Le Mans Sonore : à la pointe de la recherche acoustique !

Le Mans Sonore : à la pointe de la recherche acoustique !

Entre les 22 et 30 janvier prochains, la métropole du Mans met les petits plats dans les grands. Déjà célèbre pour ses rillettes et les 24 Heures du Mans, la préfecture de la Sarthe nous convie à la deuxième édition de sa Biennale du Son. À travers une série d’évènements prestigieux (concerts, conférences de dissémination scientifique, ou encore expériences autour des ondes sonores), Le Mans réaffirme sa place de capitale de l’acoustique en France et en Europe. Pour nous parler du Mans Sonore 2022, nous avons rencontré Fabienne Lagarde, vice-présidente du Mans Métropole pour la recherche et l’innovation et Carole Le Rendu, directrice générale de l’Institut Technologique Européen des Métiers de la Musique (ITEMM), très impliquées dans cette Biennale.

Arrivée au Mans il y a plus de dix ans, Fabienne Lagarde enseigne la chimie analytique de l’environnement. Elle travaille plus particulièrement sur la pollution de l’eau. « Je n’effectue aucun prélèvement dans les eaux de la Sarthe », tient-elle à préciser. « En fait, je travaille dans un institut des matières et des molécules. Je mets simplement au point des méthodes analytiques pour détecter les polluants ». Elle est arrivée en politique un peu par hasard, au sein de l’équipe de Stéphane Le Foll. Ce dernier lui a confié une délégation à l’enseignement supérieur et à la recherche, compte tenu de son profil.

Quant à Carole Le Rendu, elle est arrivée à la tête de l’ITEMM en 2020. Spécialiste de la gestion des affaires culturelles, elle a notamment travaillé sur les questions d’emploi, de formation et de besoins en compétences dans la filière culturelle. Fortement impliquées dans la préparation de l’édition 2022 de la Biennale du Son Le Mans Sonore, les deux femmes sont revenues sur la gestation de cette manifestation.

Le Mans Sonore : à la pointe de la recherche acoustique !
Carole Le Rendu – (c) ITEMM ; Fabienne Lagarde – (c) Le Mans Métropole

Au commencement étaient Joseph Sauveur, puis le LAUM…

De fait, les origines de la Biennale du Son Le Mans Sonore remontent au 17e siècle. En effet, c’est en 1653 que Joseph Sauveur naît à La Flèche. Rappelons que ce physicien français a fondé l’acoustique musicale. Son parcours est d’autant plus remarquable qu’il était sourd de naissance. Cela ne l’a pourtant pas empêché de créer la science de l’acoustique, l’élevant au même rang que l’optique.

Plus près de nous, Michel et Anne-Marie Bruneau sont arrivés au Mans dans les années 1970. Ils rédigeaient alors leur thèse d’État en acoustique. Par la suite, l’Université du Mans leur a demandé de créer un laboratoire d’acoustique pour étoffer son offre de recherches. C’est ainsi que le Laboratoire d’Acoustique de l’Université du Mans (LAUM) a vu le jour en 1981.

Le Mans et son écosystème centré sur l’acoustique : côté formation…

À présent reconnu sur le plan international, le LAUM a généré un écosystème centré sur l’acoustique, à commencer par l’ITEMM. Comme le rappelle Carole : « Parmi nos formations, nous proposons le Brevet des Métiers d’Art en facture instrumentale (fabrication, réparation et commercialisation de guitares, pianos et instruments à vent). Nous sommes régulièrement obligés de refuser du monde. Nous travaillons par conséquent à l’extension de nos capacités, notamment sur le piano et la guitare ».

Carole veut également favoriser le dialogue entre le monde de la recherche, l’école des beaux-arts, le conservatoire et l’ITEMM. Ainsi, « nous invitons les élèves du conservatoire à venir observer la fabrication des guitares et des pianos ». Par ailleurs, poursuit-elle, « nous souhaitons accompagner la montée en qualification de la filière de facture d’instruments de musique. Nous travaillons ainsi en étroite collaboration avec l’université du Mans sur une offre de formation de type licence master ».

Parmi les autres éléments de l’écosystème manceau, on trouve l’École supérieure d’art et de design TALM-Le Mans. Cette dernière propose un Master de design sonore, en partenariat avec l’IRCAM et le LAUM, entre autres. Les étudiants de ce cursus sont formés à penser le son en le replaçant dans des contextes industriels, urbanistiques, architecturaux ou artistiques. Citons encore le Centre de Transfert de Technologie du Mans (CTTM), plus importante structure de ce type en France. Sur un effectif de 40 personnes, la moitié travaille sur le transfert de connaissances en acoustique.

