Coronavirus : L’anxiété exacerbée

Coronavirus : L'anxiété exacerbée

L’anxiété est une réponse à une situation inquiétante. Cette sensation de malaise interne, nous l’avons tous expérimenté à différentes échelles. Face à la crise sanitaire qui nous touche suite à la pandémie de coronavirus, l’anxiété se fait plus présente et nous y faisons face chacun à notre manière. Qu’en est-il des personnes qui souffrent de troubles anxieux généralisés ? On fait le point dans cet article.

Rappel concernant l’épidémie de Covid-19

La pandémie de Covid-19 qui a pris source à Wuhan en décembre dernier ne cesse de faire des victimes à travers le monde. Lors de son allocution le 16 mars dernier, le président de la République Emmanuel Macron use à plusieurs reprises de la phrase « nous sommes en guerre. » Le contexte actuel est source de nombreuses inquiétudes pour l’ensemble des Français. Confinement, informations en continu faisant état du nombre de victimes qui croissent de jour en jour, suspension de l’activité des entreprises, interdiction de circuler sans attestation. Face à la crise, l’anxiété se fait plus envahissante. Les personnes souffrant de troubles anxieux caractérisés risquent de voir leurs symptômes s’aggraver.

Le point de vue d’un psychiatre

Afin de reprendre le dessus sur l’anxiété qui nous assaille, le Docteur Nicolas Neveux ( psychiatre-psychothérapeute à Paris, en TCC et TIP et auteur du site e-psychiatrie) nous explique l’importance d’identifier les paramètres « sur lesquels nous avons un contrôle dans le but de se prémunir autant que faire se peut afin de combattre le vécu d’impuissance ». Le respect du confinement et des gestes barrières permettant de limiter la propagation du virus. A contrario, « la posture émotionnelle, guidée par l’angoisse, nourrit le catastrophisme. » Les actualités négatives qui décomptent le nombre de personnes décédées quotidiennement, les réseaux sociaux qui diffusent des informations apocalyptiques, sont autant de pièges à éviter « pour ne pas tomber dans le négativisme. » Le sentiment d’impuissance augmente l’anxiété. Se focaliser sur l’aspect rationnel de la crise auquel nous faisons face reste primordial pour préserver sa santé psychique.

Le coronavirus : source d’angoisse pour tous ?

Bien entendu, l’anxiété est normale face à l’épidémie de coronavirus. Nous sommes tous informés du danger de ce virus pour nous et nos proches. L’annonce du confinement national a alimenté nos angoisses. Face notamment à la peur des personnes âgées d’être contaminées en allant faire leurs courses, une solidarité instantanée s’est installée dans les villes et les campagnes. Stéphane, développeur informatique de 40 ans, explique avoir communiqué ses coordonnées à ses voisins afin de pouvoir leur rendre service : « l’urgence ne me concernera pas moi, mais des personnes sans enfant qui ne peuvent pas se déplacer et n’ont absolument pas l’habitude de faire leurs courses sur Internet. » En effet, certaines personnes font face à des difficultés supplémentaires car elle ne maîtrise pas l’utilisation des nouvelles technologies devenues si indispensables durant cette période de confinement pour un grand nombre d’entre nous.

De son côté, Laura, étudiante de 23 ans, s’inquiète pour sa mère qui présente de nombreux facteurs de risque. Son anxiété se nourrit principalement dans la peur de voir sa mère contaminée et hospitalisée à la suite d’une contamination par le Covid-19 : « j’ai de plus en plus de mal à m’endormir mais j’essaye de ne pas lui communiquer mes angoisses. Elle est d’un naturel très anxieux alors je ne veux pas lui en rajouter. Je respecte les mesures barrières et je l’aide afin qu’elle n’ait pas à sortir de la maison. » Sonia, biologiste et vétérinaire de 34 ans, se désole de la paranoïa qui s’empare de la population : « Je m’énerve de toutes les bêtises qui circulent sur le sujet et la bêtise humaine de manière générale. J’essaie de tempérer la panique qui s’installe chez autrui. Sous émotion, les gens font n’importe quoi. ».

Distanciation sociale coronavirus

Et après ?

