Féminité sans abri redonne de la dignité aux plus démunies

En 2015, Lucie Sanchez crée une page Facebook pour aider les femmes sans abri à retrouver leur féminité. Face au succès du collectif virtuel, Féminité sans abri devient en 2017, une association. Aujourd’hui, 77 bénévoles sillonnent 34 départements en France pour venir en aide aux personnes précaires. Ô Magazine a rencontré Isabelle Colin, présidente de Féminité sans abri, depuis mai 2019. 

Bonjour Isabelle Colin, expliquez-nous le rôle de Féminité sans abri ? 

I.C : Nous nous occupons de toutes personnes en situation de précarité, sans distinction d’âge, de religion, d’orientation sexuelle ou de sexe. Nous aidons en priorité les femmes précaires, mais également les hommes, les enfants et les bébés. Notre rôle est de réaliser des kits d’hygiène. Pour cela, nous collectons des produits d’hygiène et de beauté dans des points de collecte auprès de particuliers et d’entreprises de plusieurs villes en France. Nous distribuons également des produits d’hygiène grand format pour les personnes qui se trouvent dans des centres d’hébergement ou des hôtels sociaux.

Quelle est la composition des kits d’hygiène et de beauté ?

I.C : Dans chaque trousse nous mettons toujours les mêmes produits de base : savon, gel douche, shampoing, brosse à dent, dentifrice, lait pour le corps, crème pour le visage, cotons, cotons-tiges, serviettes hygiéniques. Nous pouvons également ajouter du maquillage, un petit bijou ou un miroir, c’est important pour les personnes sans abri de pouvoir retrouver une féminité. Cela leur redonne une certaine dignité et estime d’elles-mêmes. Pour les trousses hommes, nous ajoutons en plus un rasoir et de la mousse à raser. Au total, nous réalisons 70 % de trousses d’hygiène pour les femmes et 30 % de kits pour les hommes.

Les trousses d'hygiène et de beauté
Brosses à dent, peigne, produits d’hygiène de première nécessité composent les trousses de Féminité sans abri ©Féminité sans abri

« En 2019, plus de 27 000 kits d’hygiène ont été distribués. »

Isabelle Colin, présidente de Féminité sans abri

Comment votre association a-t-elle vécu la période de confinement ? 

I.C: Pendant le confinement, nous avons continué à aider les personnes dans le besoin. Nous avons travaillé avec des partenaires comme La Croix Rouge, le SAMU social pour continuer à distribuer des kits d’hygiène. Nous avons fonctionné uniquement avec notre stock et nos partenaires qui ont continué à nous livrer. Durant cette période, nous avons fait le choix de ne pas prendre de dons, car nous savions que le coronavirus tenait sur le plastique. Nous avons demandé aux donateurs de préparer leur collecte et de mettre une date sur le sac, afin qu’il y ait bien 15 jours de confinement pour les produits. 

Les activités de collecte ont-elles reprises ? 

I.C: Nous avons repris nos activités dès le 11 mai. Certains points de collecte, qui sont pour la plupart des boutiques, ont rouvert. Depuis le déconfinement, nous distribuons partout notamment dans les centres d’hébergement, dans la rue. Les personnes qui souhaitent faire un don doivent porter un masque et le sac de dons doit être fermé pour éviter tout risque de contamination par le virus sur les produits. Si le colis n’a pas respecté les 15 jours de confinement, il est mis en quatorzaine. 

« Nous sentons que les Français sont solidaires. »

Isabelle Colin, présidente de Féminité sans abri

Les personnes sans abri disposent-elles de protections sanitaires ? 

I.C : Les personnes dans la rue ont été les grandes oubliées de la crise sanitaire. Et nombreuses d’entre elles ont attrapé le coronavirus. Pour nous, il est essentiel de protéger nos bénéficiaires et bénévoles. Pour cela, nous essayons de mettre dans les trousses du gel hydroalcoolique. Nous avons également mené une action avec le collectif Masks 4 France, pour acheter des masques FFP2 pour les soignants qui accompagnent l’association lors des maraudes. Grâce à cette initiative, nous avons pu récupérer 1000 masques FFP2. Pour les personnes sans abri, nous avons commandé des masques chirurgicaux. Nous avions déjà un stock de masques en tissu, mais pour les personnes qui se trouvent dans la rue, ce n’est pas idéal. Ils n’ont souvent pas de point d’eau pour les laver. 

Les trousses d'hygiène et de beauté
© Féminité sans abri

Constatez-vous une augmentation du nombre de bénéficiaires depuis la crise sanitaire ? 

I.C : C’est une catastrophe ! Une explosion de demandes de partout, quel que soit le département. Faute de bénévoles, les associations d’aide alimentaire ont dû fermer pendant le confinement. Les personnes précaires, n’ayant pas cette aide habituelle, ont utilisé leur argent pour manger et non pour acheter des produits d’hygiène. Nous sommes dépassés par les demandes qui viennent de tous les milieux : familles monoparentales, étudiants, personnes isolées et même des retraités.

Vous pouvez retrouver les campagnes de collecte de Féminité sans abri sur leur site web ou sur leur page Facebook.

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