Droits des femmes : quelles avancées depuis 2017 ?

Alors que les élections présidentielles approchent, il convient de faire un bilan de la situation des femmes en France. Les violences faites aux femmes, décrétée “grande cause du quinquennat” d’Emmanuel Macron, se sont-elles résorbées ?

Comme on l’a vu précédemment, le féminisme sera un enjeu majeur pour cette campagne 2022. Les candidats s’accordent tous à séduire cet électorat. Les récentes actualités le montrent. En effet, Emmanuel Macron a défendu le droit à l’avortement dans son discours à Strasbourg, devant la nouvelle Présidente du parlement ouvertement anti-IVG. Le chef de l’Etat avait également annoncé le 11 janvier une “stratégie nationale” de lutte contre l’endométriose. Aussi, la candidate LR Valérie Pécresse avait clamé sur le plateau de BFMTV que “la loi du silence, c’est fini !”. Elle faisait référence aux récentes accusations d’agression sexuelle du journaliste de la chaine, Jean-Jacques Bourdin.

Effectivement, la cause des femmes prend de plus en plus d’ampleur. Et le quinquennat Macron se distingue par une quantité importante de lois votées. Cependant, toutes les associations s’accordent sur le manque de moyens attribuées par l’Etat pour éradiquer les violences sexuelles et sexistes. 

Des avancées sociétales en termes de droits des femmes

Le quinquennat Macron est marqué par quelques lois de progrès social et sociétal. Ainsi, le vote de l’ouverture de la PMA (Procréation Médicalement Assistée) pour toutes les femmes constitue une réelle avancée. Après des débats assez houleux, l’amendement sur la PMA faisait partie du projet de loi sur la loi bioéthique. Le texte est promulgué le 2 août 2021. La loi autorise le recours à la PMA pour les couples de femmes et les femmes célibataires, jusque-là réservé qu’aux couples hétérosexuels. Aussi, le remboursement de ces opérations est ouvert à toutes les femmes. 

Ensuite, depuis le 1er juillet 2021, les hommes devenus pères ont le droit à un congé paternité de 28 jours. Cette mesure veut rééquilibrer la charge de la parentalité aux deux parents et non seulement à la mère. Ce point de vue peut-être évidemment discutable. 

Lutter contre les violences faites aux femmes 

A la suite des différents mouvements #MeToo en été 2017, le gouvernement avait placé la lutte contre les violences faites aux femmes parmi ces priorités. Ainsi, quatre lois ont été votées pour lutter contre les violences faites aux femmes pendant le quinquennat. La loi renforçant la lutte contre les violences sexuelles et sexistes a allongé le délai de prescription pour les crimes sexuels commis sur des mineurs. La législation a admit de nouvelles infractions, comme le harcèlement de rue et lutte également contre le cyberharcèlement. En 2019, Marlène Schiappa, alors secrétaire d’Etat chargée à l’égalité femmes-hommes, organise un “Grenelle des violences conjugales”. Le bilan de cette table ronde est d’ailleurs assez mitigé pour les associations qui dénoncent toujours le manque de moyens.

Ensuite, le gouvernement fait développer les moyens de sensibilisation, à l’instar d’un site d’information contre les violences sexuelles. Il fait également déployer le numéro d’écoute des 3919. Par ailleurs, l’exécutif multiplie les bracelets anti-rapprochement, les ordonnances d’éloignements pour les agresseurs, des téléphones-danger et des places d’hébergement pour les victimes de violences conjugales. Sous l’impulsion de Marlène Schiappa, il crée un délit d’outrage sexiste ou sexuel. De plus, une meilleure formation des policiers est exigée pour améliorer l’accueil et l’accompagnement des victimes. Soit, près de 90 000 policiers qui ont reçu ces nouveaux enseignements.

Une politique du “en même temps” qui brouille le discours

La politique du “en même temps” dans la communication du président Macron a quelque peu échauffé les consciences. En effet, les différents scandales survenus pendant le quinquennat n’ont pas arrangé les affaires du gouvernement. Les plus emblématiques sont celles de Gérald Darmanin et de Nicolas Hulot. Tous les deux accusés de viols et d’agressions sexuelles. Pourtant, Emmanuel Macron leur apporte une confiance sans faille au nom de la présomption d’innocence. 

Le chef de l’Etat maintient Gérald Darmanin au ministère de l’Intérieur, alors même que l’institution policière demeure un étape fondamentale pour accueillir la parole des victimes. Le ministre est toujours présumé innocent et même mieux puisque le parquet a requis le 13 janvier un non-lieu concernant les accusations de viol. Quant à Nicolas Hulot, il s’est vu rapidement rattrapé par des accusations de viols. En effet, en 2018 le journal Ebdo avait sorti un premier article accusant le ministre de la Transition écologique à l’époque. Les membres du gouvernement avaient fait bloc derrière lui. Ces derniers ont rapidement rétropédalé à la suite d’un épisode de l’émission Envoyé spéciale, diffusé en fin novembre 2021, qui donnait la parole aux victimes présumées. En réponse à cette indignation partagée, le chef de l’Etat requiert ni de “complaisance” ni d’“inquisition”. 

Aussi, les réactions du gouvernement face aux potentielles violences policières survenues lors de manifestations ont quelque peu ébranlé son discours. En effet, en 2020 plusieurs collectifs féministes avaient organisé une marche nocturne de lutte féministe et antiraciste à Paris. Plusieurs vidéos montrent les policiers en train de brutaliser des manifestantes en leur tirant les cheveux. La ministre Marlène Schiappa a donc commenté ces exactions. Elle s’est dit “choquée” par les images. Cependant, elle a tenu à apporter son soutien aux policiers.

Quels enjeux pour les droits des femmes en  2022 ? 

La différence fondamentale entre l’élection présidentielle 2017 et celle de 2022 concernant les droits des femmes portera sur le budget mis à disposition pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles. Les associations de lutte contre les violences faites aux femmes ont salué les mesures mises en place par le gouvernement. Cependant, elles dénoncent des moyens “insuffisants” pour lutter contre les violences faites aux femmes. Ainsi, la présidente de Nous Toutes, Caroline De Haas, s’est dite “déçue” du Grenelle sur les violences conjugales. Raphaëlle Rémy-Leleu, porte-parole de l’association Osez le féminisme à l’époque, déplorait également le manque de moyens.

Ensuite, la formation des policiers reste encore à revoir. En effet, l’avènement du hashtag #DoublePeine” sur les réseaux sociaux en 2021, a remis en question le discours gouvernemental. Ce hashtag voulait dénoncer la qualité médiocre de l’accueil et l’accompagnement des victimes dans les commissariats. Ainsi, plusieurs victimes ont pris la parole pour raconter leurs dépôt de plainte et l’accueil des policiers. 

De nombreuses mesures ont été mise en place depuis cinq ans en termes de droits des femmes. Cependant, il reste encore beaucoup à faire pour arriver à une égalité des genres.

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