Mai 68 au regard de ses cinéastes : les ouvriers pour une autre société

Comment voyons-nous Mai 68 à l’heure actuelle ? Comme la rébellion d’étudiants étouffant dans le carcan d’une société trop rigide ? Les nouvelles générations d’alors rejettent la vie menée par leurs aînés, centrée autour de la notion de devoir : envers l’Etat, l’Eglise et le Patron. Elles ont besoin de vivre plus intensément, de faire comme bon leur semble, pour le plaisir. Doit-on pour autant réduire Mai 68 à l’expression du caprice d’une génération de baby boomers gâtés par l’Histoire ? Car ils n’ont connu ni les privations de la guerre, ni le chômage de masse. Nous avons choisi de revenir sur Mai 68 au regard de ses cinéastes, particulièrement sur les ouvriers.

L’idéologie maoïste de Mai 68

Parmi les cinéastes de Mai 68, Jean-Luc Godard occupe une place prééminente. Dans La Chinoise (1967), il présente le contexte idéologique anticipant l’explosion à venir. Parmi les autres cinéastes de Mai 68, le collectif de l’ARC (Atelier de Recherche Cinématographique) et son cinéma du réel, ou encore Chris Marker et ses essais cinématographiques retracent les histoires collectives et individuelles qui se nouent alors.

Mai 68 au regard de ses cinéastes - le cinéma s'insurge
(c) Jean-Paul Achard

A l’assaut du capitalisme

Face à cet asservissement, le remède apparaît plus clairement que jamais : il faut mettre à bas le capitalisme ! Parmi les films de Mai 68, La Chinoise de Jean-Luc Godard peut se regarder comme un manuel filmé de philosophie marxiste-léniniste. La méthode consiste à partir de la réalité objective, en étudiant les problèmes sous tous leurs aspects.

Le “modèle” chinois

Le film offre une critique attendue des USA, puissance impérialiste par excellence comme le montre la guerre qu’elle mène au Vietnam. De façon plus surprenante, l’URSS et le PCF font également l’objet de fortes critiques. Ils sont accusés de révisionnisme, prônant la coexistence pacifique avec les USA. Le film leur oppose les “vrais” communistes, à savoir les Chinois. Tandis que les premiers se sont accommodés du système capitaliste, les seconds seuls ont conservé l’idéal du Communiste du 19e siècle. Ce dernier est à la fois homme de sciences, voyou destructeur d’idoles et révolutionnaire.

Les personnages du film incarnent les trois types de révolutionnaires : l’intellectuel, le paysan et l’artiste-ouvrier. Une grande liberté formelle souffle sur le film. Ainsi, Godard n’hésite pas à superposer les dialogues. Il mélange également les genres musicaux : classique, contemporain, jazz ou encore variété “anti-yéyé”, faisant fi de toutes les conventions.

Quelle méthode pour la Révolution ?

Dans une séquence avec Francis Jeanson, philosophe français (1922-2009) connu pour son engagement pour le FLN pendant la guerre d’Algérie, le film se penche sur le lien entre culture et action. Quel est le moyen pour la première d’être en prise avec le monde ? Le terrorisme est-il légitime pour réveiller les consciences ? Ce dialogue est ainsi l’occasion pour la “Chinoise” de tester son approche “romantique”, exacerbée et enflammée de la Révolution. Elle la confronte à l’approche réaliste, pragmatique et informée par l’expérience de Jeanson.

Le film se moque de tout, y compris du maoïsme qu’il semblait pourtant défendre, en s’intéressant à l’origine sociale des révolutionnaires : la Chinoise, à la ligne idéologique la plus dure, est en fait fille de banquier. Quant à Guillaume, son compagnon interprété par Jean-Pierre Léaud, le sérieux de ses intentions anticapitalistes s’estompe dès qu’il tombe amoureux d’une autre…

Quittons à présent la fiction pour le monde réel, en nous intéressant aux cinéastes ayant documenté les événements de Mai 68. Plongés dans le feu de l’action, comment représentent-ils les ouvriers en lutte ?

