Interview : Hinds nous présente leur nouvel album indie rock

Interview : Hinds nous présente leur nouvel album indie rock

Elles s’appellent Ana, Carlotta, Ade et Amber. Leurs morceaux et leur clips colorés semblent sortis tout droit d’un rêve nineties. Le 28 avril dernier, le groupe espagnol nous dévoilait leur dernier single, Just like kids (Miau). Un véritable pied de nez à un monde musical encore trop masculin. Rencontre avec Ana Perote !

Pour ceux qui ne vous connaissent pas encore, comment a été formé Hinds et pourquoi ce nom de groupe ?

Nous avons tout d’abord commencé en duo avec Carlotta et moi en 2011. Puis, après six mois, Ade et Amber nous on rejoint. Nous nous appelions encore Deers, ce nom ne signifiait rien. Mais après deux ans un autre groupe du même nom nous a menacé de nous mettre un procès alors nous avons tout simplement choisi Hinds car c’était le féminin de Deers.

Just Like kids (Miau), votre dernier single a été dévoilé le 28 avril dernier. Vous y démontez les jugements et conseils déplacés auxquels vous avez dû faire face. Peut-on parler d’un “anti-mansplaining” ?

J’espère bien! Il faut que les petites filles surtout, entendent cela et ne se sentent pas si seules et si aliénées. C’est une manière pour nous de faire face à tous ces commentaires qu’on a reçus. C’est notre travail et nous avons de nombreux fans qui aiment et dansent sur notre musique. On peut nous dire ce que l’on veut nous continuerons à faire ce que l’on aime, à créer, gagner de l’argent, et avoir du bon temps. Nous devons sans cesse prouver notre talent aux autres, que nous sommes bonnes dans ce que nous faisons. C’est beaucoup d’énergie qu’on doit mettre pour nous justifier alors que nous pourrions simplement faire plus de musique à la place. C’est une chance pour moi d’être dans un groupe, car nous faisons face, si j’étais seule je ne sais pas si j’aurai pu subir cela.

Comment se passe la composition de vos morceaux ? Qui fait quoi ?

Pour cet album on savait qu’on voulait faire quelque chose de différent, il nous fallait sortir de notre zone de confort. Nous avons donc beaucoup voyagé, écrit avec d’autres instruments pour tester par exemple. Avant, nous avions peur que notre album sonne trop pop ou trop punk. Mais avec ce 3ème album, nous avons mis de côté nos préjugés et nous avons juste testé et je pense que ça a marché car l’album sonne très différent, je suis très contente du résultat final! Carlotta et moi nous pensons souvent les mélodies et une fois que nous en trouvons une qu’on aime, nous écrivons les paroles. Puis, selon la chanson, nous composons les accords avec les autres filles mais cela varie beaucoup. 

Concernant vos clips musicaux, ces derniers sont très créatifs avec un esprit très nineties et années 2000. Quelles sont vos inspirations ? A quel niveau participez-vous à leur élaboration ?

Avant, nous avions moins le temps de penser et participer à la création des visuels. Pour la première fois dans cet album, nous connaissons très bien les directeurs et ils n’essaient pas de nous faire faire des choses qui ne nous ressemblent pas ou que nous n’aimons pas. Nous ne voulions pas apparaître seulement belles ou sexualisées. Je pense finalement que nos clips nous représentent très bien car nous connaissions les personnes et que nous avons vraiment participé à la création.

Dans notre clip Riding Solo, nous voulions nous représenter en mouvement dans l’espace et à la fois seules mais entourées alors que dans Good Bad Times nous voulions faire ressortir la force en nous avec une image très “super-nanas”. Pour Miau (Just like Kids ndlr) nous voulions coller aux lyrics en nous représentant en train de chanter, de nous amuser et de faire ce pour quoi les gens nous critiquent ou pensent que nous sommes et en rire finalement.

Votre nouvel album The Prettiest Curse, sort le 5 juin prochain, comment gérez-vous sa promotion en temps de confinement ?

