L’éducation des filles en Afrique subsaharienne

L’éducation des filles en Afrique subsaharienne

Comme le Pakistan, l’Afrique subsaharienne doit régler plusieurs problèmes pour atteindre l’égalité des genres au sein des écoles. Les jeunes filles africaines font également face à des obstacles quant à leur accès à leur droit fondamental : l’éducation. Conflits, religion, pauvreté creusent un large fossé entre les filles et la scolarisation.

La situation des jeunes africaines n’est pas très rassurante. En moyenne, les filles vont 2,82 ans à l’école avant d’avoir 16 ans. C’est moins que partout ailleurs dans le monde. De plus, seules 46% des filles qui s’inscrivent à l’école terminent le cycle primaire. Si rien n’est fait, la parité entre les genres dans l’éducation primaire ne sera atteinte qu’en 2038.

Des innovations mises à mal

Cela semble très contradictoire, puisque cette région d’Afrique disposent d’innovations très prometteuses en matière d’égalité des genres dans l’enseignement. Par exemple, il existe le Forum des Éducatrices Africaines (FAWE), ce qui fait de l’Afrique un réseau actif et dynamique qui œuvre en faveur du changement dans l’éducation des filles. De plus, le projet Beyond Access dispose d’un indicateur afin de mesurer les progrès en terme d’égalité des genres dans l’enseignement (IEGE). L’IEGE prend en considération la présence des filles à l’école primaire, leur achèvement de cinq années de scolarité, leur inscription dans l’enseignement secondaire. Il tient compte également des niveaux d’égalité des genres que les filles rencontreront à l’âge adulte dans les soins de santé et en matière de revenus.

Le Botswana, la Namibie et l’Afrique du Sud, ont aujourd’hui un score IEGE de plus de 60 sur 100. Résultats très honorables, mais le projet Beyond Access estime qu’un score de 95 sur 100 permettrait d’établir que l’égalité des genres serait atteint. Un autre groupe de pays, dont l’Ouganda, la Tanzanie et le Ghana, s’accommodent d’un score IEGE de moins de 60. Cependant, ils ont vu leurs indicateurs progresser au cours des dix dernières années. Cela est dû à une large mobilisation politique et à l’introduction de nouvelles approches d’apprentissage et d’enseignement.

Les obstacles à l’égalité des genres

Alors, quel est le frein à cette égalité ? L’Afrique est avant tout un contient varié, se composant de plus de 50 pays. Certains sont très riches, d’autres dépendent financièrement de pays étrangers. Des guerres civiles sont toujours en cours sur le territoire, tandis que d’autres États proclament la démocratie. Des populations entières détiennent un niveau d’éducation relativement élevé, là où d’autres sont à peine alphabétisées. Le panel d’expériences est divers, ce qui explique la difficile accession à l’égalité des genres à l’école.

C’est ainsi qu’on observe des disparités avec les résultats précédemment évoqués. En Afrique centrale et de l’Ouest, le fossé est très large. En Guinée Bissau, près de 60% des filles s’inscrivent à l’école primaire contre 100% des garçons. Au Mali, les statistiques du pays montrent que les inscriptions ne dépassent pas les 29% chez les filles. On suppose alors que très peu terminent leurs cycles primaires et secondaires.

Au sein d’un même pays, la situation de l’éducation des filles peut fluctuer. Au Mozambique par exemple, les variations sont très importantes. Ceci s’explique pour des raisons culturelles, économiques et géographiques. La religion, l’éloignement des centres urbains, les pratiques matrimoniales, les migrations, les maladies, les impératifs de travail sont diverses raisons qui influent sur les différences de taux d’inscription des filles à l’école au sein d’un même pays. 

De plus, l’Afrique est le continent qui compte le plus de pays en conflit. Les politiques y sont faibles, les institutions peu adaptées et il existe surtout une large violation des droits de l’Homme. Sur 17 pays d’Afrique subsaharienne où le taux d’inscription a chuté, 6 d’entre eux ont connu des conflits armés majeurs, rendant difficile l’accès des filles à l’école.

L’égalité des genres est possible

En somme, tout n’est pas encore perdu pour les jeunes filles qui souhaitent s’instruire. Il suffit que des moyens efficaces soient mis en place, avec la bonne et dure volonté des gouvernements. Il faut permettre au système éducatif de fonctionner pour les garçons et pour les filles. Cette étape est nécessaire, mais insuffisante. Il faut cibler les filles de manière spécifique, c’est-à-dire augmenter le taux d’inscription des filles et les garder à l’école. Une intervention ciblée et un budget adéquat sont nécessaires. Mais une démarche unique ne suffit pas. Si chaque gouvernement de l’Afrique subsaharienne s’engage dans la durée, alors la tendance s’inversera évidemment dans le bon sens.

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