L’écoféminisme : un “invité furtif” à la présidentielle 2022 ?

Le mouvement qui mêle à la fois l’exploitation des femmes et de l’environnement, a eu son petit impact lors de la présidentielle de 2022, grâce aux candidates écologistes. Il n’a certes pas eu l’effet escompté mais les idées écoféministes se propagent progressivement notamment dans les mouvements de gauche.

Le début de la campagne présidentielle de 2022 a permis de mettre en valeur le mouvement de l’écoféminisme. Pour le définir simplement, l’écoféminisme est un mouvement et un courant de pensée philosophique qui établit un lien entre le sexisme et la destruction de l’environnement. On considère ainsi que le patriarcat exploite de la même manière la nature et le corps des femmes. Ainsi, les chercheuses les plus connues sur le sujet sont Françoise Eaubonne, qui l’a conceptualisé dans un essai Le Féminisme ou la mort. Catherine Larrère également est une universitaire diplômée en philosophie réputée sur les questions environnementales et l’écoféminsime en France.

Lors de la campagne, deux candidates se sont revendiquées du mouvement dans le parti écologiste : Sandrine Rousseau et Delphine Batho. Ces revendications ont plus ou moins démocratisé la notion dans le débat public. 

L’écoféminisme sur la place médiatique 

On n’a jamais autant parlé de l’écoféminisme depuis les interventions des anciennes candidates à la primaire écologiste. Le mouvement éco-féministe était plus ou moins incarné par la finaliste Sandrine Rousseau. Cette dernière s’est ouvertement revendiquée “écoféministe” notamment lors de la primaire écologiste. Lors d’une interview, elle a ainsi développé les théories écoféministes notamment sur le système de prédation. La militante écologique plaide aussi pour une sortie du triptyque “ prendre, utiliser, jeter”, qui pour elle est au cœur de la destruction des écosystèmes et des femmes. 

Cette notion d’écoféminisme embrasse à la fois des intérêts féministes et écologiques. Pour ses défenseuses, l’un ne peut aller sans l’autre. Ainsi, la cause écologique est analysée sous le prisme du genre. D’après elle, l’égalité des genres entraînerait une meilleure prise en charge de l’environnement. Les femmes, ayant été éduquées au care, c’est-à-dire à la prise en charge des autres, sont davantage sensibles et actives à préserver l’environnement. L’objectif n’est pas de prendre aux hommes pour donner le pouvoir aux femmes. Mais de penser un monde plus égalitaire autrement que dans le patriarcat et le capitalisme. 

L’écologie et le féminisme : des enjeux de plus en plus majeurs chez les Français 

L’écoféminisme apparaît séduisant politiquement. Sachant que l’écologie et le féminisme, sont des préoccupations de plus en plus majeures chez les Français. Selon un sondage mené en début d’année par France Inter et Ipsos Sopra-Steria, les Français placent la cause environnementale au deuxième rang des principaux enjeux à prendre en compte pour assurer l’avenir du pays. Plus d’un tiers des Français considèrent même qu’il est l’enjeu premier des prochaines années. L’environnement est la troisième préoccupation des Français à la veille de l’élection présidentielle en avril prochain. Ainsi, les candidats ont plutôt intérêt à convaincre les futurs électeurs sur ces thématiques. 

Un concept qui a peu pris pour cette campagne 

N’ayant pas gagné la primaire du parti EELV, Sandrine Rousseau n’a pas porté idées écoféministes jusqu’à la fin de scrutin présidentielle. Ou autrement puisqu’elle est l’actuelle présidente du conseil politique de Yannick Jadot, l’actuel candidat chez les Verts. Le concept est sans aucun doute encore naissant pour l’opinion publique générale. Alors que chez les militants écologiques, l’écoféminisme est quand même connu. Sachant que le mouvement existe depuis les années 1970 et que les manifestations pour le climat des dernières années ont ravivé ce courant de pensée philosophique. 

De plus, pour certaines écoféministes, le régime politique actuel semble inadapté aux convictions initiales du mouvement. En effet, pour l’universitaire Jeanne Burgat Goutal invité à Médiapart, “l’écoféminisme est un mouvement anarchiste” dans l’historique de sa création. C’est-à-dire que c’est un mouvement de défiance à l’autorité politique, c’est également un mouvement anticapitaliste. Elle affirme également que “faire de la politique écoféministe, c’est faire de la politique autrement”. Pour la chercheuse en philosophie, les écoféministes ne cherchent pas le pouvoir mais elles aspirent à une société de “non-pouvoir”. Il semble que les écoféministes n’ont pas pour objectif de briguer un mandat à la présidentielle. Elles chercheraient plutôt une refonte profonde du système actuel. Néanmoins, certaines écoféministes ne s’opposent pas à ces changements. Au contraire, Jeanne Burgat Goutal se montre plutôt favorable à certaines évolutions du mouvement. 

En conclusion, l’écoféminisme a de beaux jours devant lui. Le mouvement n’a pas eu un impact transcendant dans l’élection présidentielle de 2022. Cependant, une porte s’est quand même ouverte pour ce mouvement. Peut-être que les écoféministes, si elles le souhaitent, auront plus de chances pour la prochaine élection. Elles ont cinq années devant elles pour démocratiser en profondeur leurs idées. 

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