Nous avions prévu un tour de 3 mois entre avril et juin, mais ça a été déplacé après l’été, y compris la promotion comme signer des albums par exemple. Nous sommes assez peu sûres pour ce qui va se passer dans les mois suivants. Mais nous espérons que notre album va aider des gens qui se sentent seuls, car nous parlons beaucoup des crises d’identité et de la solitude, des sujets que nous n’avions jamais abordés avant. C’est très dur d’avoir l’impression d’être la première personne à vivre cela et se sentir incomprise.

J’espère que cet album va aider beaucoup de gens. Nous n’avons pas réellement de guide ou de recettes miracles pour savoir comment gérer la promotion de notre album. Mais les réseaux sociaux nous aident, nous faisons des tutoriels pour que tout le monde puissent apprendre à composer, nous avons aussi fait des concerts en live depuis chez nous ou des livestreams pour informer les gens sur la situation en Espagne. 

Dans votre single issu de ce même album, Good Bad Times, vous incluez des phrases espagnoles. Pourquoi cette nouveauté ?

Déjà dans la dernière chanson de notre deuxième album, Ma Nuit, nous avions inclus des paroles espagnoles et françaises. Mais dans cet album, c’est la première fois que nous avons ajouté cela dans un single, c’est quelque chose que nous voulions faire depuis longtemps. Nous sommes maintenant un groupe plus établi, on sait ce que l’on aime, ce que l’on aime moins.

Chanter en espagnol est quelque chose qui nous rendait très “insecure” car c’était nouveau pour nous mais qui s’est beaucoup développé ces derniers temps. Carlotta a commencé par faire une playlist sur Spotify avec toutes les chansons espagnoles qu’elle aimait. On les a étudié, on les a comparé selon nos goûts à chacune pour ensuite créer nos propres lyrics. Le résultat nous a beaucoup plu! C’est quelque chose que nous n’avions jamais fait et cela nos chansons un peu plus intimes et plus “Hinds” je crois.

Et du coup envisageriez-vous de faire un jour un album entièrement en espagnol ?

Je ne sais pas sincèrement. Nous restons ouvertes à toutes sortes d’idées! Mais le fait de voyager, nous entourer d’amis du monde entier nous ont changé et donné envie d’exploiter d’autres langues, c’est une identité qui nous représente. Mais j’adore les chansons entièrement en espagnol donc pourquoi pas un album en espagnol ou même en français qui sait?

The Prettiest Curse est votre 3ème album. Que représente-t-il dans votre évolution musicale?

Je pense que ça a été quelque chose de très grand pour nous! De démontrer que nous étions capables de faire des chansons si différentes que nous ne maîtrisons pas par rapport à ce que nous avions fait avant. Dans les deux premiers albums, nous avons essayé de sonner comme lors de nos live. Mais cette fois nous avons essayé de faire des choses différentes. Au début j’étais très peu sûre du projet car je ne savais pas où nous allions. Mais je suis finalement très fière de nous et du résultat final qui nous ressemble beaucoup plus.

En 2021, votre groupe aura huit ans ! Quel est votre secret pour maintenir cette symbiose artistique entre vous quatre et rester sur la même longueur d’onde ?

Je crois que c’est important de partager des choses en dehors du boulot. Si je vois un film ou écoute un album que j’aime, j’en parle tout de suite avec les filles et on échange sur ça. C’est un effort qu’il faut faire je crois de pas tout garder chacune pour soi. Ca aide beaucoup pour rester dans la même direction. Maintenant que nous avons fait 3 albums, je me sens plus préparée pour faire des choses en me donnant à 100% dedans et en me disant que demain je ferai encore mieux. Avoir des objectifs reste très important car la création bouge sans cesse.

Pour finir, où pouvons-nous vous suivre ?

Nous sommes très active sur notre compte Instagram, @hindsband, Carlotta et moi gérons le compte, c’est le réseau qui nous représente le mieux.

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