BDSM, de quel plaisir parle-t-on ?

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Les goûts et les couleurs ne se discutent pas. Il y en a qui aiment comme dans une série Disney, d’autres qui n’aiment pas et d’autres encore autre chose. Et il y a ceux qui pratiquent le BDSM à différents degrés : fessée, humiliation, punition, scarification, strangulation… et d’autres tournures dont on ne parle pas mais qui leur donnent du plaisir.

Les goûts et les couleurs

Ça ne se discute pas, certes ! Mais discutons-en toute de même. Rien de sert de renvoyer à la folie ceux qui se font fouetter au sang ou pendre par les zones les plus fragiles. Se condamner à ne pas les comprendre, c’est un déni sexuel. Non qu’il faille tout essayer pour juger, mais plutôt qu’il ne faut pas juger mais comprendre. Peut-être que votre voisin est adepte, malgré ses airs timides et inoffensifs ; peut-être que vos parents s’attachent et se griffent, alors que vous étiez obligée de suivre le catéchisme ; peut-être que votre manager, ce sadique monomaniaque, n’est pas un partisan des fessées bâillonné, bien qu’il le mérite.

On ne devient pas acteur de BDSM du jour au lendemain, au tournant d’une discussion. Cela prend son temps. Le danger de la pratique, ses risques, les paniques, la suffocation, le déplaisir, la honte… Tout ça contraint à prendre son temps. Il ne faut suivre aucun parcours, aucun programme. Pas de période d’essai ou d’adaptation. On avance à son rythme, ou pas. C’est une route que l’on parcoure pour soi, réellement pour soi.

On ne naît pas non plus acteur BDSM en découvrant que les épingles traversant ses chaires les plus fines procurent un plaisir incommensurable. Au contraire, on a mal. On ne prend pas plaisir à la douleur comme ça, parce qu’on aurait les neurones dérangés. La douleur que l’on fuit tous les jours, dont notre éducation nous a appris à éviter, par laquelle on cède au chantage, est une faiblesse qui accompagne nos émotions. Ne plus l’éviter, s’y laisser couler, accepter d’en être envahi est un moyen de la conjurer, de la jauger, de l’apprécier. On en vient à l’aimer. Reste toujours un instinct de refus, et le contrarier apporte le petit plaisir en plus qui déclenche l’orgasme.

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Un livre pour comprendre

Toute lectrice de plus de 25 ans se demande à ce stade de mon article quand je vais parler de Cinquante nuances de Grey et de ses suites. J’en parle maintenant.

Si vous avez aimé, si depuis vous vous êtes achetée un vibromasseur anal, si vous demandez des fessées, si vous avez déjà été fouettée les mains attachées, alors ce livre ou son film ne sont pas si mauvais que ça.

Mais c’est ridicule de présenter le BDSM comme une pratique de riche célibataire à l’éducation artificiellement classique. Ça en fait un complexe, un problème social. Ce n’est pas une tendance parisienne, ni une perversion des grandes fortunes du monde. C’est une source de plaisir qui, comme les grands vins, ne peut pas se comprendre sur une pratique immédiate et sans histoire. Ça ne se gaspille pas comme un hamburger. Ce n’est pas une tendance facile. Et pourtant, ça continue à se pratiquer pour le bonheur de certains.

Relisez plutôt le Kâma Sutra. Il y a un passage où la femme et le mari se doivent d’être fiers de laisser voir les griffures les plus saignantes laissées par leur amant au cours de leurs ébats de la veille. Ne pas avoir honte de prendre du plaisir fort, animal, violent, charnel, sexuel. Dans ces pages est né le BDSM comme art.

Faire l’amour n’est pas seulement des caresses et des minauderies de chatouilles qui peuvent satisfaire des esprits adolescents peu créatifs. Faire l’amour s’est sentir, faire sentir, ressentir. Toutes les perceptions peuvent y passer et à tous les degrés. Et si c’est jusqu’à la douleur, ce ne sera pas l’acte qui sera dénoncé mais l’intention qui sera appréciée.

À qui confier son intimité ?

Le BDSM est une pratique socialement taboue. Cela d’autant plus qu’elle concerne les moments plus intimes de la vie d’un couple. Il est donc difficile d’y venir, parce qu’il est difficile d’en parler sans être jugé profanateur des valeurs de l’interdit bien pensant. Parce que ce doit être dans le silence que l’on pratique le cri, les mots ne peuvent venir aisément aux initiateurs. Ne jugez pas ceux qui aiment, et pas plus ceux qui aimeraient juste un peu découvrir. Respectez l’intimité, dans ses odeurs, ses bruits, des difformités et ses beautés.

Le BDSM est un monde parallèle et fermé. Certains pourraient s’y épanouir, mais ne savent pas comment entrer dans cette maison sans porte ni fenêtre. Où est le chemin qui mène au donjon s’il vous plaît ?

À qui confier son orgueil que l’on défend toute la journée au bureau, pour demander à se faire humilier ? À qui demander de souiller la douceur de sa peau, pour un plaisir si opposé aux images de joie qui gouvernent nos choix ?

Pour remédier à ces questions intimes et sociales, les services d’une dominatrice peuvent être une recommandation.

Elle vous donne rendez-vous, prend des renseignements sur vous, puis s’occupe de vous, à bon degré, pendant une période désirée, chez elle ou chez vous. Exultant votre sexualité, maîtrisant la sienne, décuplant vos sensations, orchestrant vos orgasmes, et vous quittant d’une parole gracieuse après avoir rangé ses outils dans sa sacoche en cuir.

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Est-ce que le BDSM est sexuel ?

La question mérite d’être posée. La domination n’implique pas pénétration. Les organes génitaux si couramment appelés quand il s’agit de choses taboues, ne sont pas forcément sollicités ici. Il y a d’autres formes de plaisirs sensuels.

Le BDSM est avant tout une confiance donnée à une dominatrice ou un dominateur. Une confiance maintenue malgré la douleur et les séquelles éventuelles. Cette confiance qui peut aller à l’abnégation, devient une forme d’amour qui n’est plus un jeu de goûts en commun, mais la réalité d’un être, corps et âme, offert à un autre. Relisez Histoire d’Ô. La domination est une subsomption sous un autre transcendant. La domination crée des dieux en offrant aux humains la possibilité de fondre dans le chaos.

Bénédicte, qui n’a pas encore tout dit

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