Elections : le féminisme en 2022 est-il plus instrumentalisé ?

Les femmes avec X, le totem de la parité… Comparé à la précédente, les candidats à l’élection présidentielle 2022 s’attachent TOUS (même ceux dont on ne sait qu’ils ne le sont pas) à se revendiquer féministes. Il ne s’agirait pas de remettre en question ces affirmations (quoique ? …) mais de se demander pourquoi ils le font et quels impacts cela aura sur les urnes en avril prochain. Cela traduit un changement important : le féminisme sera l’un des enjeux politiques de cette campagne à venir.  

C’est l’une des victoires des féministes. Elles ont réussi à imposer les problématiques liées à l’égalité entre les femmes et les hommes au cœur du débat politique. Ainsi, Ô Magazine vous propose une série d’articles sur l’impact du féminisme dans l’élection présidentielle de 2022. Mais tout d’abord, revenons sur les causes. Qu’est-ce qui a entraîné ce bouleversement et quelles sont les différences entre l’élection présidentielle de 2017 et la version 2022 ? On vous donne quelques éléments de réponse. 

Première élection depuis #MeToo

Cette élection a tout d’abord une valeur symbolique. En effet, c’est le premier scrutin présidentiel depuis le grand bouleversement entraîné par #MeToo, ainsi que la libération de la parole et de l’écoute des violences sexistes et sexuelles. De plus, les problématiques liées au féminisme ont largement occupé l’espace médiatique ces cinq dernières années. Ainsi, les dernières affaires relatives aux violences sexuelles, comme #BalanceTonPorc, les affaires Polanski, Darmanin, Hulot (etc.) et les actions menées par des associations féministes ont fait l’objet à la fois de discussions pertinentes et stériles. Tout dépend évidemment des interlocuteurs. 

Hormis les polémiques et débats, la prise en compte du prisme du genre a démocratisé une partie de la littérature sur la déconstruction du patriarcat. On parle du genre dans tous les domaines : sport, musique, art, cinéma, sexualité etc. Donc, les individus sont plus informés qu’avant sur ces questions liées au féminisme en 2022 qu’il y a cinq ans.  

Le féminisme = Opportunisme électoral 

Le féminisme est une mine d’or pour les candidats à la présidentielle de 2022 d’un point de vue purement électoral. En effet, plus de la moitié du corps électoral sont des femmes. Aussi, selon un sondage de l’IFOP, 86% des femmes âgées de 18-25 ans trouvent que l’antisexisme est un critère déterminant dans leur vote en avril prochain. Cela leur permet non seulement de capter un nouvel électorat plus visible depuis les évènements de 2017. Mais, cela permet également au candidat de se forger une bonne image auprès de l’opinion publique. Sachant que selon un dernier sondage du CAS, 68% des Français se revendiquent féministes.

Le féminisme est même repris par des formations politiques plus conservatrices, toujours opposées à ces mouvements. Les partis d’extrême droite, par exemple, qui se targuent d’être féministes sans mener de “combat contre les hommes”. Ou certains candidats qui surexposent les jeunes et les femmes lors de sorties publiques pour montrer un semblant d’inclusivité dans son électorat.  

Projet politique : où est le féminisme ? 

Cependant, cette couverture féministe débouche-t-elle réellement sur un programme politique de lutte contre le sexisme ? Ou il s’agit plutôt d’instrumentaliser le sujet à des fins électoralistes ? Placer des femmes derrière les candidats lors des meetings ou encore ériger le totem de la parité pour prouver son féminisme est-il suffisant à long terme ? Une fois les programmes politiques sortis, il serait intéressant de les analyser. Sachant que les branches plus conservatrices, se sont toujours montrées réfractaires aux idées proposées par les féministes. 

De plus, l’excès de communication en ce sens révèle surtout les contradictions des candidats. Sur ce sujet, l’image d’Emmanuel Macron s’en retrouve écornée. En effet, celui qui voulait faire des droits des femmes “la grande cause du quinquennat” ne peut pas faire oublier le maintien de Gérald Darmanin au gouvernement. En 2017, plusieurs plaintes ont été déposé contre lui pour harcèlement sexuel, viol et abus de confiance. Cela permet également de montrer l’état du sexisme dans l’ensemble du paysage politique. Parmi les candidats à la fonction suprême, trois d’entre eux font l’objet d’accusations d’agressions sexuelles. D’où la tribune de parlementaires qui réclame un #MeToo dans le milieu politique. 

A lire également : Pourquoi un #MeTooPolitique est-il nécessaire ?

En conclusion, le mouvement de 2017 a bouleversé drastiquement nos rapports au genre. Les individus semblent plus informés et plus sensibles au féminisme et cela en devient un enjeu majeur Les candidats ont tout intérêt à capter ce public pour l’élection présidentielle de 2022. Quitte à être mis face à ses contradictions.

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