Sibu Manaï revient avec son EP Vavanguer

Nouvel EP

De son vrai nom Justine Mauvin, Sibu Manaï sortira son nouvel opus Vavanguer, le 24 avril prochain. Par ailleurs, cette championne de surf mondial a délivré, il y a quelques jours, un extrait de son EP intitulé On My May. Après les vagues de la mer, la Réunionnaise de 26 ans trouve maintenant du réconfort dans une carrière musicale déjà très aboutie. Pour en savoir plus, Ô Magazine s’est entretenu avec cette artiste féminine qui explore les sonorités de son île natale.

Ô Magazine. Vous êtes une grande voyageuse et passionnée de sport en tout genre (jui-jitsu brésilien, taekwondo, yoga …), on peut mal vivre la sédentarité. Est-ce que le confinement se passe bien ? Comment gérez-vous votre temps durant cette période difficile ? 

Sibu Manaï . Ça va ! Je gère comme je peux cette situation même si je ne sors pas beaucoup. De toute façon à la maison, je n’ai pas de quoi m’ennuyer puisque j’ai beaucoup de travail. De temps en temps, j’essaie de garder la forme et rester dynamique : yoga, méditation, travailler mes gammes, faire du skate pour prendre un peu l’air. Avec mon attestation de déplacement, évidemment. Mine de rien, c’est un vrai travail mental. 

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Sibu Manaï.

Ô Magazine. Après votre premier album Waterman, vous continuez avec un nouvel opus intitulé Vavanguer. Quel est votre sentiment sur le projet ? 

SM. Je suis super excitée parce que la conception du projet a duré pas moins de deux ans avec l’aide mon équipe. Il y a eu une grande attente pour finaliser cet album car j’ai eu un contentieux avec une maison de disque . Certains de mes projets n’ont pas abouti. Voir la réalisation de mon travail de dur labeur m’a rendue très fière. Maintenant libérée, je peux enfin sortir cet album pour qu’un nombre d’auditeurs l’écoutent. Ensuite, je pourrai partager avec plaisir mes morceaux sur scène et échanger sur cette victoire avec le public. À travers la musique, je dévoilerai tout ce que j’ai à dire. 

Ô Magazine. Pouvez-vous parler de votre single On my way, qui est extrait de l’EP ? Est-ce une ode au voyage ? 

SM. On my way* sera le premier titre de l’EP. Cette chanson parle de voyage. En partant à l’autre bout du monde, je me suis rendue compte que j’étais proche des gens malgré la différence de langue ou de culture. En fin de compte, on peut tous communiquer ensemble avec les yeux, les gestes et même le cœur, peu importe nos origines. Tous différents mais un but en commun : chercher sa place sur terre. Chaque humain souhaite un endroit qui pourra nous nourrir pendant des générations. On est tous un peu sur ce grand chemin de la vie. Voilà ce que je voulais raconter sur cette chanson. Pour composer ce morceau, je me suis aidée notamment d’Aurélien Fradagrada et de Sylvain Rabbath. Cet album, incluant On my way, est le début d’une formidable aventure !

* C’est une reprise d’Alain Péters, un grand chanteur et artiste de la Réunion. Pour en savoir plus.

On my Way, premier extrait de l’EP Vavanguer.

Ô Magazine. Pourquoi Sibu Manaï ? 

SM. Lors d’un voyage en Indonésie (sur l’île de Mentawai), j’ai séjourné, il y trois ans, en immersion dans une tribu appelée les hommes fleurs. Avec eux, j’ai pu vivre dans la jungle, à l’état sauvage. Au terme de cette expérience enrichissante, ils m’ont donnée le nom de Sibu Manaï ce qui signifie « Chérir la fleur» .

Ô Magazine. Allez-vous encore faire cohabiter vos trois langues de prédilection dans cet EP : le français, le créole et l’anglais ? 

SM. Il y aura surtout du créole et de l’anglais dans Vavanguer pour faire le lien entre mon île natale et le reste du monde. J’utilise ces langues dans mes chansons pour adresser mon message à ceux qui appartiennent à ma culture parce que je voyage beaucoup grâce au surf. Au bout du compte, je tente de faire le lien entre tout ce que j’ai appris, d’où je viens et où je vais transporter mon message.  

Ô Magazine. Démarrant une carrière avec des premières parties de chanteurs renommés (Benjamin Biolay, le duo Brigitte entre autres) vous construisez votre musique en mettant l’accent sur différentes influences telles que la pop-soul, le funk et même le folk dans le premier album. Y’aura-t-il une évolution musicale dans ce projet ? 

SM. Oui, il y aura la présence de sonorités traditionnelles de la Réunion mélangées aux influences musicales modernes. Dans cet opus, je pense qu’on va essayer de se démarquer en gardant tout de même mes racines folk et soul auxquelles je tiens. J’espère que mon message sera compris de tous.