Au-delà des simples revendications salariales

Mai 68 au regard de ses cinéastes présente un panorama extrêmement riche. Nous nous intéresserons prioritairement aux films tournés sur place, pendant les événements, montrant les ouvriers en lutte. Ces films renouvellent les techniques du cinéma traditionnel, poursuivant l’oeuvre entreprise par la Nouvelle Vague. Ils réinventent un nouveau style de cinéma, entre réel, essai cinématographique et poésie, à l’image du réalisateur Chris Marker. Le cinéma de Mai 68 décrit les ouvriers sous leur meilleur jour. Ils sont dignes, modestes, mais néanmoins idéalistes…

Dignité de la classe ouvrière

Dans le 1er mai à Saint-Nazaire d’Hubert Knapp et Marcel Trillat (1967, 24 mn), des ouvriers des Chantiers de l’Atlantique et de Sud-Aviation reviennent sur leur grève qui a duré deux mois. Le film s’ouvre sur une distribution gratuite de muguet pendant un meeting syndical. En fond sonore, on entend une chanson de Léo Ferré. La modestie de l’attitude des ouvriers est frappante. Leur dignité aussi : les manifestations quotidiennes se sont déroulées sans violence, car la population de Saint-Nazaire les a protégés contre les forces de l’ordre aux aguets.

Le film insiste sur les nombreuses privations endurées par les ouvriers pendant ce long conflit. Pourtant, ils sont restés dignes et se sont refusés à demander crédit aux commerçants. Ces derniers les ont néanmoins soutenus en leur distribuant gratuitement des aliments, tout comme les pêcheurs et les agriculteurs.

Modestie des travailleurs

Dans un autre film, Citroën – Nanterre de Guy Devart et Edouard Hayem, (1968, 63 mn), une séquence montre les ouvriers en lutte recevant la visite du député PCF. Ce dernier leur assène un discours sans débat. Les travailleurs, déférents, se taisent face au député. Ils gardent leurs pensées pour eux. À l’opposé, le député est filmé dans toute son arrogance, comme si le sort des ouvriers ne l’intéressait pas. La situation semble même l’agacer, l’obligeant à quitter momentanément le confort de sa situation privilégiée.

Dans le même film, une autre séquence montre le visage des ouvriers en gros plan alors qu’ils débattent avec leurs représentants syndicaux. On peut discerner l’émotion des premiers alors qu’ils s’expriment avec feu, tandis que les seconds semblent embarrassés. Ces derniers tentent désespérément de ramener le débat sur le terrain des revendications salariales traditionnelles. Mais les aspirations de la base les ont dépassées, elles vont bien au-delà…

Dans Le Droit à la parole de Michel Andrieu et Jacques Kebadian (1968, 52 mn), une séquence montre le dialogue entre étudiants et ouvriers. Le visage de ces derniers, là encore filmé en gros plan, révèle les différences entre le monde universitaire et celui de l’usine. Les ouvriers sont sérieux, tandis que les étudiants sont pleins d’une assurance goguenarde. Dans le visage des premiers, le labeur harassant a laissé des marques. Leur langage et leur accent sont différents. La parole leur vient moins facilement qu’aux étudiants volubiles, habitués à manier les concepts abstraits et à s’exprimer en public. Pour autant, ouvriers et étudiants aspirent ensemble à un changement profond.

Pour un monde plus solidaire

Une reprise du travail bien amère

La Reprise du travail aux usines Wonder de Pierre Bonneau et Jacques Willemont (1968, 10 mn), s’ouvre sur un long plan-séquence centré sur une ouvrière. Au moment de retourner à l’usine, elle clame son dégoût pour cette “taule” répugnante de saleté. Elle dénonce le vote truqué en faveur de la reprise du travail. Un représentant syndical tente de la modérer. Un autre homme, sans doute un étudiant extérieur, se mêle à la discussion pour lui aussi dénoncer les “avancées” obtenues par la grève. Le plan-séquence se conclut par la rentrée des ouvriers dans l’enceinte de l’usine, casquette à la main.

Dans ce film, l’attitude “brute de décoffrage” et spontanée de l’ouvrière, qui dit les choses comme elle les pense, sans craindre d’être filmée, est stupéfiante. Elle contraste avec l’attitude compassée et condescendante des hommes syndicalistes qui lui répètent que : “C’est une étape…” ; “…une victoire…” ; “Ils ont reculé…” ; ou encore “On ne peut pas avoir tout d’un seul coup…”

L’ouvrière invective, on lui fait “chut”. Visiblement, elle est déçue de cette reprise du travail, elle attendait autre chose du mouvement social.

