Assa Traoré, portrait d’une battante

Assa Traoré, portrait d'une battante

Le décès récent de l’afro-américain George Floyd, dû à une énième bavure policière, a provoqué dans le monde une vague d’émotion et d’indignation. La France n’est pas en reste et celle qui incarne ce combat depuis maintenant quatre ans se nomme Assa Traore. Portrait d’une sœur devenue icône.

Il est 19h sur le parvis du tribunal de Paris. En ce mardi 2 mars, une voix se démarque du brouhaha ambiant. Cette voix déterminée et guerrière est celle d’Assa Traoré, celle qui a initié ce rassemblement illégal contre les violences policière. Ils seront 80 000 manifestants à la suivre. Ce n’est pourtant pas la première fois qu’elle organise ce genre de rassemblements. Elle se bat depuis quatre ans pour que la mort de son frère soit reconnue comme un meurtre.

Assa Traoré naît à Paris en janvier 1985. Elle grandit parmi ses dix-sept frères et sœurs à Beaumont-sur-Oise. Son père Malien, décède en 1999 dû à ses conditions de travail sur des chantiers d’étanchéité. Pour Assa, la vie continue. Elle donne naissance à trois enfants et devient éducatrice spécialisée à Sarcelle après avoir obtenu son diplôme en 2007. En parallèle, elle crée des vêtements wax dont elle relancera l’activité en 2019 sous le nom de Maison Kaye.

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2016, le début du combat

 Pourtant le 19 juillet 2016, cet équilibre fragile qu’elle avait construit s’effondre. Elle est en voyage en Croatie dans le cadre de son travail lorsqu’un appel va changer à tout jamais le cours de sa vie. Son frère Adama vient d’être déclaré mort après des heures de négociations et de questionnements entre la famille et la police. Il faisait une chaleur étouffante en ce jour de canicule. Adama venait tout juste d’avoir 24 ans et AVAIT D2CID2 de faire un tour en vélo à Beaumont. “Une journée comme une autre, en somme” déclare Assa dans une tribune de l’Obs.

Mais ce dernier croisa la police et n’ayant pas ses papiers d’identité, il décida de prendre la fuite. De là tout s’enchaîna, les policiers réussirent à le retrouver dans un appartement… Et ils pratiquèrent un plaquage ventral, malgré ses plaintes disant qu’il ne pouvait plus respirer. Ce dernier décèdera finalement dans la cour de la Gendarmerie de Persan.

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Un événement tragique, qui en aurait mis plus d’un à terre va pourtant donner une force incommensurable à Assa Traoré. Aussitôt prévenue de l’événement tragique, elle rentre en France. Elle commence dès lors à mettre en place son combat qui deviendra celui de sa vie, allant même jusqu’à abandonner son métier d’éducatrice. C’est une véritable parole contre parole qui va alors s’engager entre la famille Traoré et le gouvernement. Le premier parti maintien que la mort d’Adama est le résultat du plaquage ventral, tandis que l’autre camp soutient la thèse de problèmes de santé antérieurs.

Assa Traoré, portrait d'une battante

Et aujourd’hui?

Durant 4 ans, Assa va donc lutter, en tête de nombreux cortèges non seulement pour son frère, mais aussi pour d’autres victimes françaises de violences policières. Ce printemps 2020, une énième expertise du corps d’Adama avait montré que ce dernier serait décédé d’un œdème cardiogénique, écartant par la même occasion les gendarmes d’une quelconque responsabilité de sa mort. Mais plus récemment, la famille Traoré a prouvé par une expertise privée que Adama serait bien mort d’asphyxie. Assa Traoré n’abandonne pas.

Dans une conférence de presse du comité Adama elle lançait aux journalistes “Le monde d’après [l’épidémie de Covid-19] a commencé le 2 juin, s’il le faut, chaque semaine on sortira dans la rue“. Un combat qui porte ses fruits : deux témoins devraient être entendues d’ici juillet. Des éléments qui pourraient éclaircir et faire basculer l’affaire.

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Cette publication a un commentaire

  1. Jérôme

    Il est bon et noble et nécessaire d’avoir de la compassion, encore faut-il choisir avec soin l’objet de notre compassion, afin de ne pas dégrader cette notion ni de décourager les personnes qui y croient et qui ont foi en la bonté de l’homme. J’avoue que j’en fais partie, et que j’ai encore cette foi-là, malgré tout…

    https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/07/24/un-ex-codetenu-d-adama-traore-qui-l-accusait-d-agressions-sexuelles-indemnise-par-une-commission_6047165_3224.html

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