La newsletter se met au service des combats féministes

La newsletter se met au service des combats féministes

Si les femmes et les jeunes filles peuvent aujourd’hui jouir de certains droits, c’est grâce à la lutte de nombreuses femmes mais parfois aussi (et heureusement) d’hommes. Bien que beaucoup de préjugés existent à l’encontre des féministes, elles n’ont jamais faibli, multipliant les actions solidaires. La newsletter est un bulletin d’information gratuit, souvent hebdomadaire, s’imposant comme un levier d’information efficace pour aller à la rencontre de celles et ceux qui veulent en savoir davantage sur des sujets boudés et parfois tus. Ô Magazine a rencontré deux femmes aux commandes de ce nouvel outil de communication.

Envoyée à une adresse mail donnée par les abonnés, elle permet à une organisation, une entreprise, de créer un lien privilégié avec ses clients/adhérents. Mais aussi et surtout, elle permet de communiquer, de transmettre une information. Ainsi, la newsletter rassemble des êtres touchés par un combat, une éthique. Puisque pour Simone de Beauvoir : « On ne naît pas femme, on le devient. » Comment le devenir lorsque l’on a été conditionnée à n’être que l’ombre des hommes ? Ces lettres vous démontrent que vous n’êtes ni muet.te.s ni invisibles.

L’empreinte de la lettre féministe serait donc d’aborder certaines thématiques pour mieux lever des tabous. Une parole donc écrite se répandant via les nouveaux outils de communication.

La newsletter sans tabous 

Un samedi sur deux, des abonné.e.s heureux.euses reçoivent dans leur boîte mail une newsletter « culottée » ! Culot, un nom à la fois provocateur et honnête. En effet Marie-Alix Détrie, co-fondatrice de la newsletter éponyme, nous a expliqué qu’elles « voulaient l’appeler ”fessée” (…) mais il fallait un nom beaucoup plus passe-partout ». Vous l’aurez compris, cette newsletter a pour objectif de (r)éveiller les consciences et d’aborder des sujets qui dérangent voire qui fâchent.

Leur ligne éditoriale est limpide : aborder les sujets qui peuvent nous faire rougir. Et pourtant, il est nécessaire de le faire. Leurs newsletters, à l’instar de leur site, permettent à leur lectorat de se renseigner et d’avoir des réponses à des questions qui peuvent être difficiles à poser. Parce que le féminisme, c’est avant tout le respect de l’humain, de l’autre, grâce à leur travail, militantisme rime avec justesse.

Éveiller les consciences

« J’ai toujours voulu faire du journalisme de manière engagée». Cette déclaration de Marie-Alix met en lumière la gageure qu’elle s’est fixée avec Jessica Martinez et Julia Sirieix, elles aussi journalistes. Elles décident donc d’aborder la question de l’altérité et du féminisme par le prisme de la sexualité. En effet : « Ce n’est pas qu’une newsletter. On avait vu qu’il y avait très peu d’informations sur la sexualité et le féminisme. La newsletter aborde aussi bien les questions de sexualité, que d’inclusivité, de féminisme et de genres. » Ainsi, le fil rouge de leurs newsletters est en accord avec leur éthique. Les reportages, enquêtes et entretiens réalisés tendent à répondre à cette question centrale : « Comment la société évolue avec le débat féministe ? » Pour ce faire, elles vont « se pencher deux semaines sur un sujet avant de le sortir, pour prendre le temps de décortiquer un aspect du combat féministe ».

Cet éveil des consciences passe aussi par la formation. Elles proposent ainsi des journées de sensibilisation au cours desquelles une réflexion sera proposée autour par exemple du management inclusif. Cela consiste à « intervenir pour expliquer comment créer son équipe en ayant conscience des inégalités quelles qu’elles soient (racistes, sexistes, homophobes…) ». Ces temps forts sont à destination d’associations, des écoles, des entreprises. Comme l’explique Marie-Alix : « L’idée est de faire un pont avec des structures qui ne sont pas aussi militantes. Notre audience est très féministe. Il ne faut pas garder ces sujets en vase clos. »

Sorocité, une newsletter participative.