Pour une émancipation politique

Le film Nantes Sud Aviation de Michel Andrieu et Pierre-William Glenn (1968, 30 mn) lève un coin du voile sur les aspirations profondes de la classe ouvrière. Première usine à déclencher la grève, Sud Aviation est à la pointe du mouvement. Ses 2 800 travailleurs la gèrent désormais de façon autonome, en assurant le standard tout comme le poste de secours. La cantine est gratuite matin, midi et soir. Le ravitaillement est assuré par des paysans sympathisants. La sécurité est assurée 24 heures sur 24 par 26 postes de garde qui protègent l’outil de travail.

La politisation des ouvriers est élevée. Ces derniers veulent faire sauter le cloisonnement qui les sépare des étudiants et des paysans. Les références aux grèves de 1936 fusent, portées notamment par les syndicalistes révolutionnaires, qui réclament un changement radical de société. Ils s’opposent aux revendications salariales étriquées des syndicalistes orthodoxes. En effet, de façon traditionnelle, la CGT ou la CFDT organisent la défense des intérêts des travailleurs dans le cadre de la société capitaliste. Par contraste, le mouvement révolutionnaire spontané remet en cause ce cadre, élargissant considérablement l’horizon qui s’ouvre devant les ouvriers.

La tendance révolutionnaire est particulièrement active au sein du Comité de grève, qui représente les ouvriers dans leur ensemble, au-delà des clivages syndicaux. Ce comité représente un pouvoir ouvrier embryonnaire, face aux forces œuvrant au maintien du capitalisme (l’État et ses institutions). Les ouvriers révolutionnaires politisent la grève car ils veulent prendre le pouvoir à l’échelon national, en chassant de Gaulle. Ils dénoncent les tentatives de conciliation, telle que l’ordonnance relative à l’intéressement, qui revient selon eux à prêter l’argent des travailleurs aux patrons.

Pour une meilleure qualité de vie

Chris Marker est sans doute le plus original des cinéastes de Mai 68 car il mêle politique et intimité. Ainsi, A bientôt j’espère (1967, 55 mn) s’intéresse aux aspirations profondes des ouvriers de Rhodiaceta à Besançon (fabrication de textile synthétique). Ces derniers ne désirent pas tant une augmentation de leurs salaires qu’une amélioration de la “qualité de [leur] vie”. Autrement dit, tout comme Alex, le héros d’Orange mécanique (roman de 1962)  ils refusent la société dite du “loisir” et du “bien-être”. Rappelons qu’Alex entre en rébellion contre une société programmée pour le bonheur et le progrès. En effet, il constate que cette société n’aboutit finalement qu’à la création de vastes zones suburbaines où sévissent l’ennui, la désolation et la peur.

La classe ouvrière fait un rêve

Les ouvriers de Chris Marker, interviewés dans leur intimité, filmés dans leur cuisine avec femme et enfants, mettent spontanément leur âme à nu. À la société du profit et de l’exploitation de l’homme par l’homme, ils opposent une autre société fraternelle où l’on se découvre mutuellement, comme pendant la grève.

Ils vont même jusqu’à mettre le droit à la culture sur le même plan que le droit au logement. Dans cette atmosphère d’anticipation joyeuse, où tout semble possible, les hommes et les femmes ouvrent leur cœur.

L’épanouissement personnel d’abord !

Les ouvriers veulent s’enrichir, pas tant sur le plan financier, mais plutôt sur le plan personnel !  C’est pour cela qu’ils accueillent avec enthousiasme l’entrée de la culture à l’usine, avec des projections de films tous les soirs.

Ils prennent du recul par rapport à la vie qu’ils ont menée jusque-là. Le travail en 4×8 leur cause une fatigue disproportionnée, des absences, sans parler des tensions familiales et même des divorces. Ils ne veulent plus ressentir cette impression de travailler dans le vide. “C’est la machine qui nous conduit”, confient-ils. Ou encore : “Il n’y a aucun intérêt à ce travail” ; “On s’ennuie”. L’automatisation conduit à l’accélération des cadences, les laissant abrutis et désemparés à la fin de leur shift. Chris Marker illustre les propos des ouvriers par des images les montrant sur leur lieu de travail, face à la machine.

