, les doulas sont regroupées en association et militent pour la reconnaissance de leur pratique. Depuis les mouvements récents contre les violences obstétricales, de nombreuses voix s’élèvent pour tenter de replacer la femme au cœur de la maternité. Les accompagnantes à la naissance tirent leur épingle du jeu. Effectivement, elles sont un soutien de taille pour les femmes se sentant incomprises par le système classique.

Anne tient à rappeler la complémentarité de son travail avec les équipes médicales. Les sages-femmes ont cette grande responsabilité qui est de surveiller de la femme en train d’accoucher et de veiller sur le bébé. La doula est là à 100% pour la mère.

Une doula pour sa grossesse

D’une part, Anne souligne avec enthousiasme son rôle en amont de la grossesse. En effet, sa présence lors de la période dite de préconception est fondamentale. Elle est une véritable alliée dans ce chemin qui peut parfois être long et difficile, un véritable parcours du combattant, nous dit-elle.

« Je suis cette personne ressource sur qui le couple peut compter pour verbaliser leurs difficultés, réfléchir au chemin que chacun est prêt à prendre »

Anne BElargent
Femme enceinte en train de méditer.

D’autre part, il y a des douleurs particulièrement gênantes qui peuvent survenir durant la grossesse. La doula a donc pour objectif de favoriser le confort de la femme enceinte en lui proposant de la guider dans la compréhension de ses maux. Elle lui apprend à être à l’écoute de son corps, de ses émotions ou peut lui conseiller des professionnels de santé. Parce qu’un accouchement se prépare comme un marathon. Les doulas sont là pour écouter, encourager et soutenir les femmes enceintes avant le jour J.

Préparer son accouchement avec une doula

Au moment de l’accouchement, le rôle majeur d’une doula est d’accompagner la femme à libérer ses forces physiques et psychologiques. Ces dernières sont le fruit d’un simple phénomène scientifique, la production d’ocytocine par l’hypothalamus. Afin de favoriser la sécrétion de cette hormone, la doula utilise des techniques spécifiques. Elle guide la femme pour trouver des positions et des ambiances qui lui conviennent. Ce qui permettrait ainsi d’accueillir en douceur l’ouverture du col pour la naissance. Maddie McMahon, doula au Royaume-Uni, qualifie même avec humour son métier de doula « d’usine à ocytocine ».

L’ocytocine (…) a un effet sur l’utérus et les glandes lactifères, elle favorise le comportement maternel, elle réduit le niveau de stress, elle fait baisser la tension artérielle ainsi que le pouls et relève le seuil de tolérance à la douleur, (…) »

MADDIE MCMAHON, DOULA AU ROYAUME-UNI.

Quid du post-partum ?

C’est bien connu, la grossesse ne dure pas trois trimestres mais bien quatre… C’est lors de ce fameux quatrième trimestre, période appelée post-partum après l’accouchement que la doula continue de jouer un rôle clé. Cette période est celle qu’Anne Belargent préfère. En effet, elle se propose de tout faire : préparer à manger, aider à s’occuper du nouveau-né ou simplement s’asseoir et discuter. C’est un moment fort qu’elle aime partager avec toute la famille.

« Ca fait tellement du bien d’avoir sa doula qui nous chouchoute alors que nous prenons soin d’un petit être 24h sur 24h ! »

Anne belargent

Par ailleurs, Anne prévoit également des séances de « rebozo ». Ce sont des séances de serrage de bassin, à l’aide d’un tissu du même nom. Ce rituel holistique, venu du Mexique, consiste à prendre soin de la femme après son accouchement. Ainsi, elle peut profiter d’un massage, suivi d’un bain de vapeur et d’un soin rebozo. Ceci afin de retrouver ses sensations corporels d’avant grossesse.

La technique du serrage de bassin.
Serrage de bassin à l’aide du tissu rebozo.

Comment faire appel à une doula en 2020 ?

Avec la crise sanitaire actuelle, les doulas ont réinventé leur pratique et développent des échanges en visio. Elles partagent également de nombreuses vidéos sur les réseaux sociaux. Ces derniers ont permis de faire connaître plus largement le métier. Le nombre de demandes d’accompagnement depuis le confinement aurait même augmenté.

« La crise de la Covid a accéléré l’envie des futurs parents de donner plus de sens à ce qu’ils sont en train de vivre. Ralentir, vivre les étapes de la grossesse et du postpartum de manière plus intime »

Anne Belargent

Pour s’offrir les services d’une doula, il faudra compter en moyenne 40 euros de l’heure. Malheureusement, cela n’est pas pris en charge par la Sécurité sociale. Afin de trouver celle qui correspondra le mieux à toute la famille, Anne conseille de préparer toutes les questions au préalable. Enfin, elle suggère de contacter plusieurs doulas pour connaître leurs valeurs et leurs manières de procéder.

En France, le métier de doula est encore trop diabolisé. Cependant, l’évolution des mentalités et la vision de la maternité ont encore de beaux jours à offrir à ces femmes qui viennent en aide aux futures mamans.

 

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