Comme l’indique son slogan, Sorocité est une « newsletter féministe, participative et pédagogique ». Le nom de cette association vient de la contraction de « sororité » et de « cité ». À l’origine de ce projet, cinq fondatrices : Elsa Pereira, Marguerite Nebelsztein, Léa Drouelle,Charlotte Arce et Héloïse Niord-Méry. Cinq femmes engagées sur le chemin de la tolérance, de l’écoute et du respect. Pour elles, leur force réside dans le fait de laisser s’exprimer d’autres voix que les leurs. D’autre part, bien que leur lectorat soit principalement féminin, nombre d’hommes sont également abonnés. En effet, cette newsletter est conçue comme une vaste place où tout le monde peut échanger qu’il soit homme, femme ou non genré. Il n’y a pas de discours moralisateur mais simplement un échange autour d’un sujet de société. Une gageure pour ces cinq femmes qui alimentent la newsletter et le site, en plus de leur vie personnelle et professionnelle.

Le fil rouge de cette lettre hebdomadaire est « la pédagogie ». Comme nous l’a expliqué Marguerite Nebelsztein, il faut en effet qu’elle soit « compréhensible par tous ». Chaque mot est donc choisi avec soin pour que le vocabulaire ne fasse pas barrage. Accessible, elle est bien évidemment gratuite. Enfin, leur « fil rouge c’est (aussi) la directrice artistique, Héloïse, les illustrations superbes, c’est elle qui a créé l’identité pour sorocité ». Un bulletin d’informations altruiste déposé tous les samedis matins dans votre boîte mail. Dans ce dernier, il est question de « tous les féminismes », notamment de l’écoféminisme.

Visuel de la newsletter Sorocité. Il est écrit sur un fond rose. Des visages de femmes se devinent sur les lettres. Ils sont en vert et rose foncé. Le O et le C sont entremêlés.
Un visuel esthétique mettant en lumière l’altruisme et la sororité de la newsletter. Crédit : Héloïse Niord-Méry.

Un défi relevé avec succès

Ce projet de newsletter a été conçu en mai 2020 pendant le confinement. En effet, comme nous l’a expliqué Marguerite, elles sont « toutes des anciennes d’un site féminin, on voulait travailler sur un projet féministe ». Les périodes de confinement leur ont ainsi donné raison permettant alors à de nombreuses personnes de pouvoir se documenter sur des sujets sérieux qui contraignent parfois au silence. D’autre part, le témoignage est leur « ADN » : « On essaye d’inciter, les femmes qui n’ont pas l’habitude de prendre la parole », en mettant un point d’honneur à leur démontrer que chaque sujet, chaque parole a sa légitimité.

Enfin, l’engouement pour leur newsletter ne faiblit pas. En effet, outre la réalisation d’un « cahier de vacances » qui a séduit plus d’un.e abonné.e, elles espèrent « lancer des nouveaux projets à la rentrée ».

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Du collage à la newsletter : une mise au ban des injustices

Que vous soyez homme, femme, non genré, le féminisme c’est un état d’esprit, celui de la solidarité et de l’entraide. Si pour Aragon « la femme est l’avenir de l’homme », il en va sûrement de même avec le féminisme. Ce dernier démontre qu’il est possible de se réapproprier sa pensée et de comprendre pourquoi le patriarcat est à juste titre remis en question. Balance ton porc, tout comme les collages, avaient déjà permis de mettre en lumière les crimes trop souvent banalisés commis à l’encontre des femmes. Lire une newsletter féministe, c’est prendre conscience que la société a façonné une représentation erronée des femmes. Grâce à elle, les écrans deviennent alors une porte qui s’ouvre vers la lucidité.

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