… et côté entreprises

En conséquence, Fabienne constate que « les transferts de technologie vers le milieu industriel de l’acoustique se sont accélérés ». Ainsi, les grands acteurs de l’aéronautique, tels Airbus et Safran, veulent réduire les nuisances sonores des moteurs d’avion. Dans le maritime, Naval Group veut rendre ses bateaux plus silencieux et « furtifs ». Quant à la SNCF, son centre d’ingénierie du matériel (Cim) est installé au Mans. Rappelons que le Cim définit le cahier des charges et participe aux appels d’offres. Il suit également l’évolution des matériels roulants. Lui aussi consulte les acousticiens manceaux sur les aspects vibratoires du ferroviaire.

Des start-ups sont également nées sur le terreau extrêmement fertile de la recherche mancelle en acoustique. C’est le cas de MetAcoustic et de Sound To Sight qui ont développé ensemble un fauteuil sonore immersif. Ce dernier fera d’ailleurs l’objet d’une démonstration au cours de la Biennale du Son Le Mans Sonore. Il servira à écouter et ressentir un concert de synthétiseurs modulaires, plongeant le spectateur dans une « bulle sonore ». Les deux start-ups pourront ainsi tirer profit de la Biennale pour, à terme, commercialiser leur innovation.

À lire également : Le Mans Sonore dans un fauteuil (sonore immersif), avec Damien Lecoq (MetAcoustic)

Le Mans Sonore : demandez le programme !

Lorsque nous avons demandé à nos interlocutrices de nous mentionner certains évènements de la Biennale du Son Le Mans Sonore, Fabienne a cité la visite du cabinet de curiosités acoustiques. Le public aura alors l’occasion d’échanger avec des chercheurs du LAUM pour comprendre ce que recouvre une « onde sonore ». Fabienne a également cité le concert en chambre semi-anéchoïque, ou chambre sourde. « Il s’agit d’une installation unique en Europe. Le fait d’y organiser un concert représente une première mondiale, avec des sensations très particulières à la clé. Je voudrais souligner que cette chambre est réservée aux expériences scientifiques. Exceptionnellement, nous l’ouvrons au public à l’occasion de la Biennale ».

Fabienne a également tenu à mentionner les spectacles de dissémination scientifique. « J’ai eu un coup de cœur pour Marie-Odile Monchicourt, journaliste scientifique assez connue. Elle viendra faire un spectacle avec des scientifiques et des artistes, sachant que la plupart des acousticiens sont également musiciens. Tout ce petit monde sera sur scène pour l’ouverture… dès le 22 janvier ».

La Biennale du Son, une manifestation populaire !

Par ailleurs, Le Mans Sonore s’inscrit dans la continuité de la politique culturelle de la ville, visant à impliquer l’ensemble des Manceaux ! Comme l’ont rappelé Fabienne et Carole, « l’acoustique en est l’un des piliers, avec le cirque, la lecture et les arts urbains. En conséquence, tous les enfants des écoles du Mans et des centres de loisirs bénéficient de temps de travail consacrés à l’acoustique et au son. Nous vous assurons qu’il n’y a pas un Manceau qui ne soit pas au courant de l’existence d’un laboratoire de recherche acoustique au Mans ! » Partage et accessibilité sont donc les idées forces ayant présidé à l’organisation de la Biennale. Ainsi, « 85% des évènements proposés seront gratuits ».

Dans cette optique d’ouverture au grand public, la Biennale du Son intègre de grands évènements populaires. Ainsi, Benjamin Biolay viendra au Palais des Congrès du Mans présenter son neuvième album lors du grand concert d’ouverture de la manifestation, le 22 janvier. Une semaine plus tard, le jeune prodige de la scène électro française Thylacine viendra clôturer Le Mans Sonore de manière festive en faisant danser le public le 29 janvier au Théâtre des Quinconces.

Vous êtes invité(e)s au Mans !

La Biennale du Son Le Mans Sonore se caractérisera donc par un mix subtil entre évènements de dissémination scientifique et grands évènements populaires. Loin de tout élitisme, la manifestation a vocation à intégrer le patrimoine culturel de la ville. À l’image du Tunnel des Quatre Saisons, plus ancien tunnel de la ville (1877), au sein duquel sera diffusé un enregistrement sonore de la course des 24 Heures du Mans… Le Mans, la ville où il faudra être entre les 22 et 30 janvier prochains !

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