Par contraste, les ouvriers évoquent leurs loisirs “simples”, comme celui d’aller à la pêche durant l’été, aux champignons en automne. Ou encore lorsqu’ils vont cueillir des brins de muguet au printemps. Et quand il pleut, ils vont aux escargots… Ils ont besoin de se trouver au contact de la nature, car “c’est encore là qu’on se sent le mieux”. 

La situation à l’arrière : les comités d’action de quartier et le rôle des femmes

Dans cet autre film de Mai 68 (40 mn), CA13 (Comité d’action du treizième), l’ARC s’intéresse à la dimension non-spectaculaire des événements. Car derrière les travailleurs en lutte, on assiste à une tentative de démocratie directe par le biais des comités d’action de quartier. La parole y est libre, elle circule entre les membres du CA13, parmi lesquels on remarque la présence des femmes, nombreuses et actives. Tout le monde prend part aux discussions quotidiennes sur la stratégie à adopter. La contradiction dans les débats internes est la bienvenue.

Le CA13 participe activement à l’organisation de défilés publics en soutien aux ouvriers de Citroën, en rédigeant et distribuant des tracts. Ils réalisent et collent des affiches, certaines au graphisme remarquable !

Renforcer le lien entre grévistes et population

Ils assurent la coordination avec les PME, amenées à s’aligner sur les décisions prises dans les grandes entreprises. Dans le même temps, ils organisent des meetings publics pour expliquer les revendications des grévistes, n’hésitant pas à haranguer les passants.

Au final, les comités d’action font figure d’embryons de soviets. Leur rôle est à la fois idéologique et pratique. Ils apportent le soutien crucial dont les travailleurs en lutte ont tant besoin. Ces derniers réalisent ainsi qu’ils ne sont pas isolés et que le reste de la population les appuie.

Solidarité avec les travailleurs immigrés !

Dans son film La Glu (1967, 19 mn), Edouard Hayem introduit la figure de l’immigré pour la première fois dans le cinéma français. Les images introductives nous montrent un homme travaillant sur un chantier à Nanterre. Il vit dans un bidonville à proximité, dans une “piaule” avec plusieurs de ses collègues, au milieu du bruit des marteaux-piqueurs.

Dénuement extrême et frustration sexuelle

Dans une scène frappante de réalisme, l’homme découpe avec naturel un morceau de viande à même une pièce de boucher suspendue à un crochet, au sein de son abri. Il n’en faut pas plus à Hayem pour montrer son dénuement extrême.

Puis il va se promener dans les rues de la ville, où il est filmé en décors réels. Le thème du sexe est abordé par le biais d’hommes noirs à demi-nus faisant des démonstrations de force sur de petites estrades à même la rue. Des femmes en petite tenue leur succèdent en tentant d’aguicher les badauds. Elles dansent langoureusement tandis que la musique devient dissonante. C’est le quartier des “plaisirs” de Pigalle.

La parole est rare et la solitude, bien grande !

De retour dans les bidonvilles, on y voit les hommes aller chercher de l’eau, faire leur lessive, regarder au dehors les baraquements environnants. Ils semblent perdus dans leurs songes. Selon le procédé du photo-roman inventé par Chris Marker, des images fixes d’hommes et de femmes immigrés, avec leurs enfants barbouillés, défilent à l’écran. Puis les images redeviennent mouvantes, sur un fond sonore de bruits de machines de chantier, sans dialogue.

La première séquence dialoguée avec prise de son directe donne à voir un cours de français auquel participent les travailleurs immigrés. On entend alors leur enseignante, une femme à l’allure bienveillante qui fait preuve de la meilleure volonté du monde pour leur apprendre quelques mots de français.

La scène la plus touchante est sans doute celle où l’on voit notre homme au bistrot, en train de jouer aux cartes avec ses collègues. Tout à coup, l’un d’entre eux se met à chanter une chanson portugaise. Un gros plan de plusieurs secondes nous montre alors le regard mélancolique de l’homme : on devine qu’il a le mal du pays.

