Au nom des atteintes aux droits de l’homme commises par la Chine, des associations et des hommes politiques ont appelé les sportifs à boycotter les Jeux Olympiques (JO) de Pékin 2022, prévus du 4 au 20 février. Un mouvement qui prend de l’ampleur et met les athlètes face à un dilemme que certains regrettent.
« Les Jeux 0lympiques sont importants. C’est quelque chose que vous visez et vous ne voulez pas les manquer », a avoué Mikaela Shiffrin à CNN. « Vous ne voulez certainement pas être mis dans la position de devoir choisir entre les droits de l’homme, la moralité, et être en mesure de faire votre travail », a ajouté la skieuse, une année avant les JO de Pékin.
La tenante de 68 victoires en Coupe du Monde a trouvé d’ailleurs « vraiment dommage, qu’il n’y [ait] pas seulement des accusations, mais des preuves légitimes dans beaucoup de ces pays où nous avons participé aux derniers Jeux ». Des propos rapportés par l’AFP. Les JO de Pékin ne seraient donc pas les seuls visés par les propos de l’Américaine.
Une déclaration sensée puisque les hôtes précédents étaient loin d’être des exemples. La Russie avait accueilli les JO d’hiver de 2012 et la Corée du Sud ceux de 2018. Deux pays en retard en matière de droits de l’homme. L’Américaine avait d’ailleurs décroché la médaille d’or lors de ces deux éditions. Les propos de la skieuse font suite à des semaines de mobilisation internationale en vue d’un boycott des JO de Pékin.
Des athlètes pris dans la tourmente politique
Deux versions. Celle de la Chine et celle du reste du monde. La prise de conscience a été lente, et l’est toujours. En France, Raphaël Glucksmann a été l’un des premiers hommes politiques à tirer publiquement la sonnette d’alarme sur la situation des Ouïghours en Chine.
Parmi ces douze millions de musulmans en Chine, un million serait interné dans des camps de la province du Xinjiang. L’existence des camps a par ailleurs été reconnue officiellement en 2018 par le pays de l’Empire du Milieu. Soit quatre ans après leur création.
Travail forcé, pose forcée de stérilets pour les femmes, campagne de répression, incarcération de masse, de travail forcé, etc. Bref, les violences dans ces « camps de transformation par l’éducation » sont nombreuses. Emmanuel Macron avait condamné « avec la plus grande fermeté » le « système répressif » chinois tout en affirmant y porter une « grande attention ».
De son côté, la Chine a démenti ces accusations affirmant que les « camps » sont des simples « centres de formation professionnelle » dont le but est d’éloigner la communauté musulmane de l’extrémisme religieux. Le pays de Xi Jinping a accusé par le passé les Ouïghours d’avoir commis plusieurs attentats entre 2013 et 2014.
Le gouvernement américain a pris lui aussi part au débat après que des experts et des organisations de défense des droits de l’homme ont accusé la Chine d’avoir fait interner ces personnes. De plus, des discussions ont suivi entre le Sénat et 180 associations avec la finalité suivante : appeler au boycott des JO à Pékin.
Une délocalisation des JO de Pékin ?
Il y a trois semaines, le Canada avait lancé une alerte et proposé une solution. Une trentaine d’élus et d’associations avaient appelé le Comité International Olympique (CIO) à délocaliser les JO de Pékin 2022. Il est « encore temps d’exiger du Comité international olympique qu’il organise les Jeux ailleurs si le gouvernement chinois continue dans son délire génocidaire », écrivaient-ils dans une lettre ouverte intitulée Les Jeux de la honte.
« Nous ne demandons pas à nos athlètes de renoncer à leur rêve olympique, car nous sommes très conscients des efforts considérables qu’il leur aura fallu déployer pour espérer pouvoir le réaliser », ont ajouté les penseurs canadiens.
Une solution qui pourrait permettre aux sportifs de se retrouver lors de l’événement dans un endroit non controversé. Tout en prenant part à un débat que l’on entend mais que l’on n’écoute pas.