Ô Magazine. Dans le surf, vous avez un sacré palmarès à 26 ans. Multiple championne de France et d’Europe en longboard mais aussi troisième mondiale en 2016. La compétition ne vous manque-t-elle pas ? Une envie de reprendre ? Vous restez focaliser sur la musique ou vous souhaitez faire les deux ? 

SM. À vrai dire, cela ne me manque pas puisque je n’ai pas un esprit très compétitif. Aujourd’hui, je me consacre exclusivement à la musique parce que cette passion m’anime depuis l’âge de 13 ans : piano, guitare, écrire des chansons, chanter en groupe et en solo. Ma priorité reste la musique en me donnant les moyens de réussir surtout au moment de la sortie de mon projet Vavanguer.  Bien que ce soit un sacrifice, je garde toujours un contact avec la mer. En effet, je me permets de surfer librement pour mon plaisir personnel. Confinée à Paris, je commence véritablement à ressentir ce manque.  

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De son vrai nom Justine Mauvin, l’artiste est une championne de surf .

Ô Magazine. Que pensez-vous de la visibilité du surf en général ? 

SM. À cause du confinement, toutes les compétitions de surf sont à l’arrêt forcé. En intégrant les Jeux Olympiques (finalement reportés à 2021), la discipline fait un grand pas en termes de visibilité et de crédibilité. Cet accomplissement permettra de faire appel à quelques financements pour des futures compétitions internationales qui auront besoin d’un large soutien. Cependant, j’ai des craintes sur le fait que la discipline soit olympique. La popularité pourrait tuer le surf qui est une pratique confidentielle dans un espace naturel à préserver. J’espère que les gens se soucieront de l’environnement.

Ô Magazine. Trouvez-vous que le surf féminin est à un haut niveau ? 

SM. Le niveau féminin a bien progressé dans le surf. C’est formidable de voir les femmes se donner à 100 % et de faire leur passion un métier pour certaines. En plus, il y a de plus en plus de compétitions dédiées aux femmes. Maintenant, on est sur le même calendrier que les hommes, une belle évolution. À l’avenir, j’espère que les femmes auront le même salaire que les hommes. D’ailleurs, la parité salariale est présente dans certaines compétitions. Je félicite ces nombreux changements pour l’égalité des sexes. 

Ô Magazine. Quels sont vos projets actuels ou futurs ? 

SM. Au mois d’octobre, je reprendrai le surf en compétition (initialement en mai) au Mexique. Je vais tourner le clip du titre On my way et probablement un second pour un morceau issu du même album. 

Ô Magazine. Dernière question ! Un mot à dire sur la femme d’aujourd’hui ? 

SM. Je dirais Sibu Manaï. Chérir la fleur qui est à l’intérieur de chaque femme. Je voudrais que la conscience collective se tourne davantage vers le féminin parce qu’on est dirigé toujours, à mon regret, par les hommes. C’est quand même un monde qui ne tourne pas très rond (rires) !

Merci à Sibu Manaï d’avoir consacré un peu de son temps à Ô Magazine. Le 24 avril prochain, l’artiste sortira son deuxième opus Vavanguer qui sera disponible sur toutes les plateformes de musique. Suivez l’artiste sur ses comptes Instagram, Twitter et Facebook.

Cet article a 2 commentaires

  1. Maëva

    Bonjour, en tant que vraie Réunionnaise, je me permets d’apporter quelques précisions, puisque je ne vois pas son nom figurer dans l’interview. C’est simplement pour lui rendre justice et puis parce que bon c’est une reprise tout de même. Donc comme on dit “rendons à César ce qui appartient à César” 🙂

    “L’artiste poète” en question se nomme Alain Péters était une icône de la musique Réunionnaise, un génie de la musique très appréciè des vrais créoles, mais aussi par les français métropolitains installés sur l’Ile comme la chanteuse Justine Mauvin en l’occurrence.

    A savoir que le maloya classé au Patrimoine culturel immatériel de l’humanité depuis 2009 était à la base une musique jouée par les esclaves pour exprimer les peines et douleurs de ces derniers, musique qui était d’ailleurs interdite jusque dans les années 1970.

    Voilà voilà, un petit réajustement historique pour celleux qui ne savent pas. Je vous invite également à écouter l’artiste en question et d’autres. Histoire de vraiment retourner aux sources, pour celleux qui s’intéressent à la vraie histoire musicale de La Réunion.

    Je trouve que par respect pour la culture cela aurait été poli de remettre un peu le contexte historique et casser un peu ce cercle d’appropriation culturel. Enfin le b à ba du travail de journaliste quoi. Merci 🙂

    1. Clinton Kieta-Sisidi

      Bonjour, je tiens à présenter mes excuses pour cet oubli fâcheux. Merci de votre commentaire afin de rendre hommage à l’artiste. Mea Culpa !

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