Un simple numéro de matricule

Pour édifier les spectateurs, des statistiques sur les immigrés apparaissent sur des cartons. Le film se conclut sur des images de cartes de séjour que l’on classe dans les tiroirs d’une administration française. L’immigré est alors réduit à un numéro de matricule, parmi tant d’autres. Le film cherche à nous faire comprendre la situation des ouvriers immigrés non pas tant du point de vue intellectuel, mais émotionnel.

Dans son autre film Citroën – Nanterre, Edouard Hayem  revient sur son thème de prédilection : la précarité des travailleurs immigrés massivement employés par l’industrie et le BTP. Ainsi, Citroën emploie 25.000 immigrés. Ces derniers n’ont aucun droit, ils sont menacés d’expulsion à tout moment. Les Portugais et les Espagnols sont employés à la production car ils savent lire. Quant aux Algériens, ils occupent des postes de manœuvres. Ils sont logés en centres d’hébergement, c’est-à-dire en dortoirs, ou alors dans des bidonvilles. Le spectateur réalise alors à quel point ils sont exploités.

Les enseignements de Mai 68

Les films de Mai 68 se caractérisent par un foisonnement créatif exceptionnel. Par contraste, le présent, high tech et quadrillé par les réseaux dits “sociaux”, apparaît bien terne. La critique de l’exploitation de l’homme par l’homme a fait long feu. À la place, l’horreur économique s’est imposée : le profit et les machines règnent en maîtres. Les idéaux de fraternité suscitent un sourire condescendant de la part de nos contemporains.

Il est donc plus vital que jamais de se retourner sur l’utopie soixante-huitarde. Profitons de la pause induite par le Covid pour prendre de la distance par rapport aux diktats implacables du monde de l’internet. Souvenons-nous avec tendresse des luttes menées par nos aînés, et tâchons de nous en inspirer pour façonner le monde d’après.

Témoignage exceptionnel, ces films nous mettent en prise directe avec les événements et leurs protagonistes. Ils nous replongent au cœur de l’époque et de son ambiance particulière. Nous entrons en contact avec l’esprit de 68, par une étrange séance de spiritisme idéologique et émotionnel.

Quelque chose de pourri en 2020 ?

Cela nous permet de voir à quel point les rapports humains se sont dégradés depuis, comme rapidement résumé dans le tableau ci-dessous :

Temps présentMai 68
Individualisme excessifSolidarité
Intégration à tout prix dans le systèmeDistance critique vis-à-vis de ce dernier
Cloisonnement entre les individus, rejet de toutes les idées différentes, recherche constante d’une validation de ses propres opinions par une prise en compte sélective du réel.Volonté de se tourner vers les autres, quelles que soient leurs origines sociales ou ethniques
RetranchementOuverture
Chacun s’ignore mutuellement.Les gens dialoguent entre eux.
La méfiance s’est installée et complique considérablement les rapports sociaux.Société du coeur ouvert
Les cadres conservateurs révisionnistes sur-managent notre environnement de travail, veillant à bien faire appliquer les règles implacables du numérique : c’est l’avènement de la figure du contremaître conspuée en Mai 68.Autogestion spontanée
Les structures sont verrouillées : on craint le pouvoir des patrons, de la police, des représentants syndicaux. On craint d’exprimer sincèrement ses pensées intimes.La parole est libre et chacun peut exprimer ses aspirations profondes.

Chère lectrice, pensez-vous comme nous que les relations sociales se sont dégradées entre Mai 68 et aujourd’hui ? Ou alors, s’agit-il d’une vision passéo-nostalgique et qu’avant, ce n’était pas forcément mieux ? N’hésitez pas à nous faire part de votre point de vue dans la section des commentaires ci-dessous !


Remerciements :

Cet article a été rédigé avec les conseils de Mathieu Macheret, critique cinéma au Monde et aux Cahiers du Cinéma, qui a notamment orienté la sélection de films sur laquelle nous nous sommes appuyés :

  • Le Cinéma de mai 68, coffret paru dans la collection Le Geste cinématographique aux Editions Montparnasse en 2008 ;
  • Les Groupes Medvedkine, coffret paru dans la collection Le Geste cinématographique et coédité par l’Iskra & les Editions Montparnasse en 2006 ; et
  • Jean-Luc Godard politique, coffret paru dans la collection Prestige édité par la Gaumont en 2012.

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