Le congé menstruel instauré dans une entreprise montpelliéraine, une première en France

Une entreprise montpelliéraine a instauré un congé menstruel d’un jour pour ses salariées souffrant de règles douloureuses. Une première en France. Il a fait débat dans plusieurs pays mais n’est présent que dans peu d’entre eux.

Les règles peuvent souvent être douloureuses, on le sait bien. Certains pays ont même mis en place un congé menstruel pour leurs salariées. Mais en France, c’est une entreprise montpelliéraine qui a été la première à le faire en 2021. Voyons comment cela se passe dans La Collective et dans le monde.

Une entreprise montpelliéraine accorde le congé menstruel

La Collective est une Scop basée à Montpellier qui propose un service de recrutement des donateurs. Des 37 salariées de l’entreprise, il y en a 16 qui s’occupent des missions sur le terrain. Cela signifie qu’elles passent la plupart de la journée debout, dans les rues, dans un travail qui demande une qualité physique et mentale. C’est pourquoi, lorsque l’une salariée a soumis l’idée fin 2019, l’entreprise n’a pas hésité à étudier le sujet. Débattue dans une assemblée générale en décembre dernier et votée par une majorité écrasante, le congé menstruel a été mis en place à titre expérimental pour l’année 2021. Une initiative qui a été très vite acceptée, selon Dimitri Lamoureux, cogérant de l’entreprise.

Désormais, les salariées de l’entreprise peuvent prendre un jour de congé menstruel, rémunéré comme un congé payé classique. Pas besoin de justificatif : il suffit d’envoyer un mail à l’entreprise. On compte déjà trois demandes de congé menstruel en janvier, une demande en février et cinq en mars. Et cela, en tenant compte des conditions de travail particulières à cause de la pandémie. Pour l’instant, il n’y a pas eu de retours négatifs.

En mettant en place le congé menstruel, La Collective est contente de participer à une réflexion plus globale et de faire partie d’un débat toujours actuel. Selon Dimitri Lamoureux, le but est de pérenniser la mesure. En même temps, La Collective espère aussi encourager d’autres structures à adopter le congé menstruel et d’inspirer aussi des mesures au niveau législatif. Reste à voir l’impact de cette initiative dans une France où le congé menstruel est toujours débattu.

Le congé menstruel dans le monde

Or, il y a longtemps que ce type de congé existe dans d’autres pays, avec l’exemple du continent asiatique. Il y a plus de 70 ans, le Japon l’instaurait dans la législation. À Taïwan, les femmes peuvent demander une journée de congé menstruel par mois. Des mesures similaires existent en Indonésie et en Corée du Sud. En Zambie, depuis 2015, les salariées ont aussi la possibilité de demander une journée de congé par mois, journée appelée « fête des mères ».

Dans le monde occidental, la mesure n’est pas répandue, même si le débat existe. En Italie, un projet de loi avait été proposé en 2017 dans le but d’accorder aux salariées le droit à trois jours de congé menstruel par mois. Or, ce projet a été rejeté par le Parlement italien. En Angleterre, la mesure a été mise en place par la société Coexist. Mais là, comme dans le cas de La Collective, il s’agit d’une initiative isolée.

La discussion autour du sujet

Pour certains, cette initiative représente un pas vers une société plus égalitaire. Une opportunité d’en finir avec le tabou des règles, de reconnaître qu’elles font partie de la vie des femmes et permettre d’en parler de manière plus ouverte. Une mesure qui vient répondre à un besoin particulier de la population féminine. D’ailleurs, nombreuses sont les femmes qui souffrent de douleurs lors de la période des règles. Un congé leur permettrait donc de se reposer et d’être plus efficaces lors de leurs retours au travail.

Pourtant, on trouve aussi l’argument contraire. Les adversaires de la mesure croient qu’elle réduit la femme à ses traits biologiques et rend les différences entre les sexes encore plus évidentes. Le congé menstruel pourrait aussi créer un nouveau type de stigmatisation. Si les entreprises décident d’embaucher moins de femmes, afin de ne pas être obligées d’accorder le congé menstruel, cela créerait un milieu du travail moins égalitaire.

Peut-on envisager de la mise en place du congé menstruel en France ? Les Françaises, de toute façon, ne s’opposent pas cette idée. Au contraire : 68% parmi elles sont favorables à la mesure, selon un sondage IFOP réalisé pour 20 Minutes.

Cet article a 2 commentaires

  1. si c’est une endométriose, c’ est une maladie chronique et des mesures d’aménagement du poste de travail sur un plan ergonomique, ou de réorganisation (horaires, télétravail …) ou de reclassement, sont une nécessité à la fois sociale et économique pour accompagner les maladies chroniques au travail : https://www.officiel-prevention.com/dossier/sante-hygiene-medecine-du-travail-sst/service-de-sante-au-travail-reglementations/les-maladies-chroniques-au-travail

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