D’autres questionnements s’ajoutent au contexte actuel. On s’interroge sur l’après. Qu’en sera-t-il de notre société ou de notre économie une fois la crise sanitaire derrière nous ? Certains choisissent de garder espoir. « J’espère juste au mieux que cela puisse faciliter une prise de conscience générale et enclencher doucement un changement de paradigme économique qui nous ferait enfin vivre autrement, de manière plus solidaire, nous faire consommer moins, nous faire réfléchir de nouveau à nos transports planétaires tels que l’avion et le bateau, mais sans devoir tomber non plus dans l’idée qu’il faille tout stopper net du jour au lendemain. » (Stéphane). Le docteur Neveux, quant à lui, restera attentif à « une remise en question du système de valeurs de notre société. » Notamment la place et les moyens mis à disposition du système de santé. Une évolution de nos modes de production semble, selon lui, également nécessaire.

D’autres refusent l’anticipation et attendent d’observer les bénéfices du confinement en vue d’une sortie de crise. À l’image d’Alexandre, ouvrier automobile de 37 ans, qui nous fait part de son témoignage : « depuis le début du confinement, je ressens beaucoup moins de stress et de pression liés à mon activité professionnelle. Je dors mieux, je suis reposé, c’est étrange. Le temps semble suspendu. »

Faire face quand on souffre de troubles anxieux

Nathan, 46 ans, souffre de troubles anxieux depuis plusieurs années (hypocondrie, phobie sociale, spasmophilie et ruminations mentales entre autres). Face à l’épidémie de coronavirus, Nathan ne présente aucun facteur de risque médical qui le rendrait plus vulnérable au virus. Pourtant, il s’est mis en confinement deux semaines avant la directive du gouvernement et il prend nettement plus de précautions sanitaires depuis le début de l’épidémie. Malgré tout, le confinement reste pour lui difficile à l’arrivée des beaux jours, lui qui a tendance à très peu sortir en hiver. « Le contexte oppressant » ainsi que « l’ambiance liée à une paranoïa générale » sont également compliqués à vivre.

Homme anxieux coronavirus

Pourtant, il garde du recul par rapport à cette épidémie. Il a « arrêté de consulter toutes les données et de lire les gens qui propagent les hypothèses les plus catastrophistes » et il se « contente de consulter les tendances pour savoir à peu près quand la situation va s’améliorer ». Malgré une anxiété exacerbée par ce virus, Nathan garde un œil optimiste sur l’issue de cette crise. En outre, il trouve « plaisant que la société ralentisse son rythme ». Ainsi, il espère des changements : « les semaines et mois à venir seront riches d’enseignements. Des gens mourront et ça ne doit pas être vain ».

Vivre au mieux le confinement

« Le confinement est une privation d’un besoin fondamental de l’être humain : la liberté. Dès l’instant où ce besoin se trouve supprimé, cela crée une souffrance psychique. La charge émotionnelle augmente et peut être source de tension au sein des familles. Dès lors, il est essentiel d’établir des règles de vie en communauté au sein des foyers afin de maintenir un équilibre. Il est essentiel de verbaliser rapidement afin de trouver des réponses et d’ériger des règles sociales. Ne pas prendre sur soi et ainsi éviter l’effet cocotte-minute.» (Docteur Neveux). Par ailleurs, le psychiatre a rédigé un article complet afin de donner des pistes pour supporter le confinement. Le confinement a également tendance à augmenter le sentiment d’isolement des personnes, ce qui peut être un facteur de dépression. Il est donc important dans cette période de solliciter et d’entretenir des liens interpersonnels positifs afin de réduire cet isolement.

Pour finir, prenez du temps pour faire ce que vous aimez. Chez Stéphane, la clé pour supporter le confinement se cache dans le sport : « s’il y a frustration, il y a le sac de frappe et le banc de muscu qui est là pour aider à libérer l’agacement. » L’écriture est le remède à l’anxiété pour Nathan. Il a « retrouvé l’inspiration en observant la situation dans ses débuts, les réactions des gens, les nouvelles contradictoires, tantôt alarmistes, tantôt rassurantes, et le désordre que cela mettait dans les têtes. » À chaque foyer, ses outils pour gérer son temps à la maison. Le télétravail, la lecture, la méditation, les activités artistiques, le jardinage, les apéros virtuels entre amis, le binge-watching etc. De plus, quelques bons plans s’offrent à vous afin de traverser cette période le plus sereinement possible.

Laisser un commentaire